C'est un train à grande vitesse qu'il nous faut!

Publié le 02/08/2023 à 17:01

C'est un train à grande vitesse qu'il nous faut!

Publié le 02/08/2023 à 17:01

Transport écologique, sécuritaire et abordable, le train est définitivement le moyen de transport sur lequel il faut miser pour les moyennes et courtes distances. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Train à grande vitesse ou train à grande fréquence? Telle est la question qui divise depuis l’annonce de cet immense projet structurant de construction d’une voie ferroviaire de 1000 km reliant Québec à Toronto en passant notamment par Trois-Rivières, Montréal, Ottawa et Peterborough.

Deux visions bien différentes s’affrontent. D’un côté les partisans de la fréquence — privilégiée par le gouvernement Trudeau — militent pour un projet plus «abordable» et plus simple à construire ; de l’autre ceux de la vitesse qui souhaiteraient voir le trajet Montréal-Toronto se faire en à peine plus de deux heures, soit plus rapidement que le trajet Montréal-Québec en voiture.

Il ne suffit que de voyager dans différentes régions du monde pour s’apercevoir qu’autant le Québec que le Canada ont un réseau ferroviaire digne d’une autre époque, où la marchandise a priorité sur les humains… Littéralement!

Face au légendaire Shinkansen au Japon, premier réseau de trains à grande vitesse au monde baptisé en 1964, au Direttissima en Italie qui fut le premier d’Europe quelques années plus tard, ou à l’Eurostar qui marqua l’Histoire en reliant notamment via le tunnel sous la Manche Paris à Londres, disons que nous avons quelques croûtes à manger!

Cependant, plusieurs particularités géographiques majeures expliquent en partie cette situation. Autant en Europe qu’au Japon, la «petitesse» du territoire combinée à l’importante population justifie la construction de réseaux ferroviaires reliant rapidement les principales villes. Vous aurez compris que les investissements nécessaires sont proportionnels en grande partie à l’étendue du territoire à couvrir.

Mais pourquoi donc décider de lancer ce projet maintenant? Le Canada est toujours aussi grand, la distance entre Québec et Toronto n’a pas changé. Pourquoi se lancer dans une telle aventure? Sommes-nous en retard?

À elles seules, les villes de Toronto et de Montréal, ainsi que leurs municipalités avoisinantes, représentent environ le tiers de la population totale du pays. Ce corridor est non seulement l’un des plus stratégiques autant en affaires que pour le tourisme, mais il est déjà l’un, sinon le plus emprunté au quotidien tel que le témoigne la trentaine de vols quotidiens, les allers-retours quasi constants en autobus, la dizaine de trains, ainsi qu’un nombre incalculable de trajets effectués en voitures. Il va sans dire, le projet a définitivement sa raison d’être.

Mais la question demeure. Grande fréquence ou grande vitesse?

Prendre l’avion n’est plus ce que c’était. Bien que les employés de la plupart des compagnies aériennes redoublent d’efforts pour offrir un excellent service, le problème réside bien souvent dans tout ce qu’ils ne contrôlent pas. Lignes interminables à la sécurité, retard fréquent, météo capricieuse, attente éternelle des bagages (quand ils arrivent), sans compter le trafic pour se rendre à l’aéroport.

Le train, lui, arrive à point. Transport écologique, sécuritaire et abordable, il est définitivement le moyen de transport sur lequel il faut miser pour les moyennes et courtes distances.

Pour le voyageur, il offre aussi une panoplie d’avantages: plus d’espaces, un transport de centre-ville à centre-ville, une connectivité assurée, une offre alimentaire plus variée et une plus grande flexibilité sur les conditions des billets.

Pour ma part, il ne fait aucun doute que ce dont ce corridor a besoin est d’un train à grande vitesse. Le simple fait de pouvoir se rendre à Toronto et revenir dans la même journée est un avantage incontestable. Contrairement au métro, au REM ou aux trains de banlieue, le voyageur qui optera pour ce trajet le fera majoritairement pour de grandes distances, comme pour relier Montréal à Toronto.

Ce dont le voyageur a besoin est de maximiser sa journée et de minimiser les pertes de temps. Certes la grande vitesse a un coût bien supérieur à la grande fréquence, mais je vois ce projet comme le début d’un projet encore plus grand qui relierait Toronto à Windsor et pourquoi pas, Montréal à New York.

Je sais, vous vous grattez la tête en ce moment et vous vous demandez si je suis tombé sur la mienne! Non, je vous assure, autant ces phases subséquentes semblent irréelles pour l’instant, autant nous devons tout faire pour les réaliser.

En 2023, dans un pays aussi riche et développé que le Canada, il est absolument inacceptable que le trajet d’environ 900 km entre Québec et Windsor prenne plus de 16 heures en train (vous avez bien lu) et que celui entre Montréal et New York en prenne plus de 10!

J’ai plusieurs fois fait référence (voir ma chronique du 30 novembre 2021) au fait que le temps est le nouvel eldorado. Ce dont les voyageurs ont besoin, c’est de gagner du temps, pas d’attendre un train qui passe plus fréquemment!

À propos de ce blogue

Je me suis lancé en affaires quelques jours après avoir gradué de l’Université de Montréal en science politique. Un peu par hasard, beaucoup par folie, je suis devenu entrepreneur sans trop savoir ce qui m’attendait. Bien que ma première expérience en affaires fut catastrophique, je suis tombé en amour avec l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, je suis à la tête d’un des plus grand producteurs de spiritueux et prêt-à-boire en Amérique du Nord et ce ne sont pas les projets qui manquent! Depuis novembre 2015, je partage chaque semaine ici mes idées, mes opinions et ma vision sur le monde des affaires et les sujets de société qui m’interpellent. Bienvenu dans mon monde!

Nicolas Duvernois

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