Les biotechs québécoises en crise

Publié le 17/06/2010 à 00:00

Les biotechs québécoises en crise

Publié le 17/06/2010 à 00:00

Par François Normand

Le secteur québécois des sciences de la vie meurt à petit feu. De 2003 à 2009, le Québec a perdu 42% de ses entreprises, et la saignée se poursuit.

Biosyntech, une PME de Laval qui travaillait sur la mise au point d'un gel permettant de réparer le cartilage des os s'est placée sous la protection de La loi sur la faillite le 13 mai dernier, gonflant les rangs des entreprises du secteur qui ont disparu, qui vivotent ou qui ont été acquises depuis deux ans.

Labopharm, une autre entreprise de Laval, éprouve aussi sa part de problèmes. Les ventes de Tramadol ? un analgésique ? aux États-Unis sont décevantes. Les analystes de Newcrest, une division de TD Valeurs mobilières, recommandent même de vendre le titre de la société.

Une donnée illustre bien l'ampleur de la crise qui afflige l'industrie des biotechs. En 2003, le Québec comptait 158 entreprises dans ce secteur. Or, en 2009, il n'en restait que 92, soit un recul de 42 %, selon Ernst & Young

Les capital-risqueurs sont frileux

La crise dans l'industrie québécoise tient avant tout à une pénurie de capital de risque, affirment les spécialistes.

« En 2008-2009, il n'y avait plus de capitaux », dit Yves Rosconi, président du conseil de BIOQuébec, l'organisme qui représente l'industrie, et patron de Theratechnologies, une biotech de Montréal.

La récession a refroidi les capital-risqueurs, qui ne se concentrent que sur les valeurs sûres, les grandes sociétés bien établies.

Signe des temps : en 2009, il n'y a pas eu un seul premier appel public à l'épargne dans le secteur des sciences de la vie au Canada.

Un problème pancanadien

Cela dit, les déboires des biotechs sont loin d'être un phénomène conjoncturel et propre au Québec, selon Paul Karamanoukian, associé et responsable pour le Canada du secteur des sciences de la vie chez Ernst & Young.

En 2000, les investissements dans les biotechs canadiennes totalisaient 811 millions de dollars (M$), par rapport à 112 M$ en 2009. « On ne peut pas mettre cela sur le dos de la crise », précise M. Karamanoukian

En 2007, les investissements totalisaient 378 M$, soit deux fois moins qu'en 2000.

L'expert d'Ernst & Young s'explique mal le manque d'intérêt pour cette industrie, qui crée pourtant des emplois de qualité et beaucoup d'emplois indirects.

Le temps presse pour l'industrie, affirme Yves Rosconi.

« Au début de l'année, 70 % des biotechs québécoises avaient pour moins de 10 mois de liquidités », dit-il. Elles ont besoin d'oxygène, et vite, souligne-t-il.

Beaucoup d'entreprises auraient même suspendu leurs activités de R-D afin de réduire au minimum leurs dépenses et ainsi éviter la faillite. Mais sans apport de capitaux, plusieurs d'entre elles devront sans doute déposer leur bilan, craignent les dirigeants de BIOQuébec.

Et la pire menace pour le Québec, c'est que les chercheurs aillent travailler à l'étranger, aux États-Unis ou en Europe. « Une fois qu'ils ont quitté le Québec, ils ne reviennent plus », prévient M. Rosconi.


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