Investir pour voir plus clair


Édition de Mars 2024

Investir pour voir plus clair


Édition de Mars 2024

Par Claudine Hébert

L’arrivée des plateformes web ainsi que des lunetteries à bas prix et communautaires ont eu une forte incidence sur les tarifs. (Photo: 123RF)

Prendre soin de notre vue a un coût. Plus on vieillit, plus les dépenses pour s’assurer de voir clair s’accumulent.

À moins d’avoir atteint l’âge vénérable de 65 ans (ou de ne pas avoir franchi celui de 18 ans), il faut payer pour passer un examen de la vue chez l’optométriste. Un examen dont la fréquence est recommandée aux deux ans.

Bien que la liste de prix suggérés aux quelque 1400 membres de l’Association des optométristes du Québec (AOQ) propose un montant de 135 $ pour l’examen, certaines cliniques peuvent exiger aussi peu que 90 $ pour cette procédure, reconnaît le président de l’AOQ, Guillaume Fortin.

L’écart, dit-il, s’explique, entre autres, par différents facteurs, dont le territoire où se trouve la clinique, le coût du loyer, les salaires et les équipements sur place. Ces mêmes facteurs vont d’ailleurs influer sur le coût des autres tests (dilatation de la rétine, pachymétrie, gonioscopie…) servant à détecter diverses maladies de l’œil. Des tests qui, à moins d’avis contraire, ne sont pas couverts par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) lors de la visite chez l’optométriste.

 

Photographie du fond d’œil

Parmi ces soins, la photographie du fond d’œil, qui coûte entre 40 $ et 70 $ selon les endroits, est l’un des tests les plus régulièrement suggérés aux patients, explique l’optométriste Fortin. Introduite depuis plus de dix ans dans les cliniques d’optométrie, cette procédure permet de détecter certaines maladies de la rétine. Cette technique d’imagerie est d’ailleurs fortement recommandée aux personnes diabétiques et à celles qui présentent des antécédents familiaux en matière de glaucome et de dégénérescence maculaire, mentionne-t-il.

Cette procédure peut aussi révéler d’autres situations critiques. Ainsi, c’est grâce à une photographie du fond d’œil qu’Alec P. a découvert, en 2014, qu’il avait un méningiome cérébelleux de la grosseur d’une orange sur le côté droit de son cerveau. « J’étais pourtant allé chez l’optométriste seulement pour changer de monture de lunettes », raconte ce jeune quinquagénaire. Certes, il s’agissait d’une tumeur bénigne, mais cette dernière a tout de même nécessité une opération d’urgence six jours après son examen de la vue.

 

Lunettes à tous les prix

En général, il faut s’attendre à payer 500 $, 1000 $, voire plus de 1500 $ (c’est le cas des montures griffées) pour une paire de lunettes avec verres de prescription vendue dans les cliniques d’optométrie.

Or, depuis une quinzaine d’années, l’arrivée des plateformes web ainsi que des lunetteries à bas prix et communautaires ont eu une forte incidence sur ces tarifs. « Il est désormais possible de trouver de très belles lunettes avec verres de prescription pour moins de 100 $ la paire. Il en coûtera un peu plus du double s’il s’agit de modèles dotés de verres progressifs », soutient Philippe Rochette, propriétaire fondateur de Bonhomme à lunettes. Non seulement cette entreprise vend des lunettes à prix plus qu’abordables, elle verse une partie de ses profits à près d’une centaine d’organismes communautaires depuis sa création, en 2007.

Ces nouveaux joueurs ont d’ailleurs incité la grande majorité des cliniques à offrir des montures pour tous les budgets.

Comment expliquer de tels écarts de prix ? Les lunettes sont les seules orthèses dans le marché de la santé qui ont un côté mode. « Du coup, les prix peuvent être aussi variables que ceux d’un sac à main », concède le président de l’AOQ.

