10 innovations d'ici prêtes à conquérir le monde

Publié le 28/11/2009 à 00:00

10 innovations d'ici prêtes à conquérir le monde

Publié le 28/11/2009 à 00:00

Eurêka ! Partout au Québec, des entreprises trouvent, après avoir creusé, cherché, testé et validé des idées de produits nouveaux. L'innovation est au coeur de leur croissance. Elle assoit leur crédibilité, assure leur compétitivité. Les produits de ces entreprises améliorent la vie des personnes, préservent l'environnement, rendent les procédés de fabrication plus efficaces ou accroissent la sécurité... Nous avions l'embarras du choix pour sélectionner les innovations les plus prometteuses, ce qui a rendu la tâche si difficile. Nous avons tout de même retenu 10 idées qui sont devenues des produits et qui feront leur part pour relancer l'économie du Québec. Les voici.

1. UNE ROULOTTE POIDS PLUME POUR PETITES VOITURES

Après trois ans de R-D, l'entreprise beauceronne Safari Condo a mis en marché en 2008 la caravane Alto, beaucoup plus légère que les modèles traditionnels. On peut tracter cette roulotte avec des petites cylindrées et, du coup, réduire son empreinte environnementale. Elle a aussi un autre atout : un look d'enfer !

L'achat d'une roulotte entraîne presque toujours celui d'un gros véhicule. " Les gens utilisent leur roulotte un mois par année, dit Daniel Nadeau, président de Safari Condo. Toutefois, le reste du temps, ils roulent dans un véhicule énergivore. Je me disais qu'il y avait moyen de trouver une solution plus sensée pour l'environnement. "

La PME de 46 employés, bien connue pour sa marque éponyme de petits motorisés, voyait également l'occasion de percer le marché des roulottes. " Le remorqué représente 80 % du marché du caravaning, mais il y a encore peu de choix dans la petite roulotte ", explique l'entrepreneur. Ce dernier a investi dans la conception de l'Alto un million de dollars, somme qu'il qualifie de colossale pour une petite entreprise comme la sienne.

Faire pencher la balance

Daniel Nadeau, qui " n'est pas ingénieur, mais plutôt ingénieux ", a lui-même dessiné les prototypes de la caravane. Pour en améliorer l'aérodynamisme, il a fait appel à un professeur de l'Université Laval spécialiste de la dynamique des fluides. " Nous avons modélisé une roulotte populaire d'une marque concurrente. Puis, nous avons fait des simulations avec une soufflerie virtuelle. "

C'est cependant le poids qui lui a donné le plus de fil à retordre. Pour le réduire au minimum, il a réévalué chaque composant. Le résultat est à la hauteur des efforts : l'Alto pèse 1 635 livres, soit 35 % de moins que la moyenne.

La nouvelle roulotte, munie d'un toit électrique rétractable, est composée d'une structure sandwich entièrement en aluminium. Celle-ci a causé bien des maux de tête à Daniel Nadeau. " Cela a failli tué notre projet, car l'outillage coûtait deux millions de dollars, raconte-t-il. Il nous a fallu inventer et fabriquer nos propres outils. Des mois de travail ! "

L'Alto se détaille entre 24 000 et 31 000 $, selon les options. Malgré son prix plus élevé que la moyenne, Safari Condo en a déjà vendu plus de 125 au Canada. Elle est destinée aux baby-boomers qui ont des préoccupations environnementales. Mais elle suscite aussi un phénomène " Wow " qui attire un autre type de clientèle, car l'Alto ne ressemble à rien de ce qui existe.

Les demandes de clients arrivent de partout dans le monde, selon Daniel Nadeau, qui a entrepris des négociations avec un partenaire européen. Il ne sait pas encore quelle formule choisir : faire fabriquer sous licence ? Expédier des kits à assembler ? Construire une usine en Europe ? Chose certaine, il est convaincu que cette caravane permettra à son entreprise de faire son entrée à l'international.

