Lancement d'un appel d'offres: le projet du train à grande fréquence se concrétise


Édition du 11 Octobre 2023

Lancement d'un appel d'offres: le projet du train à grande fréquence se concrétise


Édition du 11 Octobre 2023

Par Claudine Hébert

À propos de grande vitesse, c’est l’option que favorise très ouvertement l’entreprise Alstom, qui souhaite participer à la création d’un lien Montréal-Toronto en moins de trois heures. (Photo: 123RF)

Il faudra sans doute patienter encore dix ans pour assister à la création d’un réseau de train à grande fréquence (TGF) entre Québec et Toronto. Mais, prix de consolation, la machine entourant ce projet, qui prévoit des arrêts à Trois-Rivières, Montréal, Peterborough (et peut-être même Laval) commence à prendre forme.

Le 13 octobre, le gouvernement canadien a lancé un appel d’offres auprès des trois consortiums déjà préqualifiés pour la réalisation d’un tracé de plus de 1000 km qui sépare les deux capitales provinciales. «Le nom du consortium sélectionné sera annoncé d’ici l’automne 2024», signale le porte-parole de VIA TGF, Benoit Bourdeau.

 

Un lien rapide entre Montréal et Toronto

Mentionnons que VIA TGF, que dirige Martin Imbleau (anciennement du Port de Montréal), a été mis sur pied en décembre dernier par le ministère des Transports du Canada. Il s’agit d’une filiale en propriété exclusive qui fonctionne indépendamment de VIA Rail, insiste Benoit Bourdeau. Son objectif est de mettre en place un système ferroviaire qui relierait les centres-villes de Montréal et de Toronto en moins de cinq heures. Actuellement, le même trajet prend plus de six heures, particulièrement en raison des arrêts sur le réseau afin de céder le passage aux trains de marchandises qui empruntent les mêmes voies.

«Pour l’instant, le tracé envisagé passerait au nord du fleuve Saint-Laurent. Mais nous sommes ouverts à toutes les propositions. Y compris les plus ambitieuses qui pourraient inclure des sections à très grande vitesse sur certaines parties du parcours», partage Benoit Bourdeau.

 

Pourquoi pas un TGV?

À propos de grande vitesse, c’est l’option que favorise très ouvertement l’entreprise Alstom, qui souhaite participer à la création d’un lien Montréal-Toronto en moins de trois heures. «On sait d’ores et déjà que le TGF sera opéré sur une voie dédiée et électrifiée. Or, ce sont les éléments de base d’un réseau TGV», fait remarquer son vice-président aux affaires publiques Canada, Olivier Marcil.

Le gestionnaire soutient que ce sont les liens ferroviaires à grande vitesse qui ont un réel effet sur les choix de transports des usagers. «On n’a qu’à prendre l’exemple de Paris-Lyon», soutient-il. Avant l’arrivée du TGV, le train détenait moins de 50% des parts du marché pour cette liaison par rapport à l’avion. «Depuis qu’un TGV relie les deux grandes villes françaises en moins de deux heures, le transport ferroviaire détient 95% des parts. Et ce bond, insiste-t-il, est survenu bien avant l’arrivée de la loi française interdisant les vols commerciaux pour les distances de moins de trois heures.»

 

Un leader mondial très impliqué au Québec

En attendant les développements entourant l’éventuel chantier VIA TGF, la société Alstom consolide son rôle de partenaire de référence du Canada en matière de mobilité. L’entreprise, dont le siège social pour l’Amérique se situe à Saint-Bruno-de Montarville, s’invite déjà dans les principaux grands chantiers de transport collectif de la province. À commencer par le REM. Membre du consortium créé avec SNC-Lavalin (Groupe des partenaires pour la mobilité des Montréalais), Alstom a fourni les 212 voitures de métro de type Metropolis. Évalué à 2,8 milliards de dollars (G$), ce contrat implique également la signalisation ainsi que les services d’exploitation et de maintenance, fait savoir Olivier Marcil.

Aujourd’hui, Alstom emploie plus de 1800 personnes dans la belle province. C’est 1400 employés de plus qu’il y a cinq ans. Il faut dire qu’en 2021, Alstom a fait l’acquisition des activités de Bombardier Transport, ce qui a augmenté considérablement son personnel. En 2022, l’entreprise a ouvert un centre d’expertise mondial d’innovations vertes à Saint-Bruno-de-Montarville. Menée par Éric Rondeau, cette équipe a pour mandat de développer les futures plateformes à propulsion hybride, à batterie ou à l’hydrogène, à faible ou à zéro émission, mentionne le gestionnaire.

Une de ces innovations est justement l’essai du tout premier train à hydrogène d’Amérique du Nord, note-t-il. Au cours de l’été 2023, le train de Charlevoix a servi de vitrine à cette grande première, soulève Olivier Marcil. «Plus de trente délégations provenant de plusieurs villes, provinces et États nord-américains sont venues voir et tester cette technologie. Le train à hydrogène peut considérablement aider à décarboner la mobilité en Amérique du Nord sur les lignes non électrifiées du réseau ferroviaire nord-américain. Actuellement, seulement 1% de l’ensemble des quelque 300 000 km du réseau est électrifié», indique le gestionnaire d’Alstom.

 

En avant, le tramway!

Enfin, devenue le leader mondial de la mobilité durable et intelligente (désormais tous les trains fabriqués par Alstom relèvent d’une propulsion électrique), l’entreprise s’inscrit également parmi les joueurs invités à la création du tramway de Québec. En avril dernier, la Ville de Québec a accordé à la société de transport le contrat de fabrication des rames de la future infrastructure. L’entente prévoit la construction de 34 rames de type Citadis, dont cinq en option, qui pourront chacune accueillir 272 passagers. Le contrat inclut la conception, la fourniture et l’entretien sur 30 ans. Alstom prévoit que le début de l’assemblage du tramway aura lieu au printemps 2025 à ses installations de La Pocatière. Les premières rames devraient être livrées dès 2027.

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