Un budget un brin audacieux, axé sur la création de richesse

Publié le 07/04/2012 à 00:00

Un budget un brin audacieux, axé sur la création de richesse

Publié le 07/04/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Sans être révolutionnaire, le dernier budget de Jim Flaherty permet de mieux décoder la philosophie économique du gouvernement Harper. Maintenant qu'il dirige un gouvernement majoritaire, le Parti conservateur se révèle plus affirmatif sur l'orientation économique qu'il veut donner au Canada.

Le retour à l'équilibre financier est jugé prioritaire, mais Ottawa ne veut rien bousculer. Il ne réduit aucun transfert aux particuliers ni aux provinces, et il maintient les crédits des conseils qui gèrent les subventions à la recherche dans les domaines de la santé, des sciences naturelles et des sciences humaines. Le financement des arts est maintenu.

Ottawa accroîtra ses dépenses de programmes de 11 % d'ici mars 2017, mais ce sera surtout pour stimuler le développement industriel. Et même s'il se montre conservateur, le gouvernement sera directif sur le plan de l'aide aux entreprises en introduisant des programmes ciblés et en orientant davantage la recherche qu'il finance.

Après avoir dépensé généreusement alors qu'il était minoritaire, le gouvernement annonce maintenant des «économies» de 5,2 milliards de dollars (G$) au terme de la troisième année de son programme budgétaire. Or, celles-ci ne représentent que 2,1 % des dépenses de programmes et 0,2 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. On est très loin des compressions des gouvernements de l'Espagne (4,5 % du PIB), de la France (3,3 %) et de l'Allemagne (2,4 %). Ottawa veut éliminer 19 200 postes (dont 7 200 par attrition) en trois ans, mais les libéraux en avaient coupé 50 000 dans les années 1990 sans que l'on s'en rende trop compte. Or, les effectifs fédéraux ont augmenté de 95 000 employés de 1998 à 2011, pour approcher les 400 000. L'impact réel des réductions de postes annoncées sera plutôt limité.

Cela dit, le gouvernement recherche néanmoins des économies significatives pour accroître l'efficacité de plusieurs programmes gérés par différents ministères et agences. Il n'y a aucun doute qu'il faut éliminer des dépenses inutiles et revoir des programmes désuets. Il y a sûrement des gains d'efficacité à portée de main dans la sous-traitance, la téléconférence et le télétravail. Des réductions de dépenses importantes sont ciblées, mais aucun détail n'a été donné sur la façon dont on les obtiendra, ni sur les mesures qui seront prises pour faire en sorte que les services essentiels pour la santé et la sécurité des Canadiens soient assurés. Il importera de veiller à ce que cette révision se fasse de façon optimale.

Interventionnisme économique accru

Pour stimuler le développement industriel, le gouvernement veut consacrer 1,1 G$ en cinq ans au soutien additionnel direct à la recherche, à l'investissement par les entreprises et à l'innovation. De plus, il compte investir 500 millions de dollars (M$) en capital de risque, dont 100 M$ par l'intermédiaire de la Banque de développement du Canada.

Alors qu'il veut réduire de 20 à 15 % le crédit d'impôt à la R-D et soustraire l'admissibilité des dépenses de capital à cet avantage fiscal, qui est critiqué pour son coût élevé et son impact réel limité sur le plan du développement industriel, Ottawa subventionnera directement les entreprises qui développent des technologies nouvelles et prometteuses et qui ont besoin d'aide pour commercialiser les produits qui en sont issus. Cet interventionnisme est un pari aussi risqué qu'étonnant, car non seulement l'efficacité de ce virage est incertaine, mais cette approche ne convient pas à la philosophie prétendument conservatrice du gouvernement. Ottawa exigera aussi que les gestionnaires des fonds de recherche favorisent des projets susceptibles de déboucher sur des applications concrètes, un objectif souvent négligé par les universitaires.

Comme d'autres pays, le gouvernement portera de 65 à 67 ans à compter de 2023 l'âge d'accès à la Sécurité du revenu. C'est justifié par l'amélioration de l'espérance de vie.

Autre mesure pertinente, Ottawa veut simplifier l'examen environnemental des grands projets industriels et proposera aux provinces de n'en faire qu'un afin d'accélérer ce processus, qui est extrêmement lourd. Pour appuyer cette démarche, le budget alloue 165 M$ à la gestion environnementale de plusieurs projets dans le domaine des ressources naturelles (mécanisme d'examen, surveillance d'infrastructures, gestion de la sécurité, etc.).

Globalement, le budget Flaherty renforcera notre économie et rendra notre pays encore plus attrayant pour les investisseurs étrangers et les immigrants économiques.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Selon des données de NADbank, principale agence de vérification du lectorat des quotidiens et hebdomadaires au Canada, un grand nombre d'entre eux, dont Les Affaires, ont accru leur auditoire au cours de la dernière année. C'est encourageant pour la presse écrite. De plus, 58 % des lecteurs sondés avouent lire leurs nouvelles uniquement dans un journal, alors que 9 % se limitent à Internet pour leurs nouvelles et que 78 % utilisent les deux.

Je n'aime pas

Selon le rapport d'un évaluateur agréé préparé pour Infrastructure Québec, le retard de l'Agence métropolitaine de transport (AMT) à exproprier des terrains nécessaires aux 11 gares prévues pour le Train de l'Est a fait passer leur coût de 18 à 38 millions de dollars. Ce n'est là qu'une indication de l'incurie qui a accompagné la réalisation de ce projet, dont la configuration est difficilement justifiable. Cette infrastructure, dont le coût est passé de 300 à 630 M$ depuis son annonce en 2006, est maintenant gérée par Infrastructure Québec. Reste maintenant à savoir à qui cette spéculation a surtout profité.

jean-paul.gagne@tc.tc

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