En attendant, la Beauceronne lui prépare une petite soeur : la mini Alto verra le jour ce printemps. Elle pourra être tractée par des voitures sous-compactes, des cylindrées de 1,8 litre !

REPÈRES

Entreprise : Safari Condo

Siège social : Saint-Nicolas

Innovation : Caravane Alto

Particularité : Ultralégère et aérodynamique, elle peut être remorquée par des cylindrées de 2,4 litres.

Clientèle cible : Baby-boomers prêts à payer plus pour un produit vert, amoureux du design séduits par le look futuriste de cette roulotte.

2. UN FAUTEUIL QUI PLONGE LES SPECTATEURS DANS L'ACTION

Avec son système de mouvement, Technologies D-BOX entend transformer une sortie au cinéma en une expérience d'immersion complète. " Les gens n'iront plus seulement voir un film : ils plongeront dans l'action ", dit Guy Marcoux, directeur du marketing de l'entreprise.

Quand on s'assoit dans un siège de cinéma doté de cette technologie, on ressent l'action comme si on y était, ou presque. Des programmeurs ont décortiqué chaque scène, image par image, pour y associer des vibrations et des mouvements (tangage, soubresauts, virages, etc.). Cela nécessite de 300 à 400 heures de travail par film. À ce jour, plus de 850 films et jeux vidéo ont été encodés. D-BOX a conclu des ententes avec les studios les plus importants, dont Fox, Sony, Disney et Universal.

Cinq ans de R-D

Fondée il y a une quinzaine d'années, l'entreprise s'est d'abord fait connaître par ses systèmes de sonorisation pour le cinéma maison. Technologies D-BOX a eu l'idée de générer des mouvements quand elle a appris que des propriétaires de cinéma maison plaçaient des caissons de basse autour de leur divan pour mieux entrer dans l'action. Après cinq ans de R-D en collaboration avec l'Université McGill et l'Université de Sherbrooke, elle lançait en 2001 une première plateforme de mouvement à fixer sous un fauteuil. Son prix de détail à l'époque : 30 000 $ !

Son passage aux salles de cinéma était donc naturel. " Ça nous donne accès à un public plus large, car ce ne sont pas tous les particuliers qui peuvent s'offrir un système valant de 4 000 à 10 000 $ ", dit Guy Marcoux. Pour s'asseoir dans un siège D-BOX au cinéma, il faut débourser 7 ou 8 $ de plus par billet.

Avec 6 000 salles en Amérique du Nord munies de la technologie numérique nécessaire au système D-BOX, le marché potentiel est alléchant. D'autant que les propriétaires des salles de cinéma n'ont pas à trouver du financement pour acheter les sièges D-BOX. En effet, ceux-ci sont vendus selon une formule de partage des profits entre l'exploitant du cinéma, D-BOX et les studios hollywoodiens.

Le cinéma Beloeil, un diffuseur indépendant, est devenu le premier au Québec, le 13 novembre, à franchir le pas avec 26 sièges. Toutefois, la véritable première a eu lieu le 1er avril à Hollywood. À l'heure actuelle, 10 salles offrent l'expérience D-BOX en Amérique du Nord. Et ce n'est qu'un début. " Nous voulons devenir la norme dans le secteur du divertissement ", dit Guy Marcoux. Le monde est dans la mire de D-BOX.

REPÈRES

Entreprise : Technologies D-BOX

Siège social : Longueuil

Innovation : Système de mouvement D-BOX Motion Code pour l'industrie du divertissement

Particularité : Crée des effets de mouvement sur mesure en synchronie avec l'action à l'écran

Clientèle cible : Exploitants de salles de cinéma et propriétaires de cinéma maison

3. DES BARRES D'ARMATURE PRESQUE INDESTRUCTIBLES

En novembre 2008, un stationnement souterrain s'est effondré dans l'arrondissement de Saint-Laurent, causant la mort d'un homme. S'il avait été construit avec les barres V-Rod, cet accident aurait pu être évité, selon Bernard Drouin, directeur général de Pultrall. En effet, ces barres d'armature faites de polymères renforcées de fibres ne rouillent pas, contrairement aux barres en acier noir couramment utilisées dans les structures de béton armé.