En fait, le nom de la monture, le type de verre (verres progressifs, antifatigue, freination de la myopie, traitement photochromique, protection contre la lumière bleue...), le choix des fournisseurs utilisés par le professionnel, la complexité de la prescription ainsi que le modèle d’affaires de l’entreprise vont constituer les principaux facteurs qui influeront sur la facture à la hausse ou à la baisse. « Sans oublier la perpétuelle course à l’innovation et à la nouveauté », renchérit Philippe Rochette.

 

Lentilles cornéennes

Le prix pour des verres de contact peut facilement osciller entre 200 $ et 1000 $ la paire. Si nos yeux présentent une myopie de -2, on peut obtenir ce type de lentilles dites jetables pour moins de 300 $ la paire par année. « Sinon, dès que la lentille nécessite davantage de correction et des applications sur mesure, la note annuelle peut frôler les 1000 $, et même de 200 $ à 500 $ de plus s’il s’agit de modèles de lentilles rigides », avertit l’optométriste Guillaume Fortin.

 

La chirurgie réfractive

Depuis une trentaine d’années, certaines cliniques d’ophtalmologie proposent des chirurgies réfractives au laser afin de corriger notre vue. Fini, les lunettes et les verres de contact, soutiennent-elles, tout en annonçant que l’opération coûte parfois moins de 500 $ par œil. Or, dans les coulisses, on entend que la facture se limite rarement à ce prix d’appel. En fait, cette intervention qui relève de l’esthétique (donc non couverte par la RAMQ) se rapproche davantage d’un montant s’échelonnant de 1500 $ à 3000 $ par œil.

Bien que cette opération (s’il n’y a pas de complication) règle effectivement la question du port des lunettes, notre vue recommence à baisser lors de la quarantaine. Autrement dit, la promesse de ne plus avoir à porter de lunettes en prend pour son rhume.

 

Problèmes de cataractes

Une autre chirurgie fort populaire dans les cliniques d’ophtalmologie de la province est celle qui consiste à corriger les problèmes de cataractes. Annuellement, la RAMQ recense plus ou moins 110 000 interventions de ce type, qui consiste à enlever le cristallin et à le remplacer par une lentille artificielle afin de rétablir la vision.

D’emblée, l’extraction de la cataracte est sans frais. « Depuis janvier 2017, le gouvernement couvre le montant d’une chirurgie pour une lentille monofocale », soulève le président de l’Association des médecins ophtalmologistes du Québec (AMOQ), Salim Lahoud. Mais attention, avise-t-il. « Dès que le patient souhaite bénéficier d’une lentille de spécialité pour corriger, par exemple, sa presbytie, son astigmatisme ou d’autres problèmes oculaires, le coût des tests qui s’y rattachent, les manœuvres réfractives, y compris le coût de la lentille, sont à la charge du patient », fait-il savoir.

C’est ici que le compteur se met en marche. Selon le type de lentille privilégiée par le client, le coût de cette dernière peut varier de 300 $ à 1200 $. « Ce qui est tout à fait inacceptable, c’est qu’il y a actuellement des cliniques médicales spécialisées qui vendent aux patients une même lentille à des prix plus élevés qu’en milieu hospitalier », s’indigne le président de l’AMOQ.

Au coût de la lentille de spécialité s’ajoutent ceux qui sont liés aux divers tests préopératoires (tomographie de l’œil, topographie, aberrométrie…) qui vont généralement gonfler la facture de 200 $ à 500 $. « Au final, le patient peut s’attendre à payer de 1500 $ à 1700 $ pour chaque œil », explique le Dr Lahoud. À ce propos, insiste le médecin spécialiste, chaque clinique établit ses propres tarifs selon ses réalités. Des tarifs, dit-il, qui doivent être clairement affichés à l’intérieur de la clinique.

En somme, conclut l’ophtalmologiste, si la chirurgie est réalisée dans une des cliniques d’ophtalmologie du Québec affiliées au réseau de la santé, la facture totale ne devrait pas dépasser 2000 $ par œil. Autrement, le patient a intérêt à poser des questions… et, si possible, à consulter un autre professionnel.

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