Fairfax: le pari de Watsa

Publié le 22/02/2012 à 09:11, mis à jour le 22/02/2012 à 20:47

Fairfax: le pari de Watsa

Publié le 22/02/2012 à 09:11, mis à jour le 22/02/2012 à 20:47

BLOGUE. Si j’étais actionnaire de Fairfax Financial Holdings, je n’aimerais pas que son président Prem Watsa spécule avec mon capital. Car c’est exactement ce qu’il fait lorsqu’il s’entête à vendre à découvert le marché boursier.

La société d’assurance a publié les résultats de son quatrième trimestre il y a quelques jours et elle a subi une perte de 771 M$ US, en grande partie en raison des stratégies de couverture appliquées par M. Watsa parce qu’il s’attend à une baisse des indices boursiers.

Comme je l’ai déjà expliqué dans un précédent blogue, le président de Fairfax craint une longue période de déflation, un peu comme a vécu le Japon.

Or, les marchés boursiers continuent de bien faire, autant au Canada qu’aux Etats-Unis, faisant mentir Prem Watsa. Du moins jusqu’à maintenant.

Son programme de «protection» lui a coûté 936M$ US en 2010 et une autre petite fortune l’an dernier.

Je sais que bien des gens diront que la même chose est survenue avant la crise de 2008-09, alors que M. Watsa était également pessimiste, au point d’encore une fois parier contre le marché. Et ce pari a fonctionné, Fairfax empochant des profits d’au moins un milliard lors de la crise.

À mon avis, Prem Watsa commence à faire preuve d’un excès de confiance. Ses succès passés lui ont peut-être monté à la tête. Il ne faut pas oublier qu’il est toujours possible que son «exploit» de 2008-09 n’ait été qu’un coup de chance.

Ce qui est dommage et un peu révoltant, si je me mets dans la peau de ses actionnaires, c’est que M. Watsa est un excellent investisseur. Il n’a pas besoin de faire de tels paris pour enrichir ses actionnaires. Il est capable d’y arriver uniquement en achetant des titres sous-évalués et de les conserver à long terme, soit l’approche qui lui a servi toute sa vie.

Pire que ça : oui, il est pessimiste quant aux perspectives pour les prochaines années, mais il reste optimiste quant au long terme. «Nous pensons qu’à long terme les actions feront très très bien, mais nous devons être prudents pour les prochaines années», a-t-il mentionné au Globe & Mail.

Citation fort surprenante car je croyais vraiment que Prem Watsa n’investissait qu’avec un horizon temporel de 10 ans!

Je préfère de loin l’approche de Warren Buffett qui a l’humilité d’avouer qu’il est incapable de prédire ce que fera la Bourse lors d’une année en particulier. Non seulement cela, mais il est convaincu que personne n’est capable non plus…

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom Ă  l'Ă©tranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier Ă  nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.