Bien gérer le capital est plus important que jamais

Publié le 14/08/2010 à 00:00

Bien gérer le capital est plus important que jamais

Publié le 14/08/2010 à 00:00

J'ai un excellent conseil à vous donner si vous voulez améliorer vos chances de choisir des titres gagnants : privilégiez les sociétés qui excellent dans la gestion de leur capital.

Cet aspect est plus crucial que jamais dans le contexte actuel. En effet, puisque l'économie devrait connaître une croissance relativement faible au cours des prochaines années (environ 2-3 % par an, selon les experts), on peut en déduire que les entreprises peineront à augmenter leurs revenus de façon sensible.

Plusieurs d'entre elles seront alors tentées d'accélérer leur croissance au moyen d'acquisitions. Par contre, si un dirigeant dilapide son capital en réalisant des acquisitions irréfléchies, l'actionnaire ne fera pas beaucoup d'argent. Les dirigeants sont souvent obnu-bilés par l'idée de faire croître leur entreprise, alors qu'ils devraient viser l'augmentation des ventes, et surtout, du bénéfice par action.

L'exemple de Sanofi-Aventis

Par exemple, au moment d'écrire ces lignes, des rumeurs veulent que la pharmaceutique française Sanofi-Aventis (NY, SNY, 30,20 $ US) déposerait bientôt une offre d'achat sur la société de biotechnologie américaine Genzyme (Nasdaq, GENZ, 69,71 $ US).

Sanofi-Aventis veut pallier ses problèmes de croissance - elle perdra l'exclusivité sur plusieurs médicaments importants d'ici 2013 - en achetant une société qui met au point de nombreux traitements contre le cancer, notamment, ainsi que des tests diagnostiques.

En soi, cette stratégie n'est pas insensée. Par contre, lorsqu'on analyse cette transaction du point de vue de la gestion du capital, c'est une autre histoire.

Le titre de Sanofi-Aventis s'échange à 6,8 fois le bénéfice par action prévu cette année, et celui de Genzyme, à 20 fois le bénéfice prévu en 2011. Selon de bonnes sources, elle offrirait 69 $ US par action pour Genzyme, alors que cette dernière exigerait pas moins de 80 $ US, ce qui équivaudrait à une transaction de 21 milliards de dollars américains.

Pour conserver un bilan solide, la direction de Sanofi-Aventis choisira de financer la transaction en partie par l'émission d'actions. C'est là que ses actionnaires seront lésés. Imaginez : émettre des actions quand elles sont évaluées à 6,8 fois le bénéfice pour acheter une entreprise dont le titre s'échange à 20 fois le bénéfice de 2011 ! Et si Sanofi-Aventis devait payer 80 $ US l'action, elle achèterait Genzyme à 22 fois le bénéfice par action. La pharmaceutique française utiliserait ainsi une devise dévaluée (ses actions) pour payer le prix fort !

Chaque dollar compte

Par ailleurs, si faire croître les revenus sera plus difficile au cours des prochaines années, on peut postuler que maintenir une croissance rapide du bénéfice sera également plus ardu. Chaque dollar généré deviendra alors encore plus précieux. Pour s'enrichir, l'investisseur devra miser sur des dirigeants capables de bien investir chaque dollar pour créer le maximum de valeur.

Comment déterminer si une société gère bien son capital ? Les points les plus importants à analyser touchent l'endettement, les acquisitions et les rachats d'actions.

En ce qui concerne l'endettement, la crise financière a démontré l'importance de maintenir un bilan sain en tout temps. Il ne devrait pas y avoir d'exceptions. Les sociétés qui s'endettent trop pour pouvoir croître gèrent mal leur capital, et c'est une raison suffisante pour éviter leur titre (pour ma part, j'évite les sociétés dont la dette équivaut à plus de quatre ans de bénéfice).

Je n'ai rien contre les acquisitions, mais j'ai vu tellement de bonnes entreprises se mettre dans le pétrin en raison de mauvaises acquisitions que je réagis habituellement de façon négative à l'annonce de transactions dites " stratégiques ". En principe, plus la transaction est importante par rapport à la taille de l'acquéreur, plus elle est risquée. Et plus ce dernier s'éloigne de ses activités centrales, plus le risque de fiasco est élevé.

Le financement des acquisitions en dit long sur la compétence des dirigeants. Si le titre est déprimé et qu'ils réalisent une acquisition en émettant des actions, il faut s'abstenir d'acheter ce titre. Même chose si les dirigeants gonflent démesurément la dette pour financer un achat.

Rachats d'actions réguliers

Enfin, il est logique de favoriser les sociétés qui profitent du fait que leur titre s'échange à bon marché pour racheter de leurs actions.

Faites attention aux sociétés qui annoncent en grande pompe leur intention de racheter de leurs actions, mais qui n'en rachètent finalement que peu. Privilégiez celles qui rachètent de leurs actions de façon régulière, trimestre après trimestre, en puisant dans leur encaisse, et non en s'endettant.

Je vous encourage à être de plus en plus exigeant en matière de gestion du capital dans votre sélection de titres.

bernard.mooney@transcontinental.ca

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