Plusieurs ponts, viaducs, parapets et échangeurs du réseau routier au Québec sont dans un piètre état. Cette dégradation est principalement causée par la corrosion des barres d'armature. " Quand l'acier rouille, il prend de l'expansion et fait craquer le béton, explique M. Drouin. L'eau s'infiltre davantage et le béton rouille encore plus. C'est un cercle vicieux. "

Avec les V-Rod, la durée de vie des structures pourrait être multipliée par quatre, et atteindre 100 ans, d'après le dirigeant. En plus de ne pas rouiller, ces barres sont deux fois plus résistantes à la traction que l'acier et quatre fois plus légères.

Jusqu'à Dubaï

La première génération de V-Rod a fait son apparition sur le marché il y a une quinzaine d'années. Il y a moins d'un an, Pultrall a lancé une troisième version encore plus résistante à la traction, la V-Rod HM. Ce produit doit sa performance accrue à l'utilisation d'un autre type de fibres de verre dans une plus grande concentration que la barre standard.

Pultrall, qui consacre 10 % de ses revenus à la R-D, l'a mis au point pour obtenir le contrat de construction de salles d'électrolyse de l'aluminerie de Rio Tinto Alcan, à Dubaï. Bien lui en prit, car elle a décroché le contrat de 1,5 million de dollars, le plus lucratif de son histoire. Et elle a d'autres projets en vue dans le Golfe persique.

Mais l'entreprise de 80 employés n'est pas prophète en son pays. Seulement quelques ouvrages ont été réalisés avec la V-Rod au Québec, contrairement en Ontario et dans l'Ouest canadien où Pultrall est très active.

" On ne change pas les mentalités du jour au lendemain, constate Bernard Drouin. Les ingénieurs sont habitués à travailler avec de l'acier. Ce n'est pas simple de changer pour du plastique, surtout quand il est question d'armature ! "

Mais les choses pourraient changer, car le ministère des Transports du Québec est intéressé au produit, selon le directeur général de Pultrall. Au cours de la dernière année au Québec, sept structures routières ont été construites ou restaurées avec des V-Rod, dont l'échangeur Gouin, à Montréal.

Outre les secteurs du transport, Pultrall approvisionne aussi les secteurs de l'électricité, de la construction de bâtiments, de l'agriculture et de l'ameublement hospitalier en divers produits fabriqués à l'aide du processus de pultrusion. Elle fabrique, entre autres, des tiges à hauban pour Hydro-Québec.

REPÈRES

Entreprise : Pultrall

SiègkKe social : Thetford Mines

Innovation : V-Rod, barre d'armature composite pour structure en béton

Particularité : Ne corrode pas

Clientèle cible : Donneurs d'ouvrages en béton armé

4. UN MOTEUR D'AVION PLUS VERT

Pratt & Whitney Canada (P&WC) veut mettre en marché un moteur moins énergivore, plus silencieux et moins polluant. Entièrement conçu au Québec, le moteur PurePower PW800 sera assemblé dans les installations de l'entreprise à Mirabel. Quelque 900 000 heures de travail ont déjà été consacrées à sa mise au point. Date de lancement ? Pas avant trois ou quatre ans, ou plus. " Dans notre industrie, on ne lance pas un produit sans avoir déjà un client ", dit Dan Breitman, vice-président du programme PW800. À l'origine, Cessna avait manifesté son intention d'équiper son biréacteur d'affaires Citation Columbus du moteur vert de P&WC. Mais elle a annulé la production de ce nouvel avion en raison du contexte économique moins favorable.

P&WC est en pourparlers avec d'autres avionneurs. Quand un client confirmera une commande, il faudra environ trois ans de plus avant que le PurePower PW800 ne prenne son envol.

