Une expansion rapide pour la Microbrasserie Archibald

Publié le 23/04/2015 à 10:48

Une expansion rapide pour la Microbrasserie Archibald

Publié le 23/04/2015 à 10:48

« Le goût des conquêtes », clame le slogan de la Microbrasserie Archibald de Québec. En effet, la PME semble cultiver ce goût. Son expansion dans le domaine de la restauration a été rapide, alors que simultanément, elle s'est attaquée avec succès au marché de la vente de bières en épicerie.

Depuis la création de son premier restaurant à Lac Beauport en 2005, la PME a ouvert trois autres succursales, soit une à Sainte-Foy, une à Trois-Rivières et une autre à l'aéroport de Montréal. Mais surtout, ses différentes bières, telles que la Chipie, la Matante et la Joufflue, se trouvent maintenant dans près de 1400 points de ventes à travers le Québec. Cette croissance spectaculaire ne s'est pas faite sans financement extérieur.

Le jour même de son entrevue téléphonique avec Les Affaires, François Nolin, président de la microbrasserie, venait de signer chez le notaire une nouvelle entente pour un prêt conventionnel de 650 000$, accordé conjointement par Desjardins et Investissement Québec. Cette somme lui permettra d'acheter de nouveaux équipements. C'est la troisième fois que ces deux institutions se mettent ensemble pour lui accorder du financement.

Le saut dans la vente au détail

Le premier élan a été donné en 2009. Depuis sa fondation, la microbrasserie vendait 95 % de ses boissons à l'intérieur même de son restaurant de Lac Beauport. Après quatre ans de services, l'entreprise voulait faire le saut dans la vente au détail. Forte de son image de marque, elle désirait innover et vendre des canettes de 473 ml estampillées de son logo.

Pour prendre un tel virage, du financement était nécessaire afin de se doter d'une nouvelle bâtisse, de camions, d'un nouvel équipement pour brasser et mettre le produit en canette, ainsi que du matériel pour la distribution. Le directeur de compte de l’entreprise à la caisse Desjardins de Limoilou l'a orienté vers Investissement Québec. Un projet a été monté, puis soumis. Le solide plan d'affaires a favorablement impressionné ses interlocuteurs.

« L'élément le plus convaincant dans le projet a été l'audace des principaux actionnaires de créer un produit distinctif, qui nous permettait de penser qu'ils allaient vers une niche spécifique pour attirer une clientèle », explique Claudine Boucher, directrice principale du centre Desjardins Entreprise Québec-Capitale.  La bière artisanale, à ce moment-là, n'était pas aussi bien représentée qu'aujourd'hui. Le fait d'être en canette, c'était aussi quelque chose qui donnait un engouement additionnel au produit .»

Selon François Nolin, plusieurs institutions financières demeurent frileuses devant des entreprises du secteur de la restauration. À Investissement Québec, « ils ont compris que notre business, oui à la base c'était de la restauration, mais qu’on s’en allait vers de la vente au détail », dit-il. Investissement Québec est venu partager le risque avec Desjardins en offrant une garantie de prêt. Au total, la microbrasserie s'est ainsi vu octroyer un prêt d'un million de dollars. La PME paie les intérêts à Investissement Québec.

Passer de 5 à 200 points de vente

Les canettes de La Chipie, de la Matante et de la Joufflue se sont répandues dans les supermarchés. Mais le succès fulgurant des ventes a entraîné rapidement de nouveaux besoins pour poursuivre la croissance entamée. Alors qu'elle fournissait moins de cinq points de vente en bière, l'entreprise s'est retrouvée en quelques mois à en approvisionner près de 200.

De plus, la microbrasserie a ouvert en 2011 un deuxième restaurant de 8 000 pieds carrés et de 250 places à Sainte-Foy. La consommation de ses bières dans les restaurants se multipliait ainsi par trois. L'image de marque en a été renforcée, ce qui a augmenté les ventes en épiceries.

Les deux petites usines de transformation ne suffisaient plus à la demande « Cela a créé une double pression sur nos petites installations », dit François Nolin. « Si ce projet-là n'avait pas eu lieu, on aurait eu une croissance beaucoup plus prévisible et lente. Ça nous a comme projetés en avant de façon surprenante et très rapide », décrit M. Nolin.

Mais l'entrepreneur n'était pas pris au dépourvu. Il avait prévu cette accélération des activités. Dès qu'il a commencé à envisager le deuxième restaurant, il a pris conscience qu'il serait serré dans sa production et il a analysé le besoin d'une nouvelle usine. Il a commencé par chercher un local et un terrain. Il a de nouveau approché Desjardins et Investissement Québec pour financer sa nouvelle usine à St-Émile.

