Nutri-OEuf n'a pas mis tous ses oeufs dans le même panier

Publié le 08/10/2011 à 00:00

Nutri-OEuf n'a pas mis tous ses oeufs dans le même panier

Publié le 08/10/2011 à 00:00

Croître par acquisitions ou se faire acheter ? Nutri-OEuf, de Saint-Hyacinthe, a choisi la première option.

En 2005, la société de commercialisation constate qu'elle n'a plus d'avenir si elle se cantonne au Québec. La solution pour hausser ses revenus consiste donc à augmenter sa production par l'intermédiaire d'acquisitions au Canada.

"Ç'a été notre meilleure décision d'affaires, puisqu'il nous fallait aussi devenir un fournisseur national pour répondre aux besoins des grandes chaînes", dit le directeur général de Nutri-OEuf, Richard Decelles. Depuis 2005, l'entreprise a acheté cinq classificateurs et distributeurs d'oeufs en Nouvelle-Écosse, au Manitoba et en Ontario, ce qui a fait passer ses revenus à 160 millions de dollars et son effectif à 250 personnes.

Sa dernière acquisition, Supreme Eggs, lui a permis de faire une percée sur le marché de la transformation des oeufs.

Nutri-OEuf, qui appartient à 35 producteurs d'oeufs québécois, classe et met en marché 40 % de tous les oeufs produits au Québec.

Grâce à ses récentes acquisitions, elle détient la moitié du marché dans les Maritimes, 10 % en Ontario et 40 % au Manitoba. Cela représente annuellement quelque 1,1 milliard de cocos !

Marque moins connue

Drôle de marché que celui des oeufs. Comme la production est contingentée, impossible de multiplier les douzaines à moins de racheter les quotas d'un producteur ou d'acquérir d'autres classificateurs. "Quand nous décrochons de nouveaux clients, nous ne pouvons pas mettre davantage de poules en production, explique M. Decelles. Alors, il nous faut parfois acheter des oeufs d'un concurrent, et vice versa."

En fait, dans chaque supermarché, les classificateurs sont en concurrence... avec eux-mêmes, car ils produisent les marques privées des chaînes. Comme celles-ci sont vendues à un prix inférieur, elles cannibalisent les marques des classificateurs. "Cela ne change rien à nos revenus, puisque les oeufs proviennent tous de chez nous, concède le directeur général de Nutri-OEuf. Toutefois, c'est notre marque qui disparaît peu à peu."

La conséquence ? Les clients savent de moins en moins d'où proviennent leurs oeufs, car les marques privées ne le précisent pas sur leurs emballages. Difficile alors de favoriser les produits locaux !

L'avis de l'expert

"La stratégie d'acquisitions de Nutri-OEuf la rend moins vulnérable à une éventuelle décision de l'Organisation mondiale du commerce qui ouvrirait les barrières aux oeufs importés", estime Jean-Claude Dufour, doyen de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation de l'Université Laval. L'entreprise devrait même pousser sa stratégie plus loin et réaliser des acquisitions aux États-Unis, voire en Europe.

Il conseille à l'entreprise de promouvoir sa marque, même si ses oeufs ne sont pas vendus partout. "Sinon, sa marque disparaîtra. Nutri-OEuf deviendra alors un fournisseur parmi d'autres, ce qui la fragilisera." Un fournisseur est plus facile à remplacer quand il n'a pas de marque propre, selon Jean-Claude Dufour. Un risque qui deviendrait encore plus grand si les barrières tarifaires aux oeufs importés étaient abolies.

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