Ce moteur est destiné aux grands avions d'affaires et aux jets d'affaires long courrier qui parcourent de 8 000 à 11 000 kilomètres. " Ce sera le plus gros moteur de notre gamme de produits, souligne M. Breitman. Nos clients doivent couvrir des distances de plus en plus grandes pour répondre aux besoins d'un marché mondial."

Moins gourmand en carburant et meilleur pour la planète

Il reste que les clients exigent aussi des moteurs plus écologiques. Le PW800 permettra à P&WC d'assurer sa compétitivité. Il consommera environ 10 % moins de carburant qu'un moteur équivalent. " C'est la première chose à faire pour réduire l'empreinte environnementale ", commente Dan Breitman. Il brûlera aussi le carburant de façon plus propre grâce à une technologie de combustion (le système TALON) en avance de 10 à 15 ans sur les normes de l'Organisation de l'aviation civile internationale, selon le motoriste. Ainsi, ses émissions d'oxyde d'azote pourraient être réduites de 50 %, et celles de monoxyde de carbone, de 35 %.

Parmi les autres avantages : la baisse du niveau sonore au décollage devrait être substantielle. Les chercheurs de P&WC travaillent également à éliminer ou à réduire la présence de matériaux dans le procédé de fabrication et dans le moteur lui-même, comme le chrome et le plomb.

Le PW800 fait partie d'une nouvelle génération de moteurs réunie sous la bannière PurePower. Un autre modèle, le PW1000G, est en cours de conception dans les installations de P&W aux États-Unis. Il équipera le CSeries de Bombardier et le Regional Jet de Mitsubishi. Des essais en vol ont déjà eu lieu, et le lancement est prévu pour 2013.

REPÈRES

Entreprise : Pratt & Whitney Canada

Siège social : Longueuil

Innovation : PurePower PW800, un moteur plus vert

Particularités : Consomme moins de carburant, émet moins d'émissions et est plus silencieux

Clientèle cible : Grands avions d'affaires et jets d'affaires long courrier

5. UN SCANNEUR LASER PERFORMANT POUR PETITS BUDGETS

La firme Creaform est réputée internationalement pour la facilité d'utilisation et les performances de ses scanneurs laser 3D destinés aux secteurs manufacturier, médical et multimédia. Avec son petit dernier de la gamme Handyscan, l'UNIscan, elle veut démocratiser sa technologie en la rendant accessible aux plus petites entreprises.

" L'idée était de créer un scanneur universel pour les entreprises qui ont des besoins en rétro-ingénierie, en conception et en design, mais qui recherchent une solution plus abordable ", explique Charles Mony, président de Creaform. Avec ce produit, l'entreprise vise aussi à assurer sa croissance malgré un contexte économique plus difficile. L'UNIscan, qui a été lancé en septembre dernier, se détaille autour de 29 000 $ US. Tous modèles confondus, Creaform vend de 350 à 450 scanneurs par an.

Toujours innover

L'équipe de R-D compte une quarantaine de personnes, soit le cinquième du personnel. Elle a mis neuf mois à concevoir cet appareil de numérisation en noir et blanc qui offre une résolution tout aussi élevée que les modèles de haut de gamme ainsi que les principaux avantages de la gamme Handyscan (autopositionnement, portabilité, etc.).

" Nous lançons un ou deux produits par an, dit Charles Mony, qui est ingénieur en mécanique. Pour rester dans la course, nous ne pouvons pas nous fier uniquement aux produits que nous avons déjà. Il nous faut innover constamment. " Avant l'UNIscan, Creaform avait commercialisé HandyPROBE, un système de palpage pour les applications d'inspection.

L'entreprise, qui a vendu récemment son 1 000e scanneur au Musée d'histoire naturelle de Londres et qui compte la NASA parmi ses clients, investit de fortes sommes en promotion. L'an dernier, elle a participé à une cinquantaine d'expositions. Et cette année, elle met l'accent sur le marketing Internet. " Un autre de nos défis, c'est de nous faire connaître ", dit Charles Mony.

