Camions Dynatek et l’art de se réinventer

Publié le 19/11/2023 à 13:30

Camions Dynatek et l’art de se réinventer

Publié le 19/11/2023 à 13:30

Par Dominique Talbot

« Pour être bien honnête, depuis qu’on ne fait plus de camions, dit Guillaume Moreau, cofondateur de Camions Dynatek, l’entreprise est beaucoup plus rentable. » (Photo: courtoisie)

FOCUS RÉGIONAL CENTRE-DU-QUÉBEC. Quand Guillaume Moreau et son associé ont lancé leur entreprise, Camions Dynatek, en 2019, ils étaient préparés à bien des scénarios, mais pas à celui de fermer leurs portes après seulement six mois en raison d’une certaine pandémie. Et encore moins de changer complètement leur modèle d’affaires.

Toutefois, maintenant, « les affaires vont bien », dit le vice-président de Camions Dynatek. « La première année, nous avons fait un chiffre d’affaires de 650 000 $, mais nous avons perdu de l’argent. La deuxième année, nous avons été profitables avec un chiffre d’affaires de 1,2 million de dollars (M$). L’année dernière, on a fait 1,5 M$ et cette année, 1,8 M$. » 

Si l’entreprise porte le nom de « camions », c’est qu’au début, l’objectif était de concevoir et de fabriquer des plateformes pour les camions lourds. « Mais depuis la COVID, des véhicules lourds, il n’y en a presque plus qui arrivent. Alors on a eu à se réinventer rapidement. » 

Par exemple, l’année dernière, Guillaume Moreau a vendu de l’équipement au mois de mai pour un camion qu’il devait recevoir avant les vacances. « Il est arrivé il y a trois semaines, déplore-t-il. Pendant ce temps, l’équipement est fabriqué, il est dans le fond de la cour, il rouille. On ne mentira pas, on n’a pas de plaisir à faire de l’équipement de camions. » 

Cela, c’est sans parler du coût de ces camions qui a largement augmenté. Il est arrivé à Guillaume Moreau qu’un client constate que le prix de son camion avait augmenté de 20 000 $ à la livraison en raison de tous les bouleversements de la chaîne d’approvisionnement. Résultat, le client a annulé son achat, même si Camions Dynatek avait déjà construit sa plateforme. Il a donc fallu que Guillaume Moreau « parte à la chasse » pour rencontrer des clients potentiels qui pouvaient avoir le même type de besoin. « On essayait de leur vendre l’équipement. Mais il fallait revoir le prix, la durée de la garantie, etc. »

 

Au revoir les camions 

A-t-il eu envie d’abandonner ? « Non ! Ce n’est pas dans ma personnalité, exprime le dirigeant. Par contre, nous nous sommes posé une question. Est-ce que nous continuons de faire des camions, ou pas ? » 

La réponse a été non. Camions Dynatek a ainsi lancé une division de sous-traitance. « On reçoit différents contrats d’entreprises des secteurs minier et forestier. Pour le moment, 80 % de ma main-d’œuvre travaille pour cette division. » Celle-ci fabrique des godets pour pelles mécaniques (« buckets »), des convoyeurs pour les usines à bois ou des portes pour les remorques dompeurs. 

L’entreprise s’est surtout lancée dans la fabrication d’un produit beaucoup plus niché : des plateformes à réservoirs plats pour des camions de forage. « C’est un produit de notre conception. Nous sommes les seuls à faire ça au Canada », lance Guillaume Moreau. Si, au début, il ne voyait pas tellement le potentiel de ces réservoirs, la demande, elle, ne cesse d’augmenter. « À l’origine, on prévoyait en vendre un tous les deux ans. Mais nous en avons vendu quatre l’année dernière et nous en avons cinq qui sont pratiquement vendus l’année prochaine. » 

Ce succès inattendu fait en sorte qu’encore une fois pour l’entreprise, les perspectives de marchés doivent changer. Et pour le mieux. « On ne savait pas trop où cela nous mènerait, mais au Québec, nous sommes maintenant de plus en plus connus. L’idée, c’est de pousser vers l’ouest et partout au Canada avec ce produit-là. Nous en sommes capables et il y a un marché pour ça. » 

Maintenant que l’entreprise a son produit exclusif, elle cherche un autre produit avec lequel elle pourra faire un plus grand volume de production. Afin, peut-être, d’arrêter de faire de la sous-traitance et de continuer à embaucher du personnel. « On est rendus à dix employés, et on en cherche toujours. J’aimerais monter à 12, 15 employés », confie Guillaume Moreau.

Pour y arriver, il a déposé une intention d’achat — encore confidentielle — pour une autre entreprise. Ce qu’il peut dire, c’est que « c’est pour un produit en acier, avec de l’hydraulique, de l’électricité. Ce sont nos critères pour le moment ». 

Si le projet se concrétise, son entreprise pourrait bien devoir déménager dans une usine plus grande. Un projet de construction est d’ailleurs dans les cartons d’ici deux ans. Tranquillement, Camions Dynatek pourrait bien devenir… seulement Dynatek. 

Comme quoi après la tempête, vient toujours le beau temps. « Pour être bien honnête, depuis qu’on ne fait plus de camions, dit Guillaume Moreau, l’entreprise est beaucoup plus rentable. »

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