Une génération d'épargnants a dit adieu à la Bourse

Publié le 15/05/2010 à 00:00

Une génération d'épargnants a dit adieu à la Bourse

Publié le 15/05/2010 à 00:00

Nous assistons présentement à un phénomène étrange : de nombreux épargnants sont en train de manquer ce marché haussier exceptionnel.

À New York, l'indice S&P 500 a rebondi de 70 % depuis son creux du 9 mars 2009, tandis qu'à Toronto, le S&P/TSX a gagné 58 %. Il s'agit d'une des plus puissantes remontées de l'histoire à laquelle, tragiquement, de nombreux petits investisseurs n'ont pas participé.

C'est un article du nouveau magazine Bloomberg/Businessweek qui m'a mis la puce à l'oreille. On y rapporte que les investisseurs ont retiré 24,6 milliards de dollars américains (G$ US) des fonds d'actions américaines depuis le creux boursier de 2009, selon l'Investment Company Institute. Pendant la même période, ils ont acheté pour 455,6 G$ US de fonds d'obligations. Pourtant, les taux d'intérêt étaient si bas qu'il n'y avait pas de pire moment pour acheter des obligations !

L'investisseur canadien a eu le même comportement. Selon les données de l'Institut des fonds d'investissement du Canada, les épargnants ont vendu pour 25,5 G$ de parts de fonds monétaires depuis mars 2009. Au cours de 12 des 13 derniers mois, les ventes de parts de fonds monétaires ont été supérieures aux achats. De plus, les investisseurs canadiens ont retiré au total de 5,3 G$ des fonds d'actions depuis mars 2009; les ventes nettes de parts de fonds d'actions ont surpassé les achats 10 mois sur 13. Pendant ce temps, les achats nets de fonds obligataires ont atteint 14,5 G$; les achats ont surpassé les ventes chaque mois !

Cela signifie que l'épargnant canadien a lui aussi manqué la remontée des Bourses.

En fait, on peut caricaturer le comportement du petit investisseur de la façon suivante. Après le creux de mars 2009, il s'est dit : " Je vais vendre mes fonds monétaires, mais je ne veux rien savoir des actions. Je vais revenir dans les marchés, mais prudemment. J'achèterai des fonds obligataires... "

Comment expliquer un tel comportement ? La réponse se trouve probablement dans cette remarque de Tobias Levkovich, stratège en chef pour les actions américaines chez Citigroup : " C'est difficile d'être euphorique après avoir perdu la moitié de son argent à deux reprises en une décennie. "

Les investisseurs se sont brûlés sur le marché boursier et leur réaction est compréhensible. Après l'écroulement des titres technos au début des années 2000 (des titres comme Nortel et JDS Uniphase ont fait perdre beaucoup d'argent aux investisseurs), la crise de 2008-2009 a donné le coup de grâce aux épargnants qui avaient fait confiance aux marchés boursiers pour bâtir leur capital de retraite.

Les émotions coûtent cher

Compte tenu des pertes importantes qu'ils ont subies, on peut les comprendre d'en avoir gros sur le coeur quand il s'agit de la Bourse. Toutefois, à un certain moment, il faut cesser de réagir sous le coup des émotions et agir de façon rationnelle.

Un grand nombre d'épargnants ont été attirés par la Bourse lorsqu'elle était en feu. Les rendements élevés les faisaient saliver et ils investissaient sans suivre de stratégie claire.Investir en Bourse était une réaction émotive : " J'achète parce que ça monte ".

Quelques années plus tard, deux fiascos plus tard en fait, ils réagissent de la même façon : " Je vends parce que ça descend et je ne veux plus rien savoir ".

En tant qu'épargnant à la recherche de rendements à long terme, n'oubliez pas qu'il est très coûteux d'avoir raté la reprise boursière. Ce n'est pas fréquent que la Bourse vous fasse cadeau d'un bond de plus de 50 % en un an. J'admets que ce n'est pas un " vrai cadeau ", puisque le revirement a été précédé de mois douloureux.

Mais justement : après avoir traversé le calvaire du marché baissier, il fallait laisser son capital en Bourse pour avoir la chance de profiter de la reprise inévitable qui s'ensuivrait - bien que son ampleur ait été impossible à déterminer.

De plus, ceux qui veulent revenir en Bourse font face à un dilemme. Doivent-ils acheter maintenant et risquer une douloureuse correction (et ressentir, une fois de plus, la sensation désagréable d'avoir été eus) ? Ou doivent-ils rester encore à l'écart, au risque de voir la Bourse continuer de s'apprécier sans en profiter ?

À tous ces investisseurs désabusés, j'ai un conseil bien simple (mais qui exige beaucoup de discipline) : évacuez autant que possible les aspects émotifs de votre processus décisionnel. La seule façon d'y parvenir est d'automatiser au maximum votre façon d'investir. Par exemple, investissez systématiquement un certain montant ou un certain pourcentage du capital chaque mois en achetant un fonds indiciel canadien et/ou américain.

Par la suite, ne pensez plus ni à votre placement ni à la Bourse pendant de nombreuses années. Vous vous enrichirez sans soucis !

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