Les investisseurs pressent les sociétés pétrolières et gazières qui exploitent les sables bitumineux de l'Alberta à divulguer plus d'informations portant sur les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance. Leur manque de transparence menacerait leur valeur à long terme.

C'est ce qui ressort d'une toute nouvelle étude publiée par l'équipe de développement durable de Placements NordOuest & Éthiques (PNE), une société de placement nationale qui gère un portefeuille d'actions de 4,5 milliards de dollars. «Les conséquences environnementales et sociales de l'extraction de bitume à partir des sables sont maintenant bien connues et les entreprises doivent s'y attaquer », indique Bob Walker, vice-président, Développement durable chez PNE.

Il précise que les investisseurs institutionnels qui détiennent des titres de ces sociétés peuvent faire avancer les choses en les questionnant ces dernières sur leurs politiques et leurs pratiques en ces matières. «Pour obtenir des résultats concrets et efficaces, les investisseurs institutionnels doivent toutefois bien comprendre de quelle façon chaque société est exposée aux risques liés aux sables bitumineux», note-t-il.

L'étude de PNE a évalué l'exposition des sociétés à divers risques, dont ceux liés à la divulgation d'information, aux relations avec les peuples autochtones, aux changements climatiques ainsi que les risques relatifs à la pollution atmosphérique, à l'approvisionnement en eau, à l'aménagement du territoire et à la menace de la biodiversité. Les stratégies mises de l'avant par les entreprises pour remédier à ces risques sont également analysées.

On s'en doute, la collecte de données s'est avérée être un défi de taille. Alors que les rapports émis par quelques sociétés se démarquent par leur transparence, d'autres dissimulent certains renseignements, même les plus élémentaires, à l'intérieur de documents légaux peu connus, les fusionnent à d'autres renseignements ou ne les divulguent tout simplement pas.

«La divulgation de renseignements est essentielle. Les investisseurs ont le droit de recevoir des renseignements clairs et précis au sujet des problèmes environnementaux, sociaux et de gouvernance pouvant avoir des impacts sur les valeurs de l'entreprise » confirme Larry Brown, secrétaire-trésorier national du Syndicat national des employées et employés généraux et du secteur public (NUPGE).

«Les investisseurs sont préoccupés par le fait que plusieurs sociétés ne semblent pas avoir de stratégie détaillée de gestion des risques environnementaux et sociaux associés aux sables bitumineux», déclare Mindy S. Lubber, présidente de Ceres et directrice du réseau d'investisseurs institutionnels INCR (Investor Network on Climate Risk), dont les actifs détenus totalisent plus de 8 billions $. « Puisque les investissements dans les projets de sables bitumineux se font à très long terme, il est particulièrement important pour les sociétés d'investir dans des solutions qui s'attaquent immédiatement à ces problèmes».