REPÈRES

Entreprise : Creaform

Siège social : Lévis

Innovation : Scanneur laser à main UNIscan

Particularité : Appareil de numérisation 3D de grande exactitude à prix abordable

Clientèle cible : Petites entreprises

6. UN NEUROSTIMULATEUR POUR AIDER LES HANDICAPÉS À MARCHER

De 15 à 30 % des personnes qui survivent à un accident vasculaire cérébral (AVC) subissent des séquelles physiques permanentes dont divers troubles de la démarche. Victhom, une entreprise de la région de Québec, a créé un dispositif pour aider ces personnes à avoir plus d'autonomie, le Neurostep.

Il s'agit d'un neurostimulateur qui s'implante dans la jambe du patient. Des électrodes sont fixées autour des nerfs périphériques et stimulent l'activité musculaire nécessaire à la marche. C'est un net avantage par rapport aux neurostimulateurs existants, attachés le long de la jambe à l'aide d'une courroie. Encombrants et peu esthétiques, ils doivent être retirés avant de dormir ou de prendre un bain.

" Le Neurostep est le premier produit au monde capable d'interpréter les impulsions nerveuses, affirme Normand Rivard, président de Victhom. Il remplace le cerveau qui a perdu les connexions avec la jambe. " La PME de 70 employés a consacré cinq années de travail à son développement, après avoir acquis un prototype d'un inventeur de Vancouver.

De l'espoir pour d'autres malades

Cette innovation vise à corriger le pied tombant, un trouble chronique de la démarche. Les personnes atteintes ne parviennent plus à relever le pied durant la marche et celui-ci traîne au sol. Éventuellement, le Neurostep pourrait aussi améliorer la mobilité des personnes souffrant de sclérose en plaques ou d'une lésion partielle de la moelle épinière. Des recherches se poursuivent également pour d'autres applications, telles l'apnée du sommeil et l'épilepsie.

Victhom, qui avait des difficultés financières, a récemment obtenu de l'aide de l'allemande Otto Bock, une entreprise vieille de 90 ans. Les deux ont formé une coentreprise, Neurostream Technologies, dans laquelle Otto Bock a injecté 30 millions de dollars. Cette association ouvrira les portes de l'Europe au Neurostep qui y sera commercialisé en 2010.

Par ailleurs, Victhom a également mis au point le Power Knee, une prothèse de membre inférieur motorisée destinée aux personnes amputées au-dessus du genou. Au moyen de capteurs placés sur la jambe saine, un module d'intelligence artificielle envoie des instructions au moteur de la prothèse pour générer des mouvements synchronisés. Résultat : la démarche de la personne est beaucoup plus naturelle.

Le Power Knee, qui en est à sa deuxième version, a été mise au point en collaboration avec le département de la Défense et l'administration des soins de santé des anciens combattants aux États-Unis. Des vétérans traités au Walter Reed Army Medical Center, à Washington, en ont été les premiers utilisateurs. Le lancement commercial est prévu aux États-Unis en 2010.

REPÈRES

Entreprise : Victhom Bionique humaine

Siège social : Saint-Augustin-de-Desmaures

Innovation : Neurostep, un neurostimulateur permettant de corriger certains troubles de la démarche

Particularité : Il s'implante sous la peau du patient et se relie directement aux nerfs

Clientèle cible : Personnes souffrant de séquelles à la suite d'un accident vasculaire cérébral

7. UN LOGICIEL QUI ENTRAÎNE LE CERVEAU À APPRENDRE

Pour fournir une meilleure performance, le cerveau aussi doit s'entraîner. Dans cette optique, Brain Center International a conçu une série de logiciels qui permettent de conserver un cerveau jeune et dynamique. Son dernier-né, NeuroActive Apprendre, s'adresse aux étudiants à partir du secondaire.

