Youpi! Le TSX se faufile devant le S&P. Oups! Trop tôt pour crier hourra

Publié le 04/05/2018 à 17:33, mis à jour le 30/05/2018 à 15:48

Youpi! Le TSX se faufile devant le S&P. Oups! Trop tôt pour crier hourra

Publié le 04/05/2018 à 17:33, mis à jour le 30/05/2018 à 15:48

Sans tambour ni trompette, l’indice torontois S&P/TSX reprend un tant soit peu du galon.

Il faut évidemment remercier le saut d’encore 5% du pétrole en avril – qui fait jurer bien d’automobilistes ces jours-ci – pour cette remontée furtive.

L’appréciation de 3,7% du S&P/TSX depuis un mois surpasse en effet la performance du Dow Jones (inchangé) du S&P 500 (+0,7 %) et du Nasdaq (+ 2,4%). Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu ça.

Les stratèges doivent sourire en coulisse puisque plusieurs d’entre eux - chez Scotia, BMO, Gluskin Sheff, Banque Laurentienne et Fiera - avaient prédit ou espéré que la Bourse de Toronto relève enfin la tête comme elle le fait habituellement à la fin des cycles économiques qui soulève l’inflation et les matières premières.

L’évaluation modeste des actions canadiennes milite aussi pour un certain rattrapage, faisaient-ils valoir en choeur.

À savoir si le récent regain peut durer, c’est une autre histoire.

L'énorme nuage des conflits commerciaux

Pour l’heure, les indicateurs économiques un peu partout dans le monde décèlent une modération de l’économie mondiale, ce qui peut décourager les investisseurs à miser sur des actifs plus risqués, telle que la Bourse canadienne.

Le conflit commercial acéré entre la Chine et les États-Unis et la renégociation tout aussi laborieuse de l’Accord de libre-échange (Alena) nord-américain ne sont pas de nature non plus à inspirer confiance aux fabricants, aux entrepreneurs et aux consommateurs.

Les entreprises d’ici plus endettées

Martin Roberge, de Canaccord Genuity, ne croit pas au rattrapage canadien.

«Bien sûr, si l’Aléna était signé demain, la Bourse canadienne bondirait de soulagement, mais cet espoir soutient déjà les titres tels que ceux du secteur automobile», explique le stratège quantitatif.

À son avis, une telle appréciation serait bien éphémère.

«Il n’y a aucune raison pour que le S&P/TSX débute un mouvement de performance supérieure soutenue par rapport aux autres marchés, compte tenu de l’endettement élevé des sociétés et des ménages», renchérit-il.

Les actions canadiennes ne sont pas des aubaines lorsqu’on incorpore la dette record des entreprises d’ici dans l’analyse, répète-t-il depuis des mois.

Abstraction faite du secteur financier, les S&P/TSX présente le troisième plus fort niveau d’endettement des pays développés, dit-il, soit 0,6 fois les ventes, après la Belgique et Israel. Aux États-Unis, le même ratio est de 0,3 fois.

En fait, le S&P/TSX et le S&P 500 s’échangent au même multiple de 2,3 fois si l’on utilise le ratio qui divise la valeur de l’entreprise (valeur boursière plus la dette) par les ventes.


« Les onze secteurs du S&P/TSX sont plus endettés que leurs groupes repères mondiaux »

Et paradoxalement, ce sont les secteurs canadiens les plus «défensifs» qui versent des dividendes élevés qui affichent le plus d’endettement, soit les fournisseurs d’électricité et les exploitants de pipelines, ainsi que les fournisseurs de services de télécommunications.

Ces trois industries requièrent d’importantes dépenses en immobilisations. Elles sont donc gourmandes en capital.

Aux investisseurs qui veulent garnir leur portefeuille des placements refuge, M. Roberge suggère de faire appel aux services aux collectivités ailleurs dans le monde, avec le fonds négocié en Bourse IShares Global Utilities ETF(JXI, 50,19$US).

Les banques, près de point de bascule?

L’industrie bancaire canadienne pourrait aussi connaître un dernier bon trimestre de croissance, au deuxième, avant que la hausse des taux et le plafonnement immobilier n’affaiblissent les résultats plus tard dans l’année.

Or, les banques représentent le quart du S&P/TSX.

L’humeur dépensière des consommateurs canadiens risque aussi de se refroidir à la vue de la hausse des taux hypothécaires et du recul des prix des résidences.

Ces facteurs risquent de devenir un vent de face de plus pour les titres du secteur canadien de la consommation, craint aussi M. Roberge.

Si le stratège, ne croit pas à un rebond durable de l’indice S&P/TSX, il prévoit tout de même une performance supérieure des secteurs de l’énergie et des matériaux qui profiteront d’une croissance mondiale encore au-dessus de la moyenne et de la résilience ces pays émergents.

Ces deux industries clés comptent pour 30% de la valeur du S&P/TSX.

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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