Moody's : un changement de perception?

Publié le 24/11/2009 à 01:06

Moody's : un changement de perception?

Publié le 24/11/2009 à 01:06

BLOGUE. Vous décidez d'émettre un titre de dette sur le marché, afin de réunir des fonds pour votre compagnie. Vous allez donc voir votre banquier. Celui-ci vous dit que votre titre de dette doit être évalué par une agence de crédit afin qu'il soit capable de le vendre.

Vous allez donc voir l'agence de crédit. Vous vous apercevez alors que vous devez payer cette firme afin d'obtenir une cote de crédit. Si la cote que l'on vous alloue est mauvaise, allez-vous poursuivre vos démarches? Bien sûr que non! Puisque si tel était le cas, votre banquier ne voudrait plus vous aider à obtenir votre financement sur les marchés.

Par conséquent, que se passe-t-il? Et bien, un conflit d'intérêt extrêmement évident! D'une part, l'agence de crédit sait fort bien que si elle est trop sévère, elle perdra un client, car vous ne serez pas intéressés à poursuivre votre démarche. D'autre part, une fois que vous êtes clients, il est difficile pour la firme d'abaisser votre cote si l'opinion populaire n'abonde pas dans le même sens qu'elle. Car si la firme vous nuit en procédant ainsi, mais que votre entreprise va toujours bien par la suite, elle risque de passer pour une mauvaise évaluatrice en plus de vous perdre comme client.

Or, de nombreux fonds de pension publics se sont fiés sur ces évaluations pour acheter des titres de créances (les obligations et autres titres connexes). L'état d'Ohio poursuit les 3 grandes firmes citées plus haut, les accusant de lui avoir faire perdre 457M$. Quant au fonds de pension CALPERS de la Californie, il leur impute une perte d'un milliard de dollars.

La crise a créé un changement de perception par rapport aux agences de crédit. C'est peut-être la raison pour laquelle Berkshire Hathaway a vendu des actions de Moody's (MCO-N) dernièrement. La force de l'entreprise n'est plus ce qu'elle était. Si les investisseurs (clients) n'ont plus confiance, Moody's ne vaut plus rien. Un coup d'oeil au bilan de l'entreprise suffit pour réaliser que sans l'espérance de profits futurs, l'entreprise affiche une forte valeur négative (page 8 du document suivant : http://www.sec.gov/Archives/edgar/data/1059556/000119312509224228/d10q.htm).

Les gestionnaires de fonds de pension ont-ils raison d'accuser les agences de crédit pour leurs pertes? Nous pensons qu'il est naïf de penser qu'on peut éviter de s'adonner à des heures d'analyse simplement en se fiant sur une firme externe. Mais, pourquoi ne pas tenter le coup avec des poursuites? Le congrès américain est en train de considérer la possibilité de permettre aux investisseurs de poursuivre plus facilement ces agences.

Une histoire à suivre...

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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