Bien que le cynisme soit plutôt de mise en milieu professionnel, certains irréductibles font montre d’un optimisme à toute épreuve. Ils ont bien compris que leur esprit positif est un gage de performance pour eux et pour leurs équipes.
Business digest
DÉBUT 2010, L’ARTISTE FRANÇAISE Elvire Bonduelle sélectionne et découpe des articles « positifs » parus dans le quotidien Le Monde. L’objectif : créer un numéro appelé Le meilleur Monde qui serait composé uniquement de bonnes nouvelles. Croyez-le ou non, il lui a fallu plus de trois mois pour reconstituer un journal entier (16 pages), ce qui représente à peine 1 % d’articles positifs... Malheureusement, l’entreprise n’est pas épargnée par cette sinistrose ambiante. Paradoxalement, l’âpreté de la concurrence comme l’exigence des clients demandent une attitude autre que le repli sur soi ou la négativité : persévérance, initiative et créativité sont de fait les qualités essentielles dans le monde du travail. Ces trois valeurs sont profondément liées à la capacité des leaders à rompre avec le cynisme et la peur, en renouant avec l’optimisme dans l’entreprise.###
Développer son optimisme
Contrairement aux idées reçues, l’optimisme n’est pas un trait de personnalité inné, mais un état d’esprit qui se façonne et qui s’exploite au quotidien.
CROIRE EN SES CHANCES
Les optimistes ne sont pas heureux par nature, ils sont tout simplement beaucoup plus réceptifs aux occasions qui se présentent. Ce qui exige d’être prêt, non seulement sur le plan émotionnel (pensées positives), mais aussi sur le plan intellectuel : vous devez avoir fixé un objectif précis à vos ambitions pour comprendre comment les événements du quotidien (rencontres, événements…) peuvent vous permettre de l’atteindre. Car l’occasion favorable naît de l’attention portée au potentiel des situations rencontrées. Cette ouverture repose en grande partie sur la capacité à bâtir des réseaux et donc à adopter un état d’esprit de confiance dans l’autre qui place l’enrichissement mutuel au cœur de toute relation. Pour pouvoir saisir de nouvelles occasions, vous devez être vous-même une bonne occasion pour les autres.
LUTTER CONTRE SES TENDANCES PESSIMISTES
Dans l’entreprise, il est de bon ton de faire le choix de la critique, du sarcasme et du pessimisme ; les gestionnaires se préparent ainsi au pire pour éviter toute désillusion, et ne pas passer pour de dangereux naïfs ! Il est pourtant possible d’inverser cet état d’esprit. Tony Schwartz, PDG de The Energy Project, l’affirme : « J’ai toujours vu le verre à moitié vide. Pour moi, le pessimisme était simplement du réalisme. Je pensais que cela faisait partie de mon caractère — un trait de personnalité inéluctable. Le fait de me faire du souci était pour moi une manière de rester vigilant par rapport à tout ce qui pouvait mal aller. » Il a cependant pris conscience des occasions qu’il manquait à cause de cette perception négative du monde, qui avait tendance à le paralyser. Pour changer de mentalité, il a décidé de mettre en place un rituel simple qui consistait à envisager systématiquement une issue heureuse plutôt que catastrophique face à un problème. Quand il a perdu son emploi au début des années 2000, sa première question a été « Bon, quelle est l’histoire la plus optimiste que je pourrais me raconter maintenant ? » Résultat : il a créé son propre cabinet de conseil en motivation, et il considère aujourd’hui la perte de son emploi il y a dix ans comme la meilleure chose qui lui soit arrivée.
Diffuser l’optimisme dans ses équipes
Le gestionnaire optimiste perçoit chaque collaborateur comme une réserve de ressources positives avec :
Des points forts : compétences à développer et à cultiver ;
Des points d’effort : compétences à acquérir ou à développer.
Il ne s’attarde pas sur les points faibles, mais il tente de les neutraliser grâce au développement intense d’autres points forts. Il augmente ainsi l’estime personnelle de ses équipes, et au final, leur propre optimisme face à des situations difficiles.
PRIVILÉGIER LES SOLUTIONS PARTIELLES
Tandis que le pessimiste s’interroge sur l’origine du problème, cherche des justifications et des coupables, l’optimiste préfère envisager immédiatement les solutions de rechange dès qu’une difficulté se présente. Il privilégie ainsi le contournement de l’obstacle plutôt que de perdre de l’énergie à vouloir le franchir. Par ailleurs, il ne cherche pas de solutions idéales, mais simplement des solutions efficaces à un moment donné, face à un événement précis.
ACCORDER LE DROIT À L’ERREUR
« L’optimiste crée les conditions psychologiques et relationnelles de la persévérance. » Il autorise ses collaborateurs à innover, à remettre en question le statu quo… et donc à faire des erreurs. Seule contrainte : avoir des pistes différentes si les choses tournent mal, et donner d’avance à ses collaborateurs le droit de se tromper.
CÉLÉBRER LES VICTOIRES D’ÉTAPE
L’optimiste, tout en gardant un œil sur les objectifs à atteindre, prend toujours le temps de célébrer les victoires d’étape : obstacle franchi, effort qui a donné des résultats, nouveau client… Ces rituels sont un excellent moyen de développer l’optimisme de ses propres équipes en leur montrant que les réussites sont liées à leurs actions.
« Les gestionnaires optimistes sont stupides, naïfs ou inconscients ! » — Shawn Achor, fondateur du cabinet Good Think, qui a notamment enseigné la psychologie positive à Harvard, a observé que cette croyance était très répandue dans de nombreuses entreprises du Fortune 500. « En réalité, les émotions négatives viennent de la partie la plus primitive du cerveau, celle qui doit répondre à la peur et aux menaces. Broyer du noir est facile ; formuler une stratégie cognitive pour répondre de manière positive aux défis requiert un fonctionnement cérébral nettement plus complexe. » Un comportement nettement plus payant : il rappelle qu’une étude a montré que les ventes de commerciaux optimistes étaient de 37 % supérieures à celles des autres.
