Photo: Bloomberg
BLOGUE. On a un peu sursauté, il y a quelques jours, lorsque Jeremy Siegel, professeur de finance de l'Université de Pennsylvanie, a réitéré sur les ondes de la chaîne CNBC son pronostic pour le Dow Jones en 2013. Attachez bien votre tuque : 17 000 points !
Tandis que l'Europe tangue et que les finances publiques sont hors de contrôle à maints endroits sur la planète, le professeur colle à son pronostic de début d'année.
Ce sur quoi il s'appuie
En 2000, dit-il, nous avons amorcé la décennie à un ratio cours/bénéfice de 30. Le plus important multiple que le marché ait connu de toute son histoire. Pas surprenant que la décennie ait été décevante.
Lorsque le point de départ est un multiple de 13, l'avenir apparaît nettement plus intéressant. L'histoire témoigne qu'il n'y a jamais eu de rendements négatifs du marché des actions sur trois ans, cinq ans ou dix ans, lorsque l'on a démarré une période à ce niveau.
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Plus précisément, M. Siegel estime que les faibles taux d'intérêt devraient procurer de l'élan aux rendements des investisseurs. «Le ratio cours/bénéfice moyen dans l'histoire se situe à 15. Mais si on l'ajuste en excluant le moment où les taux d'intérêt étaient dans les deux chiffres ou à 8-9 %, le ratio moyen d'après-guerre devient plutôt de 18-19. Nous sommes conséquemment bien en deçà de ce que devrait être le ratio dans un environnement de taux bas ou modérés. Nous pouvons nous rendre à 15 ou 16 fois les bénéfices, même avec les vents contraires devant nous, et toujours être sous la moyenne», énonce-t-il.
De l'avis du professeur, deux éléments empêchent actuellement le marché d'être en hausse : l'Europe et la falaise budgétaire américaine (l'expiration des congés fiscaux de l'administration Bush en fin d'année).
D'ici l'élection américaine de novembre, les perspectives ont peu de chances de s'améliorer. Mais après coup, croit M. Siegel, les choses devraient se placer et les politiciens américains en venir finalement à une entente sur un renflouement étalé des finances publiques.
Pareille entente devrait alors faire baisser la pression, et les multiples prendre de l'expansion. D'où un Dow Jones à 17 000 points à la fin 2013.
La vision inverse de Morgan Stanley
Coïncidence, le même jour où M. Siegel réitérait son pronostic, le stratège de Morgan Stanley, Adam Parker, renouvelait le sien sur Bloomberg TV : le S & P 500 à 1167 points à la fin de 2012. Ce qui veut dire, le Dow Jones autour de 11 000 points. Un recul de plus de 12 %.
D'où vient le pessimiste de M. Parker ? Essentiellement, il estime que les attentes de bénéfices sont nettement trop élevées.
Le nombre de sociétés qui n'atteignent pas les revenus attendus est en hausse. Au même moment, le billet vert a repris de la vigueur, ce qui, lors de la reconversion des bénéfices provenant de l'étranger, fait fondre ceux-ci.
Le marché surestime actuellement à quel point les sociétés américaines ont bénéficié du coup de pouce de la devise, fait-il valoir. Résultat : le consensus des analystes pour les bénéfices du S & P 500 en 2013 est autour de 115 $ US, mais M. Parker estime qu'ils seront plutôt de 99 $ US.
D'où sa position plutôt pessimiste.
Qui a raison ?