Gérer son eau en mode privé… à prix d’or!


Édition de Mars 2022

Gérer son eau en mode privé… à prix d’or!


Édition de Mars 2022

Par Claudine Hébert

La facture d'un puits artésien fluctue généralement en fonction de l’accès au terrain et de la profondeur du puits. (Photo: 123RF)

GROSSE DÉPENSE. Qui dit vivre en dehors des villes et des villages dit aussi habiter à l’écart d’un réseau d’égouts et d’aqueduc. Par conséquent, la responsabilité et les coûts liés à la gestion de l’eau vous incombent.

Fosse septique, champ d’épuration ou encore puits artésien ne figurent pas parmi les sujets les plus sexys lorsqu’on évoque l’idée d’aller s’établir à la campagne. Pourtant, ces équipements souterrains sont indispensables pour prendre une douche, utiliser une laveuse, un lave-vaisselle ou simplement se verser un verre d’eau en ouvrant le robinet. Sans compter que la facture pour bénéficier de cette eau courante ainsi qu’un système septique permettant de disposer des eaux usées selon les normes environnementales en vigueur peut aisément coûter 10 000 $, 30 000 $ et dans certains cas jusqu’à 80 000 $.

 

Choisir la bonne fosse septique

«Afin de déterminer le choix du système septique approprié, une caractérisation des sols effectuée par un professionnel en assainissement des eaux — membre d’un ordre professionnel —, est requise», signale Stéphane Boily, spécialiste en installation septique à Saguenay.

Ce service, qui vaut entre 750 $ et 1 250 $, a pour but de produire un plan d’implantation conforme avec la réglementation en vigueur au sein de la municipalité. «À moins que la ville n’impose un type de système pour des zones données, cet exercice, insiste le technologue Boily, est obligatoire afin d’obtenir un éventuel permis de construction.»

Après l’analyse des sols, le professionnel est en mesure de recommander une des quatre catégories de systèmes septiques utilisés au Québec. Pourvu que la qualité du sol récepteur le permette, les propriétés isolées de trois chambres à coucher pourront se doter d’une installation septique standard. «Ce système d’épuration nécessite un investissement d’au moins 6 000 $ à 10 000 $», estime Stéphane Boily. Ce montant, précise-t-il, fluctue selon les coûts d’excavation, la composition du système (béton, fibre de verre ou polyéthylène) ainsi que la taille de la fosse et du caisson d’épuration utilisé.

 

Les formules avancées

Dès que le sol est peu percolant, que la nappe phréatique est élevée ou encore qu’une source d’eau est située à proximité de l’habitation, un système septique plus évolué devra être privilégié. Parmi les solutions non standards, la plus abordable demeure l’installation dite «secondaire avancée». Ce système inclut notamment les frais d’excavation, une fosse septique et un caisson d’épuration ainsi qu’un champ de polissage. Son coût oscille entre 12 000 $ et 15 000 $, avance Stéphane Boily. «Plusieurs municipalités situées près d’une importante prise d’eau vont, pour leur part, exiger l’installation d’un système septique tertiaire, dont le caisson de décantation est équipé d’une technologie avec lampes UV», avise le technologue en assainissement des eaux. Si tel est le cas, la facture septique vient de grimper à 18 000 $, voire à 20 000 $.

Les propriétaires dont le terrain côtoie un écosystème sensible ou qui prévoit la construction de grands domaines risquent de devoir opter pour le plus cher des systèmes: l’arsenal de déphosphatation. Déjà que cette technologie d’électrocoagulation, composée de réacteurs, peut aisément amputer un portefeuille de 35 000 $, des frais d’entretien annuels d’au moins 1 500 $ à 2 000 $ s’ajoutent au compteur, indique le technologue Boily.

 

Magasiner son puits

Tout comme le système septique, les solutions d’approvisionnement en eau potable affichent, elles aussi, un vaste écart de prix. Cette fois-ci, la fourchette démarre à 3 500 $ et peut atteindre 50 000 $.

La plus abordable des formules se révèle être le puits de surface. Cette installation, qui nécessite des frais d’excavation, quelques tuiles de béton, de la pierre et l’installation d’une pompe, représente habituellement un investissement de 3 500 $ à 8 000 $, partage Sylvain Beaudoin, propriétaire de Pompes et forages Villemaire, à Saint-Alexis, dans Lanaudière.

