Tristan s'apprête à séduire ses clients par l'odorat. Le détaillant de vêtements lancera d'ici Noël deux eaux de parfum, une pour elle et une pour lui. Cette initiative vise davantage à renforcer l'image de marque qu'à accroître les revenus de l'entreprise, précise Lili Fortin, directrice du développement des affaires.

«Le vêtement permet de sensibiliser le client par la vue et le toucher, le parfum éveille un autre sens qui permet d'imprégner notre marque», dit Mme Fortin, ajoutant qu'il s'agit aussi de se faire plaisir à l'occasion du 40e anniversaire de Tristan.

«Ça complète aussi ce que nous essayons de faire : habiller les gens de la tête aux pieds. On a lancé les chaussures il y a un an, on a les bijoux et les accessoires, et maintenant, les parfums seront la touche finale.»

Tristan s'inscrit dans la tendance du marketing sensoriel pour fidéliser sa clientèle. Caroline Néron vient de franchir le pas, Harricana l'a fait récemment, les grandes enseignes comme Gap et H&M aussi. Les parfums ne sont plus réservés à des maisons de grand luxe comme avant, remarque Jean-François Ouellet, professeur de marketing à HEC Montréal.

«La vue et l'ouïe ont toujours été sollicitées dans le marketing. L'odorat, c'est plus récent et c'est ce qui est le plus profondément ancré dans la mémoire des gens. Le marketing qui joue sur cette dimension est très chargé en émotions et suscite des réactions importantes», souligne l'expert.

L'odeur ayant le pouvoir d'entraîner l'adhésion ou le rejet, il est primordial de bien connaître l'ADN de son entreprise et de sa clientèle avant de se lancer. «C'est facile de se planter avec un parfum, car les gens ont une perception très précise de ce qu'est Tristan et un parfum qui ne serait pas 100 % cohérent avec son ADN, ça serait dangereux. Mais connaissant les gens de Tristan, ils ont fait leurs devoirs», croit M. Ouellet.

Extension de marque

Tristan a fait appel à l'entreprise québécoise Essence Workshops pour créer ses effluves, qui seront reproduits en France. Rose, jasmin et magnolia composeront les notes du parfum féminin, alors que l'homme Tristan habillera sa peau d'un bouquet musqué aux notes de cardamome, safran, encens et cuir.

«On veut se distinguer par la qualité des odeurs, et on n'a pas tourné les coins ronds dans le développement ni dans les flacons ou les emballages. De plus, notre collection est appelée à grandir», précise Lili Fortin.

«C'est une extension de marque très intéressante et cohérente, estime Jean-François Ouellet. De plus en plus, il y a des communautés qui s'organisent autour des marques, et quand on devient fan, on veut tout acheter de cette marque. Ce phénomène prend de l'ampleur.»