Des clones aux quatre coins du monde

Publié le 02/06/2012 à 00:00

Des clones aux quatre coins du monde

Publié le 02/06/2012 à 00:00

La Californie a Silicon Valley. Le Brésil, lui, a San Pedro Valley. À 483 kilomètres au nord-ouest de São Paulo, elle abrite Belo Horizonte, une ville de trois millions d'habitants et des douzaines de start-ups, des incubateurs et quelques universités.

L'entreprise de Diego Gomes, une star de l'univers techno sud-américain, se trouve à Belo Horizonte. EverWrite vient de remporter le premier prix du concours PS10, qui couronne les meilleures start-ups d'Amérique latine. «Aucun endroit au monde n'est comparable à Silicon Valley en matière d'investissements disponibles, de modèles d'entrepreneurs ni de culture d'entrepreneuriat, confie le jeune entrepreneur. Mais cela ne doit pas nous empêcher de tenter de créer notre propre version de Silicon Valley.»

Londres, Berlin, New York, Dublin, Skolkovo (au sud de Moscou)... Toutes ces villes rêvent de créer leur propre Silicon Valley. Mais, par où commencer ? Et qui en a le pouvoir ? Le gouvernement ? À Londres aussi bien qu'à Skolkovo et à New York, les gouvernements sont fortement engagés. Le coup d'envoi de la Silicon Valley russe a été donné en novembre 2009 par le président d'alors, Dimitri Medvedev. À New York, le maire Michael Bloomberg a dévoilé, en mai 2011, son plan de match pour faire de NYC la capitale numérique des États-Unis. Il l'a surnommée «Silicon Alley». Le premier ministre britannique, lui, voit plus grand. David Cameron veut faire de la région est de Londres (Est End) rien de moins que la capitale numérique mondiale (techcityuk.com) ! Et il ne ménagera rien pour y arriver. Il compte même actualiser les lois entourant la propriété intellectuelle pour soutenir la concurrence américaine.

Diego Gomes pense que le maire Bloomberg et le premier ministre Cameron surestiment leur influence. «Je ne crois pas qu'un gouvernement puisse faire jaillir une cité techno, dit-il. Chacun son rôle. Les gouvernements installent des conditions favorables à l'éclosion d'une culture entrepreneuriale, mais ce sont les entrepreneurs qui donnent vie aux Silicon Valley de ce monde.»

Des visas accessibles et des universités cool

Stephan Uhrenbacker n'a jamais rencontré Diego Gomes. Mais cet entrepreneur en série allemand tient le même discours que son homologue brésilien. «Un pôle techno, c'est d'abord une communauté de gens», résume-t-il. Toutefois, le gouvernement peut donner un coup de pouce. Il peut contribuer à l'émergence de nouvelles Silicon Valley de quatre façons, estime Stephan Uhrenbacker. D'abord, en facilitant l'obtention de visas pour les étrangers afin d'élargir le bassin de main-d'oeuvre auquel les entrepreneurs ont accès, un levier que tous les gouvernements utilisent en ce moment. Ensuite, en s'assurant de la qualité des universités, mais aussi de leur créativité. «Nous manquons d'universités cool à Berlin, souligne le fondateur de 9flats.com et Qype.com. Les universités californiennes n'offrent pas que des programmes traditionnels. Les pôles technos naissent du mélange des genres : les arts, les affaires et la science.»

Faciliter l'éclosion et la multiplication du capital de risque par un régime fiscal attirant s'avère aussi essentiel. Tout comme de vérifier que les entrepreneurs ont accès à des infrastructures abordables. «Tout le reste, il faut le laisser aux entrepreneurs ! ajoute Stephan Uhrenbacker. Et surtout, évitons que le gouvernement décide artificiellement quel secteur favoriser.»

L'entreprise de Stephan Uhrenbacker, 9flats.com, est installée dans le quartier Kreuzberg de Berlin. La capitale allemande compte non pas un, mais bien deux mini Silicon Valley, Mitte et Kreuzberg, à cinq kilomètres de distance. Mitte se développe depuis une dizaine d'années. Il y a cinq ans, lorsque les loyers ont commencé à grimper, la nouvelle vague d'entrepreneurs s'est plutôt installée à Kreuzberg. Berlin ne se contente pas de disputer le titre de «capitale numérique» aux autres villes, elle se le dispute à elle-même !

D'ailleurs, en 2011, l'Allemagne serait, selon Thomsons Reuters, le pays où le plus grand nombre de start-up Internet ont bénéficié de capital de risque. On en dénombre 103 à se partager cet honneur.

«Aujourd'hui, une start-up n'a plus besoin de s'établir dans la Silicon Valley pour réussir, pourvu qu'elle se tienne au courant de ce qui se passe là-bas.» - Jeff Grammer, partenaire chez Rho Canada

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