Comment empêcher l'acier inoxydable de rouiller ? Cette question, fondamentale pour bien des entreprises, est à l'origine de Passive-Action.

Avant de lancer son entreprise, Patrick Brassard avait dû se rendre en Indonésie où un client de la société pour laquelle il travaillait avait un gros problème de contamination de l'acier inoxydable.

Résoudre le problème n'a pas été simple : il a fallu à M. Brassard sept semaines et des dizaines d'appels téléphoniques dans plusieurs pays pour trouver la solution. Constatant que plusieurs entreprises étaient aux prises avec le même type de problème, il fonde Passive-Action.

L'entreprise a obtenu un tel succès qu'elle recevait en octobre le Prix du jeune entrepreneur 2008 de la Banque de développement du Canada, pour le Québec.

Le service. Passive-Action, de Montréal, tient son nom du service qu'elle offre : la passivation. Il s'agit de protéger l'acier inoxydable contre la rouille. Passive-Action ne fait pas de fabrication; elle traite les pièces que lui envoient des fabricants.

Contrairement à l'acier, l'acier inoxydable est un métal non ferreux. Or, l'équipement qui sert à produire l'acier inoxydable est en acier : les presses, les poinçons, les outils, etc. Ces pièces en acier risquent constammant de contaminer l'acier inoxydable avec des particules de fer, ce qui favorise la rouille.

Le procédé de passivation consiste à éliminer les particules ferreuses de la surface de l'acier inoxydable. Pour ce faire, Passive-Action dégraisse la pièce, la traite à l'acide, la rince à l'eau pure, vérifie son pH pour s'assurer qu'il n'y a plus traces d'acide et effectue un test colorimétrique pour vérifier qu'il ne reste plus aucune particules de fer contaminantes. Au terme de ce procédé, la pièce est totalement passive.

Est-ce que ça se passe comme prévu ? " Pas du tout; c'est parti beaucoup plus vite que je l'avais prévu. Cela m'a forcé à prendre de l'expansion rapidement. C'est un beau problème, mais c'est risqué. "

Un conseil. " Avant de commencer, il faut décider jusqu'où on est prêt à aller si les choses ne tournent pas comme prévu : hypothéquer sa maison, réduire son train de vie, retirer ses REER, renoncer à un salaire, retourner vivre chez ses parents... Si la situation se présente, on saura quand descendre du train. "

Le territoire desservi. Même si elle ne compte que 15 employés, Passive-Action est la plus importante entreprise du genre au Canada, affirme son dirigeant. C'est d'ailleurs le seul marché qu'elle cible pour l'instant. " Il y a suffisamment de croissance à aller chercher au Canada avant que je songe à ouvrir un bureau dans un autre pays ", explique le jeune entrepreneur.

Au moment de notre entrevue, M. Brassard se préparait à déménager son entreprise dans un immeuble deux fois plus grand (16 000 pieds carrés), toujours sur le boulevard Henri-Bourassa Est, à Rivière-des-Prairies.

En 2006, la PME a acquis son principal concurrent au Québec, Dalpro, qui était situé dans le quartier voisin de Pointe-aux-Trembles.

Comment l'idée lui est-elle venue ? M. Brassard, 34 ans, était gérant de projet pour un fabricant d'équipement industriel en acier inoxydable. Il a dû passer près de deux mois chez un client indonésien pour résoudre un problème de contamination. " En cherchant de l'aide un peu partout dans le monde, je me suis aperçu qu'il existait bien peu d'experts dans ce domaine. Un an après être revenu d'Indonésie, en 2004, j'ai lancé Passive-Action, et l'employeur que je venais de quitter est devenu mon premier client. "

Le financement. M. Brassard a financé le lancement de Passive-Action uniquement avec ses économies et celles de sa conjointe, Martine Ayotte, actionnaire, mais non active dans l'entreprise.

Plus tard, M. Brassard a obtenu de la Banque de développement du Canada (BDC) de l'argent pour son fonds de roulement. La BDC a aussi financé l'acquisition de Dalpro et l'achat d'équipement.

" Le taux d'intérêt demandé par la BDC est un peu plus élevé que celui des banques à charte, mais elle est beaucoup plus ouverte aux entrepreneurs en démarrage que ces dernières. "

La vie d'homme d'affaires, c'est bien ? " Ce serait mieux si ce n'était du sentiment d'isolement. Pour ce qui est de la liberté de l'entrepreneur, c'est très relatif; je ne peux pas me payer le luxe de ne pas rentrer au travail un matin parce que ça ne me tente pas. "

Dans cinq ans ? Passive- Action se sera diversifiée, espère son dirigeant, avec d'autres procédés de traitement des métaux comme l'électropolissage (par champs électriques) pour les industries alimentaire et pharmaceutique; le nettoyage de service d'oxygène pour les entreprises qui produisent de l'oxygène pur ou utilisent ce gaz dans leurs procédés industriels (le nettoyage permet d'enlever les corps gras parce que ceux-ci, lorsqu'en contact avec de l'oxygène, peuvent être explosifs); le chromage; la finition de surfaces spécialisées, etc.

Mais pas question de prendre le mors aux dents : M. Brassard ne prévoit créer que 10 emplois d'ici cinq ans.