Ce foreur agit également comme président de l’Association des entrepreneurs en forage du Québec (AEFQ), qui regroupe plus d’une quarantaine d’entreprises un peu partout en province.

Toutefois, note-t-il, le puits de surface est plus sujet à des risques de pollution des sols, notamment lors de la fonte des neiges et de fortes pluies, ainsi qu’aux changements climatiques. Des centaines de propriétaires ont d’ailleurs vu leur puits s’assécher l’été dernier. «C’est pour cette raison que la plupart des villes et des municipalités vont privilégier l’utilisation d’un puits artésien, une formule qui permet aux propriétaires des lieux d’accéder à une profonde nappe d’eau captive», explique l’entrepreneur Beaudoin, qui fore été comme hiver.

 

Plus c’est profond, plus ça coûte cher

En 2021, la facture d’un puits artésien oscillait entre 10 000 $ et 25 000 $, fait savoir Alexandre Samson, propriétaire de l’entreprise de forage Samson et frères, dans Chaudière-Appalaches. Le coût de ces travaux fluctue généralement en fonction de l’accès au terrain et de la profondeur du puits. «Des augmentations majeures du prix de certains matériaux, celui des tuyaux d’acier, par exemple, qui a bondi de plus 80 % en un an, ont également majoré les factures», ajoute-t-il.

D’une entreprise à l’autre, les travaux de forage vont se situer autour de 30 $ le pied linéaire, enchaîne Alexandre Samson. Les «chanceux» s’en tireront avec un puits d’une profondeur de 100 à 200 pieds pour atteindre une veine d’eau dont le débit suffira à approvisionner la consommation de leur résidence. «Il arrive néanmoins que le forage excède les 300, 400 voire les 500 pieds de profondeur», avertit l’entrepreneur Samson. Dans certains cas, ajoute-t-il, des travaux d’hydrofracturation seront même requis (un ajout de 2 500 $ à 3 000 $) pour obtenir un débit d’eau suffisant.

Outre les tuyaux d’acier, les soudures, la collerette si nécessaire, la pompe submersible et le réservoir intérieur, des frais d’installation se greffent à la facture. Une analyse de l’eau en laboratoire est généralement incluse dans les coûts.

Notez qu’aucun puisatier, qu’il soit artésien ou de surface, ne peut prévoir la profondeur nécessaire ainsi que le débit de l’eau qui en jaillira. «Bien que notre industrie puisse bénéficier de certains indices — notamment les données du Système d’information hydrogéologique du Québec, qui réunit plusieurs statistiques sur les puits forés depuis 1967 au Québec —, chaque forage de puits réserve son lot de surprises», avise le président de l’AEFQ, Sylvain Beaudoin.

 

De l’eau potable svp!

La qualité de l’eau du puits est justement un de ces facteurs que l’on découvre après le forage. Il est fort possible que l’eau contienne du fer, du soufre ou encore des coliformes non fécaux. «Selon les régions, les propriétaires de puits artésien auront besoin d’un système de traitement d’eau. Dans le meilleur des cas, un système d’affinage qui nettoie, adoucit et purifie l’eau coûtera autour de 2500 $ à 4000 $, installation comprise», indique Sylvain Beaudoin. Mais si l’eau est dure, salée ou encore gazeuse, une technologie à osmose risque de s’imposer comme solution. Un renfort qui gonflera l’investissement d’au moins 15 000 $ à 20 000 $ pour l’approvisionnement en eau.

 

Et tous les autres frais

Enfin, d’autres frais connexes sont aussi à prévoir. Le système septique devra être vidangé tous les 12 ou 24 mois, selon ce que prévoit le règlement municipal. Cette facture récurrente avoisine les 200$. La facture énergétique absorbera, elle aussi, quelques dizaines de dollars pour assurer le fonctionnement de ces appareils.

À ce propos, puisque la gestion de l’eau en mode privé implique l’usage d’équipements électriques, ne serait-ce que la pompe submersible, il serait bien de prévoir l’achat d’une génératrice à puissance élevée en cas de panne. Un autre investissement d’au moins 2000 $. 

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