Au moyen de divers exercices interactifs, il muscle la mémoire, améliore la compréhension de la lecture et stimule les capacités de résolution de problème. En s'exerçant assidûment, les étudiants peuvent obtenir de meilleurs résultats scolaires, selon le médecin Stéphane Bergeron, qui a fondé Brain Center en 2007. " Les découvertes scientifiques prouvent qu'il est possible de générer de nouveaux neurones et d'améliorer l'apport en sang et en oxygène des régions du cerveau qui sont entraînées ", dit-il. Cette particularité, que l'on appelle " neuroplasticité " ou " plasticité du cerveau ", est au coeur des activités de l'entreprise.

Comme un entraîneur personnel

Le logiciel Apprendre est doté d'un système d'intelligence artificielle qui personnalise les séances d'entraînement en adaptant en temps réel le niveau de difficulté selon les habiletés de l'utilisateur. La vitesse des mots à lire ou des objets à mémoriser, par exemple, s'ajuste tout au long de l'exercice, en fonction d'un algorithme conçu par Brain Center.

L'entreprise de 17 employés crée ses logiciels à l'interne, sous la direction du neuropsychologue Jean-Philippe Marquis. Elle les fait ensuite tester par des experts et des utilisateurs. Dans le cas d'Apprendre, qui a nécessité 18 mois de R-D, elle a consulté des enseignants, des orthopédagogues et des élèves.

Les logiciels sont offerts en trois langues dans six pays dont les États-Unis et le Mexique. Leur mise en marché est appuyée par une importante campagne de promotion. On peut d'ailleurs voir actuellement une publicité télévisée, conçue et tournée par Brain Center elle-même.

Stéphane Bergeron, le principal actionnaire, croit beaucoup en l'efficacité du marketing, lui qui a fondé la chaîne d'épilation au laser Epiderma (qu'il a vendue depuis). " Nos produits ont une durée de vie sur les tablettes beaucoup plus longue que les jeux vidéo. Cela se mesure en années plutôt qu'en mois. D'où l'importance d'établir notre marque auprès du public. "

Brain Center prévoit lancer d'autres logiciels en 2010. Ceux-ci viseront toujours à améliorer les fonctions cognitives et la performance du cerveau, mais s'adresseront à des publics plus pointus.

REPÈRES

Entreprise : Brain Center International

Siège social : Québec

Innovation : NeuroActive Apprendre, logiciel d'entraînement pour le cerveau

Particularité : Développe les habiletés du cerveau nécessaires à l'apprentissage

Clientèle cible : Étudiants et adultes désireux d'acquérir de nouvelles connaissances

8. UNE CAMÉRA DE SURVEILLANCE NOCTURNE EFFICACE À DES KILOMÈTRES

Il y a quelques années, les pirates des mers s'en donnaient à coeur joie dans le détroit de Malacca, l'une des plus importantes voies de navigation du monde. Mais ils s'en tirent moins facilement depuis que la garde côtière de la Malaisie a installé des caméras de surveillance nocturnes de Technologies Obzerv, une entreprise issue d'un transfert de technologie de l'Institut national d'optique (INO) fondée en 2002.

Ces caméras sophistiquées, conçues pour la surveillance frontalière et côtière, produisent des images détaillées dans l'obscurité totale et dans les pires conditions climatiques. Elles sont basées sur une technologie d'imagerie active dite de crénelage spatial qui permet de lire les caractères d'identification d'un bateau et d'identifier les individus à des kilomètres de distance. Outre la garde-côtière malaisienne, des ports de France et du Japon s'en sont procurés.

" Les caméras thermiques couramment utilisées ne sont pas aussi performantes, affirme Deni Bonnier, président. Bien sûr, elles permettent de détecter la présence d'individus, mais pas de les identifier. De plus, elles ne permettent pas de voir à travers les fenêtres et les pare-brises, contrairement aux nôtres. "

Voir loin

Obzerv, qui emploie 18 personnes, a lancé au printemps dernier un deuxième modèle de caméra, l'ARGC-750, destiné aux aéroports, aux raffineries, aux grands sites industriels et aux forces policières. " Il y avait un besoin dans le marché pour des appareils compacts ayant de plus petits périmètres ", dit M. Bonnier.

