Le CELI de Félix Gauthier: éloge à la paresse (et aux FNB)

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Novembre 2021

Le CELI de Félix Gauthier: éloge à la paresse (et aux FNB)

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Novembre 2021

Par Jean Décary

Félix Gauthier, un résident du Plateau Mont-Royal, a épargné « bon an, mal an » 50% de son salaire. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.

(Illustration: Camille Charbonneau)


Nom: Félix Gauthier

Âge: 38 ans

Profession: guide touristique à la préretraite 

Valeur du CELI: 139 000$

Stratégie: Fonds négociés en Bourse (FNB)

Bon coup: avoir cotisé le montant maximal chaque année depuis 2009

Mauvais coup: avoir négocié des titres individuels sans stratégie claire

Objectif: obtenir une croissance à long terme en prenant peu de décisions

Son conseil à l’investisseur qui commence: c’est plus facile de réduire ses dépenses que d’augmenter ses revenus

 

Si ce résident du Plateau Mont-Royal a pu dire adieu à sa «cage dorée», ou son «travail d’adulte», c’est grâce en partie à son CELI, ouvert dès sa création en 2009, et à ses autres actifs boursiers. «J’ai fait le choix d’être locataire et de maximiser à fond mes investissements en valeur mobilière. Bon an, mal an, j’épargnais 50 % de mon salaire.»

Félix Gauthier ne s’est pas assis sur son obole après son moment «Bye Bye Boss» à tout juste 36 ans. Il a réalisé des contrats de pige en rédaction et terminé une formation de guide touristique à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ). «C’est maintenant mon salaire d’appoint», dit celui qui, selon les standards du mouvement d’indépendance financière FIRE (Financial Independence, Retire Early), serait qualifié de Barista-Fire. «Quoique le terme Coast-Fire s’applique à moi aussi.»

La philosophie derrière ces définitions est similaire: elle prône, par un investissement précoce et agressif, l’atteinte d’une liberté financière partielle offrant plus de latitude professionnelle avant l’âge de 60 ans.

A priori, rien ne destinait ce natif des Pays-d’en-Haut à s’intéresser aux chiffres et à la Bourse. «Je suis un gars de science sociale. J’ai fait un baccalauréat en science po.» Ce sont les conseils des gens du milieu des affaires et de l’administration publique qu’il côtoiera durant sa carrière qui le sensibiliseront aux questions d’argent. Il va aussi accorder un oeil attentif aux préceptes des grands pontes de l’investissement, comme Warren Buffett et Stephen A. Jarislowsky.

Même si, au bout du compte, son parcours financier se révélera tout sauf linéaire. «Au début j’achetais des titres individuels au gré de mes humeurs. Je me sentais comme au casino.» Comme il avait voyagé beaucoup en Amérique du Sud, il s’était intéressé à des actions d’entreprises très visibles là-bas. «J’ai cru que Telefónica (TEF, 4,43 $US) et Banco Santander (SAN, 3,69 $US) seraient des gages de succès.» Les cours de ces titres espagnols vont poireauter, puis décliner. Il les vendra à perte, comme ceux de Bombardier (BBD-B, 2,04 $) et de Stornoway, première mine d’exploitation de diamants au Québec.

Hormis quelques achats qui font chou blanc, le synchronisme de son début en Bourse est optimal, en plein dans la foulée du krach boursier de 2008 et de la crise financière. Il réussit ainsi à obtenir au rabais une kyrielle de titres déprimés qui connaîtront un essor considérable dans le marché haussier; des actions de qualité comme Couche-Tard (ATD-B, 50,23 $), Lassonde (LAS-A, 175,55 $), JP Morgan Chase (JPM, 167,23 $US), Canadien National (CNR, 164,03 $) et quelques grandes banques canadiennes.

Mais un problème opérationnel et stratégique perdure: «Je continuais à appuyer trop vite sur la gâchette.» Il vendait hâtivement ses gagnants et tardait à se départir de ses perdants. Le plaisir des bons coups était pour lui moins intense que la frustration de ses mauvais. «J’avais comme une petite dépendance. Je réfléchissais trop à mon portefeuille.»

