L'idée de fonder Unima Logiciel vous est venue de votre père. Quelle est la petite histoire derrière cette réussite ?

Mon père, Lionel, un professeur de philosophie, a travaillé à un projet d'alphabétisation en Haïti. C'est là qu'il s'est rendu compte des limites de l'apprentissage d'une langue par l'écrit. Au Québec, il a noté le même problème chez ses étudiants du collégial. À cause de l'ordinateur, les jeunes sont habitués aux images animées; les livres font moins partie de leur réalité. C'est pourquoi mon père m'a demandé, à titre expérimental, de l'aider à illustrer en images animées le texte du Discours de la méthode - " Je pense donc je suis " - de Descartes à l'aide du film La Guerre des étoiles. Ses étudiants ont adoré, et j'ai tout de suite vu le potentiel de cette technologie.

Pouvez-vous expliquer en quoi consiste cette technologie ?

Notre premier produit commercialisable est Uslic, un logiciel d'apprentissage des langues secondes par l'animation. Cette technologie est basée sur l'ontologie [au sens informatique, c'est un ensemble d'informations dans lequel sont définis les concepts utilisés dans un langage donné et qui décrit les relations logiques entre eux]. Nous avons récemment signé un contrat de distribution en Chine. L'écriture chinoise étant composée de signes graphiques, c'est un marché naturel pour notre technologie. Et c'est aussi le premier marché mondial de l'apprentissage des langues.

Où voyez-vous votre entreprise dans cinq ans ?

À partir de la technologie brevetée d'Uslic, mon but ultime est de développer un véritable langage universel basé sur l'animation. Par exemple, si j'écris " Pascal traverse la rue " en français sur mon clavier, le logiciel traduira la phrase en images animées qui pourront être comprises dans n'importe quelle langue. Et je pense que d'ici cinq ans, nous ne serons pas loin du but. Et Uslic sera utilisé dans le milieu de l'éducation de plusieurs pays.

Quel conseil donnez-vous aux jeunes qui songent à se lancer en affaires ?

Au Québec, on manque souvent d'audace. On se protège pour amortir le coup en cas d'échec, mais on oublie de planifier le succès. Moi, je vise un chiffre d'affaires de plusieurs milliards de dollars à long terme et je n'ai pas peur de le dire. Un entrepreneur doit être capable d'assumer sa vision, même si les autres trouvent ça un peu gros.

dominique.froment@transcontinental.ca