Intéressant coup de patin de M. Sabia sur Bombardier

Publié le 14/08/2015 à 15:55

Intéressant coup de patin de M. Sabia sur Bombardier

Publié le 14/08/2015 à 15:55

Bombardier: prudence, mais pour qui lit entre les lignes...

C'est sur Bombardier que la communauté financière avait surtout hâte d'entendre Michael Sabia.

Petit récapitulatif. Il y a quelques semaines, le Globe and Mail rapportait qu'au moment de se refinancer, en février, Bombardier avait tout d'abord approché la Caisse de dépôt. L'institution s'était apparemment dite prête à injecter entre 250 et 300 des 600 M$ US nécessaires. À condition que la famille Bombardier-Beaudoin fasse passer le nombre des votes attachés à ses actions de 10 à 6.

Devant le refus, la Caisse n'avait finalement participé au financement qu'à hauteur de 30 M$.

L'affaire a fait grand bruit dans l'opinion. La Caisse exigeait-elle que la famille abandonne le contrôle du fleuron? Avait-elle à ce point perdu confiance en elle? Était-il légitime d'agir ainsi?

Appelé à commenter, monsieur Sabia a invité à la prudence quant à l'exactitude du portrait dressé. Il n'a pas voulu le nuancer en expliquant que la Caisse ne pouvait raconter sur la place publique la teneur de discussions confidentielles. Autrement, plus personne ne voudrait faire affaires avec elle.

Le président de la Caisse a cependant enchaîné en expliquant davantage la politique de l'institution face aux actions multivotantes.

Si on a bien compris, elle n'est pas contre, mais il doit y avoir un alignement des intérêts.

La Caisse s'attarde sur deux critères:

1-Les détenteurs de multivotantes devraient avoir un intérêt significatif dans l'entreprise, au moins 15% de poids économique, ce qui se transpose généralement par un maximum de six votes par action.

2-L'entreprise doit aussi être performante. Il faut que la performance soit au rendez-vous.

Le patron de la Caisse n'a pas voulu aller plus loin.

Interrogé par la suite sur sa confiance dans Bombardier, il a estimé que le marché faisait actuellement preuve d'impatience et qu'il faudrait laisser du temps à la nouvelle direction pour tenter son revirement. Bref, il a appelé à l'indulgence.

Constat?

Monsieur Sabia s'est bien sorti d'affaire.

L'argument 1 est que l'histoire est incomplète; l'argument 2 traite de la politique de la Caisse sur les multivotantes sans faire de lien direct avec l'affaire Bombardier. Et, en final, il demande de la patience.

Il reste cependant toujours tentant de tirer une conclusion.

En 2012 la Caisse a mis 1 G$ dans CGI, et les actionnaires de l'entreprise ont pu conserver 10 votes par action. Ils ne pèsent pas pour 15% d'intérêt économique.

CGI répondait cependant très bien au deuxième critère de la Caisse: la performance.

On ne peut pas dire que Bombardier y répondait.

La Caisse n'a pas totalement perdu confiance dans la famille Bombardier-Beaudoin. Mais elle n'avait plus suffisamment confiance pour y investir fortement en lui laissant les pleins pouvoirs.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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