Il a comme une épiphanie au détour d’une lecture où il apprend que peu de gestionnaires de portefeuille arrivent à battre les principaux indices boursiers. «Graduellement, de 2010 à 2017, j’ai opéré un virage vers des fonds négociés en Bourse (FNB), un investissement plus passif et à bas frais de gestion*. Mon existence est alors devenue plus sereine. J’ai pu consacrer mon énergie à d’autres choses, comme à mes passe-temps.»

Il laisse la magie des intérêts composés faire tout le travail, sans interférence indue. «Les années 2010 m’ont procuré un rendement spectaculaire.»Sa mesure du succès en Bourse est simple:«calquer le rendement des principaux indices en faisant le moins possible». Ou en faisant quelque chose qui le passionne, comme du vélo, de la photo et des voyages.

 

Dans l’oeil du pro

Ian Gascon, président de Placements Idema, salue le parcours financier de Félix Gauthier et la conversion de son portefeuille vers des FNB. «Il a opté pour la diversification et a bâti quelque chose de relativement simple.»

Il fait remarquer que la construction d’un tel portefeuille nécessite néanmoins une réflexion quant à l’allocation d’actifs. «Quel choix, par exemple, a motivé la sélection d’un FNB d’obligations à court terme, qui ne représente que 9 % du CELI ? Il soupçonne que c’est une opinion sur la direction future des taux d’intérêt.»

«Il y a un risque à prévoir les variations des marchés à court et à moyen terme, tout comme il y avait un risque à sélectionner des titres individuels.»

Ian Gascon juge l’allocation du portefeuille (à 90% en actions) risquée. «Dans l’optique où il est à la préretraite, cela m’envoie un signal d’alarme.» Il souligne que d’ordinaire, la retraite coïncide avec le moment où l’épargnant a accumulé un maximum de patrimoine. «Imaginez qu’un jour, il y ait une correction des marchés, un tel investisseur ne pourrait utiliser de nouveaux revenus pour profiter de la baisse des cours et bonifier son actif.»

Selon lui, sa capacité d’absorber une correction n’est peut-être plus la même qu’il y a une dizaine d’années. «Si les marchés baissent de 30 % à 40 %, il n’y a rien dans ce portefeuille pour atténuer cette baisse.» Il trouve que 39 % du portefeuille dans un FNB qui réplique le S&P 500 est excessif. Il rappelle que cinq entreprises (Facebook, Apple, Amazon, Microsoft et Google) représentent environ 20 % de l’indice. S’il n’aime pas faire de transactions, Ian Gascon croit qu’il pourrait songer à un FNB tout-en-un, le Vanguard Growth ETF Portfolio (VGRO, 32,75 $), par exemple, même s’il ne le juge pas idéal à long terme. «Ça le rapprocherait de son portefeuille actuel, simplifierait sa gestion et en réduirait un peu le risque.»

Au sujet des FNB de titres étrangers (qui totalisent plus de 60 %), il observe que Félix Gauthier a opté pour des fonds sans couverture de la devise. «Je crois qu’à long terme, c’est une très bonne décision en matière de volatilité.»Il se demande cependant si c’est un choix conscient. «Il faut bien comprendre l’importance de nos décisions.»Il estime aussi que de garder peu de liquidité dans le portefeuille est une bonne approche dans un horizon à long terme.

Globalement, il juge que les FNB font bien le travail pour cet investisseur autonome, même si cela reste imparfait. «Dans l’état actuel, son CELI est sous-optimal, car il y a moyen de faire mieux en matière de diversification et d’allocation d’actifs. Il devrait aussi valider sa tolérance au risque.»

*Les ratios de frais de gestion des FNB de Félix Gauthier VFV:0,08 % VCN:0,05 % VEE:0,23 % VIU:0,20 % VSB:0,11 % 

 

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CÉLI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca


Le CELI de Félix Gauthier
(valeur approximative de 139 000$)

Titres Sigle     % du portefeuille
FNB indiciel S&P 500 Vanguard    VFV 39 %
FNB indiciel FTSE Canada Vanguard    VCN 27 %
FNB indiciel FTSE marchés émergents Vanguard  
VEE 13 %
FNB indiciel FTSE marchés développés hors Amérique du Nord Vanguard   
VIU 11 %
FNB indiciel d’obligations canadiennes à court terme Vanguard
VSB 9 %
Espèces 1 %
Total 100 %

 


 

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