«On sait où on veut aller»

Publié le 17/11/2012 à 00:00, mis à jour le 15/11/2012 à 09:44

«On sait où on veut aller»

Publié le 17/11/2012 à 00:00, mis à jour le 15/11/2012 à 09:44

Elle a été perçue comme un frein à l'économie du Québec dès son arrivée au pouvoir, mais deux mois et demi plus tard, Pauline Marois place la création de richesse et le développement du Nord au coeur de ses préoccupations. Elle s'ouvre aux compromis pour convaincre la communauté d'affaires.

Souples sur les moyens, fermes sur les objectifs. C'était la directive de Pauline Marois à ses ministres lors de leur assermentation en septembre. Aujourd'hui, il faut constater que même les objectifs s'assouplissent.

La première ministre se montre disposée à négocier avec les entreprises un compromis sur les redevances minières et à créer des incitatifs fiscaux pour favoriser la transformation du minerai chez nous. Sans compter qu'elle souhaite l'électrification des transports et une stratégie d'innovation. «On en a un point de vue économique. On sait où on veut aller», a affirmé la première ministre en entrevue avec Les Affaires, à quelques jours du dépôt du premier budget de son gouvernement.

Décidée à prouver sa volonté et sa compétence pour stimuler l'économie québécoise, Pauline Marois a passé la première moitié de l'entrevue à défendre son point de vue et ses projets avant de répondre à d'autres questions. Elle avait un message à livrer à la communauté d'affaires, dont l'inquiétude, remarque-t-elle, a grandi avec le dossier de la taxe santé, le déclassement de Gentilly-2, le plan du PQ sur les redevances minières et l'arrêt du prêt de la mine d'amiante Jeffrey. Elle aurait pu y aller «plus mollo», reconnaît-elle.

«Tout ça en même temps a créé une espèce de crainte ou un froid, mais je crois qu'on est en train de rétablir les ponts et de faire tomber ces inquiétudes», a souligné Mme Marois, déterminée à détruire le mythe que le PQ est le parti des seules politiques sociales.

Redevances par minerai

L'épineuse question des redevances, qui a fait poindre le risque de compromettre le développement du Nord, ne se réglera pas seulement entre ministres. Au début de 2013, le PQ organisera une rencontre avec les entreprises concernées pour déterminer comment le Québec peut tirer de meilleurs avantages de l'exploitation de ses ressources naturelles. L'engagement péquiste de fixer une redevance de 5 % sur la valeur du minerai extrait n'est plus un dogme.

«On va vérifier l'hypothèse concrètement avec les décideurs de ces entreprises. On pense qu'on doit absolument aller chercher une redevance sur la valeur brute. Est-ce que c'est 5% qu'on doit garder ou est-ce que c'est un pourcentage selon le minerai ? Dans certains États, c'est une redevance selon le minerai et c'est peut-être une avenue qui serait plus intéressante», avance Mme Marois.

Le PQ reprend ainsi une idée de la CAQ de François Legault. Et quant à sa volonté de taxer le surprofit, cela pourrait prendre du temps. «On va voir comment on peut l'appliquer, l'adapter et, s'il y a lieu, le faire sur une période un peu plus longue. Mais à voir et à discuter», souligne la première ministre.

Si des craintes se sont manifestées à l'égard des investissements publics dans le développement des infrastructures du Nord québécois, Pauline Marois se veut désormais rassurante.

«Nous allons le continuer, le développement du Nord, et nous allons l'appuyer davantage si nécessaire, parce qu'on veut en tirer plus de création de richesse», affirme-t-elle.

Aussi, son gouvernement est prêt à investir en partenariat avec le privé dans la construction d'infrastructures comme les voies de transport. Mais il ne prendra pas tous les risques. Soit les entreprises privées paieront une partie des coûts, soit le gouvernement deviendra actionnaire de l'entreprise en contrepartie de son investissement.

Quant à la volonté de transformer des ressources naturelles au Québec, il y a loin de la coupe aux lèvres, mais Pauline Marois dit que son groupe d'action ministériel pour la mise en oeuvre d'investissements privés étudie quelques projets.

«Il y a encore beaucoup de défrichage à faire», annonce-t-elle.

Du même souffle, elle précise qu'il n'est pas question d'obliger une entreprise spécialisée dans l'extraction à s'engager dans la transformation. «Si on n'a aucune expertise, je crois que c'est un peu irréaliste de demander ça», reconnaît-elle.

Incitatifs fiscaux pour la transformation

Son rôle avec le groupe d'action est donc d'associer des partenaires qui pourraient acheter le minerai extrait au Québec et le transformer ici.

«C'est difficile, mais en même temps, il peut y avoir des incitatifs fiscaux offerts à des entreprises qui feraient des investissements chez nous. On l'a fait dans certains secteurs industriels, et peut-être que ça les inciterait quand même et malgré tout à faire de la transformation ici», espère-t-elle.

Des infrastructures retardées

Sans jeter aux orties les travaux d'infrastructures majeurs comme l'échangeur Turcot, par exemple, Pauline Marois souligne que le rythme des investissements sera ralenti. Le plan quinquennal des libéraux prévoyait pour les infrastructures une somme record de 44 milliards de dollars de 2011 à 2016, dont près de la moitié dans les transports et le quart en santé. En 2009, pour faire face à la crise, le PLQ avait haussé de 10% ses investissements.

«Je crois que c'était trop rapide, et que ça a donné une telle pression sur notre économie que ça a probablement favorisé l'apparition de la collusion et de la corruption dans l'industrie de la construction», analyse Mme Marois, qui associe sa recherche de l'intégrité à l'amélioration du climat économique.

La première ministre promet de maintenir les cibles pour atteindre l'équilibre budgétaire. Le budget définira par ailleurs les objectifs de réduction du ratio dette sur PIB, grimpé à 55% sous la gouverne libérale. Il concrétisera aussi ce à quoi le PQ rêve pour l'avenir économique du Québec : hausse des investissements privés, augmentation des exportations, politique d'innovation et effort accru en R-D.

Même si le gouvernement doit rapidement combler un trou de 1,6 G$ dans ses finances, Pauline Marois garantit que cela ne touchera pas ses engagements électoraux. Il y aura étalement dans le temps, mais aussi des orientations différentes de celles du gouvernement précédent.

«Il y aura d'autres choix qu'on pourra faire», conclut-elle, laissant planer le mystère jusqu'au 20 novembre.

44 G$

Dépenses en infrastructures prévues par le gouvernement Charest pour 2011-2016. Les dépenses seront ralenties, dit Pauline Marois.

1,6 G$

Dépassement des dépenses en regard des objectifs budgétaires du précédent gouvernement pour 2011-2012

valerie.lesage@tc.tc

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