AV&R Vision et Robotique songe à percer le secteur de la santé

Publié le 29/10/2011 à 00:00

AV&R Vision et Robotique songe à percer le secteur de la santé

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Par François Normand

Éric Beauregard n'a pas encore tranché, mais il songe sérieusement à diversifier les revenus d'AV&R Vision et Robotique dans le marché des implants orthopédiques aux États-Unis. «Le tiers des Américains auront besoin d'un implant au cours de leur vie», dit le président de la PME dont les robots inspectent et effectuent la finition de moteurs d'avions et de turbines à gaz.

«Nous réalisons des tests pour voir si nos systèmes peuvent être appliqués au secteur de la santé», précise Éric Beauregard.

À la fin des années 2000, l'entreprise avait diversifié ses sources de revenus géographiques - en Europe et en Asie - pour limiter l'impact de la récession aux États-Unis.

À ses clients nord-américains tels que Pratt & Whitney et GE Energy, s'est ajoutée, entre autres, l'allemande MTU Aero Engines. Les systèmes d'AV&R permettent aux entreprises d'améliorer leurs procédés, leur productivité et la qualité de leurs équipements.

Selon Éric Beauregard, les solutions d'AV&R Vision et Robotique pourraient servir aux entreprises qui fabriquent des prothèses de genou ou de hanche. «Ce sont des pièces très complexes», dit-il.

Dans cette industrie, on trouve des fabricants de matériel médical comme Stryker, Johnson & Johnson et Zimmer Holdings.

Le marché des implants orthopédiques est en forte croissance aux États-Unis, souligne Éric Beauregard. Selon les spécialistes en santé publique, ce phénomène tient à l'obésité, au manque d'activité physique et au vieillissement de la population américaine.

Les études confirment que la demande d'implants et de prothèses orthopédiques sera forte. Les ventes mondiales de ce type de matériel devraient atteindre 19,4 milliards de dollars américains (G$ US) en 2015, selon la firme Global Industry Analysts.

Si elle s'attaque à ce marché, AV&R Vision et Robotique utilisera la même stratégie que dans les secteurs de l'aérospatiale et de l'énergie, où elle réalise respectivement 86 % et 12 % de son chiffre d'affaires (le reste provient de secteurs industriels moins stratégiques pour elle, comme l'industrie automobile).

Pour accroître ses revenus, l'entreprise d'une cinquantaine d'employés augmentera son offre de produits. Pas question ici de laisser tomber sa niche de fournisseurs de systèmes d'inspection et de finition automatisés, qui a fait sa force ces dernières années.

«Nous restons toujours spécialisés, mais en offrant une valeur ajoutée à nos solutions, précise Éric Beauregard. Par exemple, nous faisons des inspections en deux dimensions (2D), mais nous voulons les offrir en 3D.»

AV&R Vision et Robotique mise aussi sur l'innovation pour se démarquer. Par exemple, la PME d'une cinquantaine d'employés investit un million de dollars par année en R-D, ce qui est important pour une PME ayant un chiffre d'affaires de 5 à 10 M$. «Sans cet investissement, nous ne serions pas capables d'offrir de nouvelles solutions et de nous démarquer de la concurrence», dit l'entrepreneur.

Des concurrents de taille variable

Aux États-Unis, le principal concurrent de AV&R Vision et Robotique est Acma manufacturing, qui a un chiffre d'affaires de plus de 25 M$ US, selon le site BNET (The CBS Interactive Business Network).

En Europe, où la PME montréalaise réalise la plus importante part de ses revenus à l'étranger (30 %), ses concurrents sont des PME implantées près de manufactures. «Ce sont des entreprises dont le chiffre d'affaires atteint de 1 à 5 M$», affirme Éric Beauregard. Il ajoute que malgré leur petite taille, elles sont très appréciées par les manufacturiers allemands, qui aiment généralement s'approvisionner dans leur région.

«Cela nous oblige à convaincre les clients potentiels en Allemagne qu'ils font une meilleure affaire avec nous», dit-il. Comment ? En innovant (par exemple, avec l'inspection en 3D) et en essayant de devancer les besoins des clients pour leur offrir des solutions et des systèmes automatisés auxquels ils n'ont pas pensé.

Les astres sont alignés pour AV&R Vision et Robotique : la demande de systèmes automatisés explose. En 2013, 29 100 robots industriels devraient être installés en Europe et 13 500 en Amérique du Nord, selon l'Observatoire stratégique de la sous-traitance, en Suisse. Par rapport à 2010, cela représente des hausses de 27 % et 23 %, respectivement.

LES RISQUES DE AV&R VISION ET ROBOTIQUE

Risque de liquidités

Pour croître et investir en R-D (environ un million de dollars (M$) par année), AV&R Vision et Robotique a besoin de capitaux. Or, la plupart de ses clients lui payent ses systèmes d'inspection et de finition automatisés de 6 à 8 mois après en avoir fait la commande. «Cela pose un défi de flux de trésorerie», explique le président, Éric Beauregard. Par exemple, au cours des trois prochaines années, l'entreprise prévoit doubler ses revenus totaux pour atteindre de 10 à 20 M$. Elle pourrait peut-être augmenter son chiffre d'affaires davantage, mais cela poserait un «défi» de liquidités pour financer cette croissance.

Risque technologique

L'arrivée d'un nouveau concurrent doté d'une nouvelle technologie est un autre risque. «Un tel concurrent, que nous n'aurions pas vu venir, amoindrirait notre solution d'affaires ou, pire encore, la rendrait désuète !» dit Éric Beauregard. Pour limiter ce risque, la PME a confié à deux employés la responsabilité de faire une veille technologique, en consultant des blogues et en participant à des salons.

Risque économique

L'instabilité économique - en Amérique du Nord, en Europe et maintenant en Asie - peut inciter des transporteurs aériens à se garder d'acheter des avions. Cela signifie moins de moteurs à construire et, par conséquent, moins de demandes pour des systèmes automatisés conçus pour inspecter et effectuer la finition de pièces. AV&R Vision et Robotique pourrait toutefois compenser la chute de revenus qui en résulterait en conquérant le marché des pièces usagées. Elle tablerait sur le fait qu'au lieu d'acheter de nouveaux avions, les transporteurs remettraient à niveau leur flotte existante, ce qui nécessiterait aussi des inspections et du travail de finition à l'aide de systèmes automatisés.

AV&R VISION ET ROBOTIQUE S'EST DIVERSIFIÉE EN EUROPE ET EN ASIE

Évolution de la répartition géographique des revenus

2010-2011

Asie 18 %

Canada 24 %

États-Unis 28 %

Europe 30 %

2006-2007

Canada 49,5 %

États-Unis 50,5 %

L'AÉROSPATIALE, VACHE À LAIT DE L'ENTREPRISE

Répartition sectorielle des revenus par secteur, en 2010-2011

Aérospatiale 86 %

Énergie 12 %

Automobile 1 %

Autres 1 %

19,4 Les ventes mondiales d'implants et de prothèses orthopédiques devraient atteindre 19,4 milliards de dollars américains (G$ US) en 2015. Source : Global Industry Analysts

Source : AV&R Vision et Robotique

Dans cette série, nous décodons la stratégie internationale d'une entreprise québécoise et analysons ses risques.

Sur le Web, Les Affaires s'associe à L'actualité, Canadian Business, The Report on Business, The Economist Intelligence Unit et à la banque HSBC pour offrir un site axé sur les exportations. À lire sur affairessansfrontieres.ca.

françois.normand@transcontinental.ca

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