Les banques s'imposent

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Les banques s'imposent

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Par François Normand

En quelques années, les Six se sont taillées la part du lion du marché de la gestion de patrimoine.

BMO, TD, Scotia, RBC, CIBC et la Banque Nationale ont accru leurs parts de marché de 24 % au Canada en cinq ans. En juin, elles contrôlaient près de la moitié de ce marché évalué à 163,8 milliards de dollars canadiens (G$), selon les données colligées par Investor Economics, pour Les Affaires.

Les services liés à la gestion du patrimoine couvrent les aspects fiscaux, contrairement à la gestion de portefeuille traditionnelle, et s'adressent à une clientèle ayant un portefeuille supérieur à 250 000 $ (actifs financiers, héritages, oeuvres d'art, etc.). Le seuil peut aussi être de 500 000 $ chez certaines firmes.

Avec le départ à la retraite des baby-boomers et le transfert d'héritage, la demande est en forte croissance.

Le volume d'actifs sous gestion est passé de 146,8 G$, en juin 2007, à 163,8 G $, en juin 2011.

L'offensive des banques repose sur la croissance interne et l'acquisition de firmes indépendantes.

En novembre 2010, la Banque Scotia a acheté Patrimoine Dundee pour 2,3 G$. En mai, la Banque Nationale a allongé 333 millions de dollars (M$) pour Wellington West, de Winnipeg.

Les banques ont un avantage concurrentiel important sur les gestionnaires indépendants. Elles sont bien placées pour recruter des clients concernant la gestion de patrimoine, car ceux-ci possèdent un compte en banque. Les banques fidélisent ces clients en leur offrant des taux préférentiels pour leurs prêts, à condition qu'ils confient leur épargne à l'institution.

De juin 2007 à juin 2011, les firmes indépendantes de gestion de fortune et les autres institutions financières ont vu leurs parts de marché chuter de 62 à 53 %. Leurs actifs sous gestion ont également diminué de 91 à 87 G$. Cela dit, certains d'entre eux, comme le Mouvement Desjardins, ont augmenté leurs actifs sous gestion en dépit de la mainmise croissante du groupe des Six.

Carole Berthiaume, vice-présidente et gestionnaire de portefeuille principale chez Fiera Sceptre, qui fait entre autres de la gestion de patrimoine, n'est pas surprise de l'intérêt des Six pour ce créneau. Les actifs sous gestion de ce segment ont progressé de 11,6 % en 5 ans, par rapport à seulement 10 % pour l'ensemble de l'industrie de la gestion de portefeuille au Canada (1 983 G$ en 2007 à 2 182 G$ en 2011). «La gestion de patrimoine a un bel avenir», dit-elle.

Récemment, Christopher Hodgson, directeur de la gestion de patrimoine à la Scotia, expliquait que ce créneau était à ce point devenu stratégique qu'il pourrait représenter de 20 à 30% des revenus de la banque d'ici quelques années. Dans une récente analyse, Credit Suisse note que RBC veut faire passer ses actifs sous gestion dans la gestion de patrimoine de 900 M$ US, en 2011, à 2 G$ US, en 2015.

Des gestionnaires préoccupés

L'offensive des Six dans la gestion de patrimoine préoccupe certains gestionnaires indépendants.

«Nous devons nous battre davantage pour décrocher des mandats», admet Denis Durand, associé principal chez Jarislowsky Fraser. Selon lui, les consommateurs sont davantage «bombardés» par l'offre de services des banques que par celle des gestionnaires indépendants. Daniel Simard, coordonnateur général de Bâtirente, le régime de retraite de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) qui ne fait pas de gestion de patrimoine, estime que la concentration entre les mains d'un groupe restreint d'acteurs pourrait faire augmenter les frais de gestion facturés aux investisseurs.

Il fait le parallèle avec les frais de gestion facturés par les gestionnaires de fonds communs au Canada, qui sont plus élevés qu'aux États-Unis. Selon Morningstar, les fonds d'actions au Canada commandent des frais médians de 2,31 % par rapport à 0,94 % aux États-Unis.

Peter Dlouhy, gestionnaire de portefeuille chez Lester Asset Management, croit même qu'une mainmise accrue des banques sur la gestion de patrimoine aura un effet négatif sur les rendements des investisseurs. «Les petites firmes de gestion affichent généralement de meilleurs rendements que les grandes, car elles sont plus efficaces et plus souples dans leur stratégie d'investissement.»

Morningstar n'a jamais fait d'étude exhaustive à ce sujet. Christian Charest, rédacteur du site Web Morningstar Canada, souligne toutefois qu'à court terme (un mois), les firmes qui affichent les meilleurs comme les pires rendements sont pour la plupart de petits gestionnaires de portefeuille. En revanche, à long terme (5 à 10 ans), les grosses firmes réalisent généralement une meilleure performance.

Richard Morin, chef de l'exploitation chez Landry Morin, ne s'inquiète pas outre mesure de la concurrence accrue des Six concernant la gestion de fortune dans la mesure où les indépendants peuvent encore croître. Selon lui, la concurrence des grandes banques deviendrait problématique si elle nuisait à la création de firmes indépendantes.

L'Association des banquiers canadiens et l'Association canadienne du commerce des valeurs mobilières ont refusé de commenter l'augmentation des parts de marchés des principales banques canadiennes.

Les services liés à la gestion du patrimoine couvrent les aspects fiscaux, contrairement à la gestion de portefeuille traditionnelle. Ils s'adressent à une clientèle ayant un portefeuille supérieur à 250 000 $.

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