L'aéroport d'Haneda, à Tokyo, a été le premier à en acheter. " Comme il est situé au bord de l'eau, la menace ne peut venir que de là, explique Deni Bonnier. L'aéroport souhaitait détecter une motomarine à 4 kilomètres. " L'ARGC-750 y parvient. Elle peut aussi reconnaître un humain à 3 km, et l'identifier à 1 km.

La clientèle d'Obzerv est presque exclusivement à l'international. " Le côté positif, c'est que cela signifie probablement que les menaces sont moins importantes au Canada ", dit Deni Bonnier. L'entreprise a néanmoins vendu une de ses caméras au gouvernement canadien pour la surveillance de l'Arctique.

Pour acheter une telle caméra, il faut toutefois montrer patte blanche en se procurant un permis délivré par le ministère des Affaires extérieures du Canada. C'est que ces petits bijoux ne doivent pas tomber entre des mains mal intentionnées, menaçant ainsi la sécurité intérieure du pays.

Obzerv conçoit ses produits et en fait l'assemblage à l'interne. Elle confie la fabrication des composantes à de sous-traitants. " Nous n'avons aucune ambition de devenir une entreprise de 500 employés, souligne Deni Bonnier. Nous voulons demeurer petite et très rentable. "

REPÈRES

Entreprise : Obzerv

Siège social : Québec

Innovation : Caméras de surveillance à crénelage spatial

Particularité : Peut détecter des véhicules et des humains à des kilomètres

Clientèle cible : Ports, aéroports, raffineries, sites nucléaires, grands sites industriels, forces armées et policières

9. DES UNIFORMES QUI TUENT LES VIRUS

Le lavage des mains ne suffit pas toujours. Le H1N1 et d'autres pathogènes, tels le E Coli et le SARM, peuvent survivre de longues heures sur les vêtements. Dans le cas du virus de la grippe, on parle de 24 heures. Les travailleurs de la santé peuvent donc bien malgré eux propager des maladies. Protec-Style croit bien avoir trouvé une solution grâce à ses uniformes antibactériens.

Son président, François Simard, en a eu l'idée en 2006 en voyant sa fille infirmière revenir de l'hôpital vêtue de son uniforme. C'était au moment où la bactérie C. difficile faisait les manchettes. François Simard travaillait alors à titre de vice-président de la R-D chez Stedfast, un fabricant de tissus-barrières pour des éléments dangereux tels le feu, le froid, la chaleur, l'eau ou les balles.

Le traitement antimicrobien Aviscen a été crée dans cette entreprise de Granby, sous la direction d'Hamid Benaddi, docteur en chimie. " Le défi a été de concevoir un traitement permanent, c'est-à-dire que le tissu puisse être lavé plusieurs fois sans perdre ses propriétés antibactériennes ", explique M. Simard. Il a fallu deux ans de travail pour mettre au point le biocide qui est appliqué sur le textile. Jean Barbeau, microbiologiste à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal, a validé le traitement.

Le confort n'a pas été sacrifié dans le processus. " Cela donne un tissu très doux, ce qui impressionne toujours les utilisateurs ", insiste François Simard.

Investisseurs recherchés

L'homme d'affaires a conclu une entente avec Stedfast pour lancer sa propre entreprise, Protec-Style, afin de produire et commercialiser un produit fini. Certains modèles de ces uniformes et vêtements qui tuent les germes ont été dessinés par le designer Jean-Claude Poitras. Ils sont disponibles depuis le début de 2009 directement par l'entremise du site Internet de l'entreprise.

Pour le moment, ils sont portés par des employés de quelques cliniques privées et pharmacies. Protec-Style, qui cherche des investisseurs, tente de percer le marché du réseau public de la santé. Ces vêtements antibactériens pourraient aussi intéresser l'hôtellerie et la restauration. " Nous visons tous les secteurs où les employés sont en contact avec plusieurs clients ", dit François Simard.