Une fois de plus, les deux institutions ont embarqué dans sa démarche en 2012. Le prêt avoisinait cette fois-ci les 3 millions$ et Investissement Québec accordait de nouveau une garantie de prêt. « C'était beaucoup plus facile la deuxième fois », assure François Nolin. « Par contre, la bouchée était grosse ».

« Si on a poursuivi à ce moment-là - et qu'on poursuit encore avec eux aujourd'hui – c'est parce que ces gens ont une vision très claire et leurs actions nous permettent de nous rassurer sur le maintien de cette vision et l'atteinte de leur cible », commente Claudine Boucher. « Quand on donne du financement, on ne regarde pas seulement les chiffres, mais aussi les gens derrière, le marketing, les valeurs corporatives. C'est tout ça qui doit être bien ficelé pour nous permettre de dire que lorsqu'il y a un écart d'un côté, la force du reste va recentrer le tout par la suite ».

Un investisseur direct

Aujourd'hui, au moment où la microbrasserie manque de nouveau d'équipements pour produire en quantité suffisante sa bière de plus en plus populaire, les deux institutions ont fourni ensemble un prêt de 650 000$, mais Investissement Québec agit cette fois-ci comme investisseur direct.

« L'institution financière trouvait peut-être que son niveau de risque était atteint et assez élevé avec l'entreprise dans la structure actuelle », explique Luc Régnier, directeur régional Nord-Est du Québec chez Investissement Québec. « Nous on a dit : « c'est bon. On va le faire en prêt direct pour augmenter sa capacité de production, entre autres dans les barriques et la chaîne de montage pour mettre la bière en canette ».

La relation de confiance tissée graduellement avec Investissement Québec au fil des années rapporte donc aujourd'hui à la microbrasserie Archibald. « Je pense que la clé du succès, c'est de dire ce qu'on va faire, et ensuite de faire ce qu'on avait dit qu'on allait faire. On n'a jamais fait de demande pour des projets qui n'avaient aucun sens. C'est beaucoup plus facile quand ton projet est bien monté ».

Mettre les investisseurs en concurrence

Entre 2012 et aujourd'hui. La PME a tout de même fait affaire, toujours dans le cadre de sa croissance, avec une autre institution financière: la Banque Royale. Pourquoi ? Car cette institution financière semblait davantage répondre à son besoin pour une plus petite phase de la croissance. Elle lui offrait des produits financiers qui lui apparaissaient plus simples et plus souples pour ce dont il avait besoin, en l'occurrence du crédit-bail, soit du financement à la location pour des équipements industriels de fabrication. « Investissement Québec et Desjardins, c'est intéressant pour de plus gros projets », dit-il. « Pour la taille de ce projet, c'était plus rentable, plus facile et moins de frais d'y aller avec la Banque Royale ».

Une fois que le train est sur les rails et que l'entreprise inspire confiance, il peut être intéressant de mettre les institutions bancaires en compétition pour obtenir les meilleurs produits financiers ou taux d'intérêt. « Ils savent que quand tu vas vouloir un autre financement tu peux aller voir ton autre institution financière ».

Croissance dans la restauration

En parallèle à sa croissance dans la vente au détail, la microbrasserie Archibald a poursuivi son expansion dans la restauration. En 2013, la PME a fait un investissement de 1,5 million de dollars dans l'ouverture d'une succursale de 5300 pieds carrés et de 194 places dans l'aéroport Pierre-Elliot Trudeau.Mme Boucher explique que la distinction du produit, dans ce cas-ci l'ambiance créée dans les restaurants, les a une fois de plus rassurés.

En 2014, la microbrasserie a investi 2,3 M$ dans un quatrième établissement de 240 places à Trois-Rivières, dans un nouveau bâtiment de la rue Bellefeuille. Pour chaque nouveau restaurant, la PME est allée chercher un prêt conventionnel auprès de Desjardins seulement. « On a négocié serré, affirme le pdg. On voit que dans le domaine de la restauration, il y a un resserrement des normes de crédit présentement », notamment en ce qui concerne le ratio d'endettement.

Pour le dirigeant, le fait qu'il ait réussi à égaliser ou à surpasser le chiffre d'affaires qu'il avait anticipé lors de ses discussions pour du financement l'a aidé pour convaincre par la suite l'institution financière. « C'est grâce à ça qu'on est maintenant capable de financer nos projets de restauration d'une façon beaucoup plus facile, parce qu'on a un historique, même dans ce domaine qui est un secteur très difficile ».

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