Ils étaient légion ceux qui décriaient la thèse de la décomposition annoncée de l'empire américain, prédite par l’auteur Français, Emmanuel Todd, dans son livre « Après l’empire» (Gallimard) . Aujourd’hui, les critiques se font plus silencieuses.

Si nous sommes encore loin de cette décomposition, les indices qu'il avait raison commencent à s'accumuler. Le dernier en date : la remise en question du dollar américain comme monnaie de référence mondiale. Cette fois, l'appel pour un nouvel étalon mondial ne vient pas seulement du BRIC (Inde, Chine, Russie et Brésil), mais bien de pays du G8!

En préparation au sommet du G8, qui se tiendra à l'Aquila en Italie le 9 juillet, la ministre des Finances de la France, Christine Lagarde, a remis en cause la suprématie du dollar américain. Mme Lagarde a lancé quelques arguments massue : le déclin de l'économie américaine, le surendettement croissant de Washington et la montée des économies émergentes.

Au premier trimestre de 2009, 65% des réserves mondiales de devises étrangères l'étaient en dollars américains, selon le Fonds Monétaire International (FMI). Un sommet après sept trimestres consécutifs. Mais les déficits annoncés par Washington pour, certains le croient, au moins une décennie à venir n'augurent rien de bon pour les détenteurs de la dette américaine, au premier chef la Chine, principal bailleur de fonds de nos voisins du sud.

D'autant plus que le cours du billet vert a été plutôt volatile au cours des derniers mois. Un reflet des gigantesques déficits commerciaux entretenus par le pays de l'Oncle Sam.

Il sont toutefois encore plusieurs à affirmer que la perte de prestige du dollar américain n'est pas pour demain. Et que l'abandon du billet vert comme monnaie de référence ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut avant tout que les pays s'entendent sur un nouvel étalon. Et la vente de dollars américains devra se faire progressivement et de façon ordonnée. Une vente de feu ferait chuter trop rapidement les cours.

Mais certains financiers croient, au contraire, que les Américains pèchent par excès de confiance. Ils rappellent que la livre sterling, autrefois la monnaie de référence, a été rapidement abandonnée. L'histoire nous enseigne que de tels changements peuvent se faire plus vite qu'on ne le croit.

La semaine dernière, la Banque centrale de Chine a, de nouveau, appelé à la création d'une monnaie supra nationale dévolue aux réserves de liquidités des banques centrales. Elle propose que le FMI crée des Droits de tirage spéciaux (Special Drawing Rights), qui remplaceraient le dollar américain.

Dans son essai « Après l'empire », Emmanuel Todd affirme que le déclin de l'Amérique se fonde sur les phénomènes suivants : l'émancipation de plusieurs autres pays dans le monde, le déclin idéologique et militaire des États-Unis et, surtout, la dépendance économique croissante de l'Amérique vis-à-vis du reste du monde.