Les banques n’ont pas de leçons à donner aux cryptos

Publié le 13/03/2023 à 11:59

Les banques n’ont pas de leçons à donner aux cryptos

Publié le 13/03/2023 à 11:59

Par François Remy

(Illustration: Camille Charbonneau)

LES CLÉS DE LA CRYPTONe succombez pas à l’amalgame en croyant que le secteur du bitcoin a encore dilapidé les avoirs de petits épargnants sans défense. L’effondrement des banques «amies des cryptos» Silvergate et Signature ou encore la faillite historique de Silicon Valley Bank (SVB), argentière de la tech, ne découlent pas de leur exposition aux actifs numériques, mais de paris mal inspirés sur les fondamentaux bancaires.

Crise de panique. Ruée sur les dépôts. Liquidation-éclair. Depuis une semaine, l’industrie bancaire américaine tremble sur ses bases alors que des enseignes tombent l’une après l’autre. Des banques peu connues d’un public non initié, mais d’importance plus que symbolique à l’instar de la Silvergate la Signature et, dernière, mais non des moindres, la Silicon Valley Bank. Avec 200 milliards de dollars US d’actifs sous gestion, la SVB a déjà rejoint les manuels d’histoire comme la plus grande faillite bancaire depuis 2008 aux États-Unis.

Attention toutefois à ne pas céder à une grille de lecture biaisée qui porte la responsabilité de ces déconvenues bancaires sur le dos des cryptomonnaies. Oui, ces trois banques entretenaient des liens commerciaux étroits avec les marchés des actifs numériques. Nombre d’acteurs crypto s’appuyaient sur les services de Silvergate (via le SEN par exemple) ou de Signature (Signet) pour déplacer d’importantes sommes en dollars et régler des transactions avec d’autres institutions financières classiques.

Quant à la Silicon Valley Bank, il s’agit de la banque principale des start-ups et des capital-risqueurs. Une enseigne spécialisée donc dans des prêts risqués, accordés à entreprises ne réalisant pas de profits, mais qui avaient levés des fonds. La SVB demandait à ses clients, généralement de gros comptes, de déposer leur argent chez elle. Et parmi ses clients, se trouvait notamment la société Circle, émettrice du stablecoin du même nom, le 3e plus important du marché crypto par capitalisation (40 milliards $US).

 

Un vieux problème bancaire

Voilà. Les liaisons dangereuses pourraient s’arrêter là dans le récit de ces faillites. Les cryptos n’apparaissent pas au rang de cause, mais de dommages collatéraux. Clientes de ces banques déchues, des startups actives sur les marchés du bitcoin traversent des situations éprouvantes, n’accédant pas ou peu à leur propre argent pour honorer leurs engagements (salaires, factures, etc.). Mais l’information déterminante SVB & Cie ne paient pas le prix de leurs affaires avec la crypto, elles accusent le coût de leurs mauvais calculs financiers.

Pour remémorer vulgairement un vieux problème bancaire, avec des placements considérés en soi inattaquables, essentiellement des bons du Trésor américain, ces banques devaient maîtriser l’éventualité de la remontée des taux. Hausse initiée par la Fed 2022, suivie par la baisse conséquente de la valeur des titres de dette. Pour gérer ce phénomène, les banques incriminées devaient disposer de sources de liquidités diversifiées, au-delà des seuls dépôts de leurs clients. Logique, car quand le marché en prend conscience, tous les ingrédients d’une panique bancaire se trouvent réunis.

Or, qu’est-il arrivé ? Un événement prévisible qu’aucun analyste boursier, régulateur financier ou législateur patenté n’avaient remarqué. Quid du rôle de pompier pyromane de la banque centrale ?

 

L’Histoire, cette science molle

«L’histoire se répète toujours : une banque gère mal ses actifs, le marché s’en rend compte et les clients se précipitent sur les dépôts pour retirer leur argent, causant une crise de liquidités», feignent de s’étonner les auteurs de l’infolettre financière Genuine Impact 

Cette crise de liquidités ravive la crise de confiance, qui exacerbe à son tour la pénurie d’actifs mobilisable, et ainsi de suite… Qu’il ne s’agisse pas ici de grandes marques ultra médiatisées de l’industrie bancaire ne signifie pas que la gravité des temps que nous vivons s’avère moindre. Pour rappel, un tiers des dépôts américains reposent dans des petites banques dont environ la moitié n’est pas assurée. Cela alimente un scénario plausible de panique bancaire à plusieurs milliers de milliards. Éventualité que la banque centrale américaine et le gouvernement Biden ont certainement considéré lorsqu’ils ont décidé d’un sauvetage en urgence.

L’histoire se répète avec une cynique régularité dans l’industrie la plus réglementée de la planète. Des banquiers centraux aux régulateurs internationaux, tout le gratin mondial de la finance traditionnelle semble accorder plus d’attention aux prétendues vulnérabilités structurelles des cryptos 

L’actualité offre au moins des éléments critiques aux partisans de la finance décentralisée (DeFi) et autres enthousiastes du bitcoin. «Il y a eu 562 faillites bancaires entre 2001 et 2023. C’est une caractéristique, pas un bogue», persiffle Gabor Gurbacs, conseiller stratégique du fonds américain VanEck. L’industrie bancaire n’a décidément pas de leçon de probité à donner au monde des cryptomonnaies. Difficile néanmoins de mesurer l’impact réel de tous ces événements. Une seule certitude s’impose, Hegel avait raison lorsqu’il affirmait que l’Histoire montre que l’humain apprend peu de l’Histoire.

 

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