L'actif de la Caisse de dépôt et placement du Québec en hausse de 32 milliards de dollars

Publié le 22/02/2024 à 11:06, mis à jour le 22/02/2024 à 13:57

L'actif de la Caisse de dépôt et placement du Québec en hausse de 32 milliards de dollars

Publié le 22/02/2024 à 11:06, mis à jour le 22/02/2024 à 13:57

Par Dominique Talbot

Charles Emond, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (Photo: Martin Flamand)

L’actif de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a grimpé de 32 milliards de dollars (G$) en 2023, selon les résultats présentés jeudi matin par la haute direction.

Celui-ci se situe maintenant à 434 G$, en hausse de 7,2%. Par contre, le portefeuille immobilier de la Caisse termine l’exercice 2023 avec un recul de 6,2%.

La deuxième moitié de l’année aura donc été moins porteuse pour la CDPQ, alors qu’au 30 juin, ses gains étaient de 22 G$. Sur une période de cinq ans, le portefeuille de la Caisse s’est enrichi de 100 G$.

«Les régimes de nos déposants demeurent en excellente santé financière», dit Charles Emond, président et chef de la direction de la Caisse.

Ce dernier insiste sur le fait que l’année 2023 a été marquée par une forte volatilité. Du côté du portefeuille de revenus fixes, la Caisse a bonifié ses avoirs de 9,6 G$, pour un rendement de 8,1%.

Quant à lui, le portefeuille des actions a gonflé de 17,5 G$, pour un total de 194,1 G$. De ce côté, le rendement est de 17,7% pour les actions, mais de seulement 1% pour les placements privés, alors que l’indice de référence est de 10,5%.

«Il y a une hausse du coût de financement et un ralentissement économique», dit Charles Emond pour expliquer ce rendement. Ce dernier ajoute que 20% de ce portefeuille «tire de la patte», mais que 80% sont «en excellente santé».

Baisse des taux à prévoir

Mais ces coûts de financement, la Caisse s’attend à ce qu’ils restent stables aux États-Unis en 2024, mais qu’ils baissent au Canada et en Europe.

«Ça va être difficile pour la Réserve fédérale américaine d’exaucer le souhait des marchés. S’il y a une baisse de taux

aux États-Unis, ça risque d’être dans la deuxième moitié de l’année. Les statistiques aux États-Unis sont plus vigoureuses que l’on aurait escompté», analyse Vincent Delisle, premier vice-président et chef des Marchés liquides à la CDPQ.

Par contre, dit-il, «en Europe et au Canada, les hausses de taux d’intérêt ont eu beaucoup plus de mordant. L’Allemagne est en récession. On risque de voir une divergence de directions de taux dans les banques centrales au cours des prochains mois. Plus de flexibilité pour la Banque du Canada, moins pour la Réserve fédérale américaine. Et en Europe, la porte est davantage ouverte pour baisser les taux».

D’ici la fin de l’année, l’économiste s’attend à une baisse de 50 à 75 points de base au pays.

 

Immobilier à l’encre rouge

Le bilan 2023 du portefeuille immobilier de la CDPQ s’écrit quant à lui à l’encre rouge, avec un recul de 3 G$ et un rendement négatif de 6,2%. Le secteur des infrastructures termine l’année avec un gain de 5 G$.

Des secteurs comme celui des espaces à bureaux continuent de connaître certaines difficultés et ont contribué à la performance négative du portefeuille immobilier, cumulé aux taux d’intérêt qui demeurent élevés et la conjoncture internationale.

«Les volumes transactionnels ont été divisés par deux aux États-Unis et en Europe cette année, explique de son côté Nathalie Palladitcheff, présidente et cheffe de la direction d’Ivanhoé Cambridge, bras immobilier de la Caisse qui sera intégrée en totalité à l’organisation en 2024. Juste en Allemagne, continue-t-elle, le volume des transactions a diminué de 80%.»

À ce jour, la Caisse détient une valeur de 45 G$ en immobilier et de 59,7 G$ dans les infrastructures pour un total de 105 G$.

Dans la province, l’actif de la CDPQ s’est accru de 10 G$ par rapport à l’année 2022, et l’institution se dit sûre d’atteindre son objectif de 100 G$ en 2026.

À ce titre, la première vice-présidente et cheffe, Québec, Kim Thomassin, a rappelé l’investissement de 350 millions dans Cogeco, le retour de la Caisse dans l’actionnariat de Solotech et les 355 millions investis pour l’acquisition de 50% de la Concession de la A25.

«C’est ici que notre connaissance du marché fait toute la différence. Nous mettons à profit nos différents leviers, pas juste notre capital, commente-t-elle. On veut continuer d’aider à créer des champions mondiaux dans la province.»

 

CDPQ Infra

Après s’être retiré du projet de REM sur la Rive-Sud de Longueuil notamment parce que cela nécessitait la mobilisation d’équipes qui n’étaient pas disponibles, CDPQ Infra n’a pas l’intention de reculer dans le mandat qui lui a été confié par le gouvernement du Québec pour un réseau de transport structurant dans la capitale et un éventuel troisième lien.

La filiale de la Caisse a jusqu’au 30 juin pour remettre ses recommandations au gouvernement. Si un, ou les deux projets devaient aller de l’avant, Charles Emond est catégorique : CDPQ Infra pourra en assurer la réalisation.

«Nous sommes devant un échéancier pour le mois de juin à Québec. C’est ambitieux, mais nous serons capables de rendre nos recommandations avant le 30 juin. On se concentre sur tout ce qu’on a», s’est-il contenté de commenter.

Par rapport aux nombreux problèmes du REM depuis son ouverture dans la métropole, Charles Emond dit «comme les usagers, je m’attends à ce que le REM offre un service fiable et efficace. Nos attentes envers Atkins (ex-SNC Lavalin) Alstom, elles sont claires et elles le réalisent. Il n’y a aucun problème que nous ne pouvons pas solutionner», ajoutant que le président et chef de la direction de CDPQ Infra, Jean-Marc Arbeau, avait encore «toute sa confiance».

 

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