REPÈRES

Entreprise : Protec-Style

Siège social : Saint-Jean-sur-Richelieu

Innovation : Uniformes antimicrobiens Aviscen

Particularité : Leurs propriétés antimicrobiennes sont maintenues au-delà de 100 lavages

Clientèle cible : Cliniques dentaires et médicales, pharmacies, travailleurs de la santé, secteurs de l'hôtellerie et de la restauration

10. UN CAPTEUR QUI OPTIMISE L'EXPLOITATION DES SABLES BITUMINEUX

Au moment de l'entrevue de Pierre Carrier avec Les Affaires, l'action d'Opsens venait de doubler. Cette performance, il l'attribuait à son capteur à fibre optique destiné à l'industrie du pétrole et du gaz. " C'est ce qui nous propulsera ! " lance le président de cette PME qui fabrique aussi des capteurs réservés aux marchés de l'instrumentation médicale et des laboratoires scientifiques.

Opsens, 37 employés, a consacré deux ans de R-D à ce capteur. Elle a d'abord découvert qu'un matériau, le saphir synthétique (une sorte de cristal), pouvait résister à des températures allant jusqu'à 300oC. Elle a ensuite cherché des applications possibles, et a découvert que l'industrie du pétrole pouvait en bénéficier.

Les pompes qui sont descendues dans les puits de pétrole sont munies d'un capteur servant à mesurer la température et la pression. Or, les modèles électroniques traditionnels ne fonctionnent pas au-delà de 177oC. Résultat : il arrive que des pompes surchauffent. " Chacune coûte 300 000 $, note Pierre Carrier. Lorsqu'on remplace une pompe, le puits est en arrêt pendant 10 jours, ce qui se traduit par d'importantes pertes puisque chacun fournit en moyenne 1 000 barils de pétrole par jour. "

Les producteurs de pétrole tentent d'éviter ce risque en pompant à plus petit débit, réduisant de ce fait la productivité du puits. Avec le capteur d'Opsens, qui fonctionne à des températures allant jusqu'à 300oC, cette précaution est inutile. Il en résulte une augmentation d'au moins 5 %, dit l'homme d'affaires.

Un marché prometteur

Opsens a installé ses deux premiers capteurs en Alberta en mars 2008. Le client, dont l'identité est confidentielle, vient d'en commander 26 autres. " Il possède environ 200 puits et projette d'installer nos capteurs au fur et à mesure que ses pompes auront atteint leur durée de vie, qui est de 12 à 18 mois ", indique Pierre Carrier. Un autre client, Nexen, en a acheté trois.

Rien que pour les sables bitumineux, le potentiel est énorme pour Opsens, dont les capteurs coûtent entre 80 000 et 120 000 $. " Les sables bitumineux renferment les plus grandes réserves de pétrole après l'Arabie Saoudite ", affirme Pierre Carrier, qui prévoit vendre 100 capteurs en Alberta d'ici l'été. L'entreprise planifie aussi percer à l'inter=national dès 2010. L'Arabie Saoudite, la Chine et la Russie sont dans sa mire.

REPÈRES

Entreprise : Opsens

Siège social : Québec

Innovation : Capteur à fibre optique pour l'industrie du pétrole

Particularité : Le seul capteur qui résiste à une température allant jusqu'à 300oC

Clientèle cible : Producteurs de pétrole et de gaz dont les puits sont exploités par le procédé Steam Assited Gravity Drainage (SAGD)

À la une

Le Québec pâtira-t-il de la guerre commerciale verte avec la Chine?

17/05/2024 | François Normand

ANALYSE. Les producteurs d’acier craignent que la Chine inonde le marché canadien, étant bloquée aux États-Unis.

Bourse: Wall Street finit en ordre dispersé, le Dow Jones clôture au-dessus des 40 000 points

Mis à jour le 17/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé.

À surveiller: AtkinsRéalis, Boralex et Lightspeed

17/05/2024 | Charles Poulin

Que faire avec les titres AtkinsRéalis, Boralex et Lightspeed? Voici des recommandations d’analystes.