Bourse: Grincheux gâchera-t-il encore Noël cette année?

Publié le 23/11/2019 à 10:00

Bourse: Grincheux gâchera-t-il encore Noël cette année?

Publié le 23/11/2019 à 10:00

L’Action de grâce américaine, le 28 novembre, sonne le coup d’envoi à la saison des dépenses des Fêtes.

En Bourse historiquement, ces festivités coïncident aussi avec le «rallye du Père Noël» qui englobe officiellement les cinq dernières séances de l’année et les deux premières de janvier, selon l’Almanac boursier.

Contrairement à l’an dernier, qui avait vu le S&P 500 chuter de 19,8% entre le 20 septembre et le 24 décembre, le Grincheux ne devrait pas faire son apparition cette fois parce que la Fed américaine assouplit sa politique monétaire au lieu de l’inverse, font valoir la plupart des stratèges.

La banque centrale américaine fait une pause après trois baisses de taux, mais elle continue d’injecter des liquidités de 60 milliards de dollars américains par mois dans le marché des prêts interbancaires en partie pour éviter le dérapage de l’an dernier.

À cette période de l’année, les grandes banques américaines deviennent en effet plus parcimonieuses dans leurs prêts aux autres institutions afin de respecter le ratio de capitaux propres qu’impose la Fed aux plus grandes institutions.

Une fin d’année festive ne fait pas l’unanimité parce que le S&P 500 s’est déjà envolé de 24% depuis le début de l’année alors qu’il était inchangé à pareille date en 2018.

«Il est possible que le rallye du Père Noël ait été devancé cette année», a évoqué Brian Nick, chef des investissements chez Nuveen à l’agence Reuters.

Un échec commercial, ainsi que l’imposition de nouveaux tarifs de 15% sur 160 milliards de dollars américains de biens chinois importés le 15 décembre, casseraient bien évidemment l’élan haussier de fin d’année.

Le risque de déception est réel, estime M. Nick, étant donné que la Bourse américaine s'apprécie depuis les premières promesses d’un accord imminent, il y a six semaines.

Pour le moment néanmoins, le fait que les deux parties se parlent encore, parfois par le truchement des médias, suffit à renforcer le consensus qu’un accord partiel soit à portée de mains.

Données rassurantes

Les gains récents en Bourse ne reposent pas seulement sur la possibilité d’un premier accord commercial. Les données économiques s’améliorent ou cessent de se détériorer un peu partout dans le monde malgré tous les tarifs déjà en vigueur et la récession manufacturière mondiale.

Aux États-Unis, le sondage manufacturier IHS Markit est passé de 51,3 à 52,2 d’octobre à  novembre. Il s’agit du meilleur niveau pour cet indicateur depuis avril. La fin de la grève chez General Motors (GM, 35,33$US) a probablement joué.

Ce même sondage pour le secteur des services est aussi passé de 50,6 à 51,6, ce qui lui fait retrouver son niveau de juillet.

Aussi, les permis de construction, les mises en chantier et les reventes de maisons existantes ont aussi poursuivi leur progression en octobre.

La remontée de 95,7 à 96,8 du taux de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan en novembre est aussi encourageante pour les dépenses des Fêtes.

Tous ces indicateurs font espérer qu’une entente commerciale ravivera l’économie et les profits l’an prochain et fasse aussi revenir les investisseurs à la Bourse.

Un repli à court terme

Personne n’est surpris que la Bourse américaine ait décliné cette semaine après une série de records.

L’indice S&P 500 a mis fin à six semaines de gains, avec un repli de 0,3% tandis que le Nasdaq a connu sa première semaine au rouge en huit, avec un recul identique.

Tony Dwyer, de Canaccord Genuity, avait prévenu ses clients dès le 12 novembre que le S&P 500 était mûr pour une «période de consolidation» ou un même «un repli» de 2 à 5% à court terme.

Après tout, cet indice a regagné presque 8% depuis le 2 octobre.

Divers indicateurs, dont le faible indice de volatilité ou le degré d’optimisme élevé des pros, avaient retrouvé le niveau «d’insouciance» qu’ils avaient en juillet, avant la correction du mois d’août.

Après avoir repris son souffle, le S&P 500 pourra enfiler d’autres gains puisque l’environnement fondamental est encore favorable à une expansion des multiples d’évaluation: l’inflation est modérée, la Fed est accommodante, la pente des taux est positive, l’économie tient le coup et les bénéfices aussi, énumère le stratège américain.

2020 dans la mire des stratèges

À part les surprises que réservent peut-être la guerre commerciale, le processus de destitution, et les élections américaines de novembre, les pros débattent aussi de la stratégie à adopter l’an prochain.

Plusieurs se demandent si la Bourse américaine continuera de surpasser celles des autres pays développés et émergents si l’économie mondiale reprend du mieux.

L’autre interrogation concerne les secteurs à privilégier à ce stade avancé du cycle économique.

Déjà, les secteurs retardataires ou plus cycliques ont repris du poil de la bête depuis que les taux de 10 ans en même temps que la légère remontée de taux de 10 ans de 1,44% en août à 1,75%.

En novembre, le secteur de l’énergie, les banques et le secteur industriels ont gagné 3%, soit plus que l’avance de 2% du S&P 500. Pour que ce mouvement se poursuive en 2020 l’économie devra s’extirper du ralentissement actuel.

L’indicateur économique avancé LEI du Conference Board a reculé pour un troisième mois en octobre. En rythme annuel, cet indicateur augmente encore de 0,3%, une performance qu’il devra soutenir puisque chaque fois que le taux annuel se contracte, une récession n’est pas loin, rappelle Charlie Bilello de Pension Partners.

Pendant que cette rotation des secteurs prudents aux secteurs cycliques anime les stratèges, la technologie mène toujours la charge en Bourse et se dirige vers sa meilleure année depuis dix ans.

Le Nasdaq a avancé de 28,4% depuis le début de l’année tandis que l’indice de technologie du S&P 500 a grimpé de 39,4%.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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