Blogue. Un lecteur m’a fait parvenir une question concernant l’endettement des Canadiens. Il ne comprend pas comment on peut utiliser le ratio d’endettement pour généraliser sur la situation financière des Canadiens.
« Pouvez-vous me définir exactement ce que comprend ce ratio ? Et je ne comprends absolument pas comment nous pouvons faire une généralisation sur l'endettement de la population avec ce ratio. »
Le ratio d'endettement le plus souvent mentionné est celui de l'endettement total par rapport au revenu disponible (donc après les impôts). Ce ratio est utile pour voir l'évolution de l'endettement des Canadiens au fil des années.
Par exemple, ce ratio atteint actuellement 148% au Canada (contre 127% aux États-Unis) alors qu'il était à peine de 110% en 2000. Aux États-Unis, ce ratio a atteint un sommet historique avant la crise financière à plus de 160% et il était à environ 110% en 20000.
Ce qui est alarmant à mon avis, c'est la tendance nettement haussière jumelée au fait que les prix immobiliers sont très élevés.
Par contre, ce ratio ne donne pas le portrait complet. Il faut considérer également la capacité de payer des Canadiens par rapport à leurs obligations financières. Et également leur richesse nette par rapport à leur dette totale. Ces deux ratios sont beaucoup moins alarmants.
Il faut donc faire preuve de prudence dans nos conclusions en tenant compte de facteurs importants comme le fait que les taux d’intérêt sont déprimés (qu’arrivera-t-il au consommateur canadien si les taux montent ?) et le fait que les prix immobiliers au Canada n’ont pas connu de correction baissière comme ailleurs dans le monde (ce qui surévalue la richesse nette canadienne).
Enfin, le facteur clé à mon avis est le contexte économique. Si la croissance se poursuit au Canada, alors notre endettement n’est pas épeurant. Et comme je crois que l’économie continuera sa croissance, l’endettement canadien ne me fait pas très peur à court terme.
Par contre, c’est lors de la prochaine récession que le problème se fera sentir douloureusement. On assistera probablement à la double gifle d’une baisse des valeurs immobilières jumelée à une dette record.
Bernard Mooney
