Un succès au box-office ne fait pas toujours recette

Publié le 05/11/2011 à 00:00

Un succès au box-office ne fait pas toujours recette

Publié le 05/11/2011 à 00:00

Le goût de faire un film sans aide gouvernementale ? Mieux vaut y renoncer, à moins de vouloir vous faire un nom et être prêt à y laisser beaucoup d'argent.

«C'est quelque chose que je déconseille hautement lorsque des gens viennent nous voir. Vous allez ruiner vos proches, c'est mathématiquement impossible», dit Louis Dussault, président de K-Films Amérique.

La maison, spécialisée dans le cinéma d'auteur, a été approchée pour distribuer Deux frogs dans l'Ouest. M. Dussault n'était pas convaincu de son potentiel. K-Films a récemment pris un autre pari avec la production La Run, un film des frères Demian et Leonardo Fuica, aimé par un certain nombre de critiques.

«On a mis 180 000 $ en promotion sur ce film. Il avait un solide potentiel. Il est cependant arrivé en salle au Québec au cours du fameux week-end de l'ouragan Irene. Les médias ont à ce point exagéré l'ampleur de la tempête que la fréquentation est tombée de 85 % ce week-end-là. Ça a été catastrophique, on ne récupérera jamais notre mise. Les frères Fuica, encore moins», raconte M. Dussault.

Des scénarios gagnants, mais peu payants

La rentabilité est loin d'être assurée, même pour les productions à grand succès.

J'ai tué ma mère, de Xavier Dolan en est un exemple. Après avoir mis ses 140 000 $ d'économies personnelles dans le projet, le jeune réalisateur a manqué de fonds aux trois quarts du projet. La Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) a décidé de l'épauler pour terminer le film, qui a ensuite fait le tour du monde et remporté nombre de prix.

«Le film a fait plus d'un million de dollars au box-office et Xavier n'a pas encore récupéré sa mise», affirme Louis Dussault.

Bon Cop, Bad Cop, l'une des productions les plus payantes de l'histoire du cinéma québécois (12,4 millions de dollars [M$] au guichet), n'a pas non plus fait ses frais.

«La production du film devait coûter 7 M$ et en a coûté 8,5 M$. Pour parvenir au seuil de rentabilité, il aurait fallu récolter autour de 25 M$», dit son producteur Kevin Tierney.

«Il est très rare que l'on réussisse à récupérer les sommes investies. Généralement, on récupère environ 10 %», dit Carole Brabant, directrice générale de Téléfilm Canada.

Une bonne partie des revenus de guichet restent aux exploitants de salle, qui étaient peu rentables avant la consolidation de Cineplex et Famous Players. Les exploitants obtiennent environ 50 % des recettes la première semaine, 40 % la seconde et 35 % les semaines qui suivent.

Grosso modo, le distributeur reçoit au final environ 40 % des revenus. Le reste va normalement au producteur, mais après que le distributeur a épongé ses coûts de promotion (bande annonce, publicité, etc.). «Il en coûte généralement de 150 000 à 200 000 $», juste pour ces frais, dit M. Dussault.

Les revenus provenant de la vente de DVD et des chaînes de télévision spécialisées sont rarement suffisants pour couvrir le coût total d'une production.

Où le producteur fait son argent

«On se garde généralement environ 10 % du coût total prévu d'un film. Mais c'est nous qui supportons le risque de dépassement», explique le producteur Kevin Tierney.

«Un autre 10 % leur est aussi généralement accordé pour les frais d'administration de leurs entreprises», précise Mme Brabant.

Le rapport annuel 2010 de l'Association des producteurs de film et de télévision du Québec révèle que le budget moyen des films francophones a été de 3,3 M$ et celui des films anglophones, de 6,6 M$. La SODEC a reçu l'an dernier 144 demandes de financement de long métrage de fiction. Elle en a financé 27. Chez Téléfilm, le ratio tourne généralement autour de 25 projets sur 125 demandes. Il n'est pas rare que les deux organismes financent les mêmes films.

Autrement dit, beaucoup de producteurs sont appelés, peu sont élus.

À la une

Le Québec pâtira-t-il de la guerre commerciale verte avec la Chine?

17/05/2024 | François Normand

ANALYSE. Les producteurs d’acier craignent que la Chine inonde le marché canadien, étant bloquée aux États-Unis.

Bourse: Wall Street finit en ordre dispersé, le Dow Jones clôture au-dessus des 40 000 points

Mis à jour le 17/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé.

À surveiller: AtkinsRéalis, Boralex et Lightspeed

17/05/2024 | Charles Poulin

Que faire avec les titres AtkinsRéalis, Boralex et Lightspeed? Voici des recommandations d’analystes.