Le cerveau prend les commandes

Publié le 04/05/2013 à 00:00, mis à jour le 02/05/2013 à 10:45

Le cerveau prend les commandes

Publié le 04/05/2013 à 00:00, mis à jour le 02/05/2013 à 10:45

Exit la souris, l'écran tactile et la détection de mouvements. À l'avenir, les ordinateurs pourraient être contrôlés par la pensée. Samsung, notamment, a déjà mis au point un prototype expérimental de tablette répondant à l'activité électrique du cerveau. Stanley Yang, pdg de NeuroSky, un des principaux fabricants de casques électro-encéphalographiques (EEG) destinés aux consommateurs, estime que ce type de produits sera sur le marché d'ici cinq ans.

Concrètement, ces casques mesurent l'activité électrique du cerveau, de sorte qu'on peut associer certaines fréquences hertziennes à une commande. Les casques de NeuroSky, en vente à partir de 79,99 $ US, permettent déjà de jouer à certains jeux et même de contrôler un hélicoptère téléguidé compatible.

Cette approche a vu le jour dans les années 1990, lorsque le chercheur allemand Niels Birbaumer a utilisé la technologie afin de permettre à des patients souffrant du syndrome d'enfermement (paralysie complète) de contrôler un ordinateur grâce leur pensée. Après une longue période d'entraînement, ces patients pouvaient écrire à une vitesse moyenne d'une lettre par minute.

Une technologie améliorée

La technologie a évolué depuis. Le prototype de tablette élaborée cette année par l'équipe de Samsung, en collaboration avec des chercheurs de l'université du Texas, surmonte plusieurs inconvénients de la technologie avec des boutons clignotant à différentes fréquences. Il suffit de fixer un bouton durant cinq secondes pour que l'activité électrique du cerveau de l'utilisateur y réponde et, par conséquent, pour démarrer l'application correspondante. L'approche permet ainsi d'éliminer l'étape de l'entraînement, tout en permettant aux utilisateurs de la technologie de manipuler la tablette plus rapidement.

Le principal obstacle

Pour cette expérience, les chercheurs ont utilisé un casque EEG comptant une multitude d'électrodes, fixées grâce à un gel conducteur. Même s'il est peu esthétique, le type de casque utilisé est plus précis que ceux de NeuroSky.

Selon Stanley Yang, de NeuroSky, la technologie ne pourra pas devenir une interface grand public d'interactions avec les ordinateurs avant qu'on ait trouvé le moyen de fabriquer des casques que les gens auront envie de porter. «De manière surprenante, le plus important obstacle n'est pas la technologie, mais de convaincre les gens de porter un casque; afin de le surmonter, on pense à des approches différentes pour capter le signal électrique du cerveau», soutient M. Yang.

DES APPLICATIONS MÉDICALES DISCUTABLES

S'il est peu probable que les écrans tactiles disparaissent au profit des casques EEG, la technologie devrait être utile dans certains contextes.

Par exemple, les lunettes de Google seraient sans doute beaucoup plus pratiques si on pouvait leur faire prendre des photos sans élever la voix. NeuroSky, d'ailleurs, mise beaucoup sur l'intégration de sa technologie dans des appareils tiers pour assurer son développement : «Je vois d'un bon oeil que Samsung, ou d'autres entreprises, s'intéressent à cette technologie, car nous aimerions leur vendre nos capteurs», explique M. Yang.

Si contrôler un hélicoptère avec son esprit frappe l'imaginaire, on pourrait contrôler le même jouet avec beaucoup plus de précision en utilisant une manette. Pour cette raison, Niels Birbaumer, pionnier de la technologie de contrôle des ordinateurs par la pensée, ne prend pas au sérieux les entreprises comme NeuroSky.

Dans une vidéo qu'il a publiée sur son site Internet, le chercheur allemand soutient que leur seul attrait est la nouveauté et que la technologie n'a rien à offrir aux bien portants.

Au-delà de leur aspect ludique, une part importante de l'attrait commercial des casques de NeuroSky repose sur les promesses de plusieurs logiciels compatibles, présentés comme des programmes d'entraînement ayant des vertus thérapeutiques. Dans les faits, plusieurs études ont démontré que les exercices de neurofeedback peuvent améliorer la situation de patients atteints de trouble du déficit de l'attention.

Or, selon la neuropsychologue Johanne Lévesque, qui a cosigné l'une des études les plus complètes sur la question, publiée en mars, l'efficacité de ces logiciels est douteuse : «Ces logiciels adoptent une approche one size fits all, mais dans les faits, il y a différents types d'anomalies électriques, et un patient risque de faire des exercices qui n'amélioreront pas sa condition». Mme Lévesque explique par ailleurs que ces exercices sont inoffensifs pour la santé.

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