Elle pourra y faire la finition sur mesure de ses poutres de bois lamellé-collé, de plus en plus populaires dans les immeubles publics et les usines.
Ces grandes pièces de structure sont faites de plusieurs petits madriers d'épinette noire collés ensemble. D'une grande solidité, elles peuvent remplacer l'acier dans les constructions. "Dans le marché non résidentiel, notre chiffre d'affaires dans le lamellé-collé a plus que doublé cette année", dit Frédéric Verreault, directeur des communications aux Chantiers.
Ses poutres ont servi à la construction d'un nouveau bâtiment à l'usine de papiers sanitaires et domestiques Cascades à Lachute, dans les Laurentides. Stade de soccer à Québec, école à Malartic, en Abitibi, bar L'Barouf à Montréal et salle de concert à Metabetchouan, au Lac-Saint-Jean... Partout au Québec, des projets non résidentiels intègrent les poutres de Chantiers Chibougamau.
En manque de bois
L'entreprise familiale lutte pourtant pour son approvisionnement forestier. En mars dernier, malgré le froid, près de 2 000 citoyens de Chibougamau ont même bloqué la route 167, qui relie la ville au lac Saint-Jean. Les citoyens, dont le quart de la ville travaille pour les Chantiers, voulaient faire pression sur le Forestier en chef pour qu'il dévoile enfin la quantité de bois attribuée à l'usine. L'escouade anti-émeute avait même fait le voyage de Québec à Saint-Félicien pour être prête à intervenir si nécessaire.
Plus de deux ans après avoir publié les autorisations de récolte pour le reste du Québec, le Forestier en chef, Pierre Levac, n'a pas encore dit clairement quelle quantité de bois il permettra de couper dans la Baie-James. La région est soumise à des contraintes particulières liées à la signature avec les Cris de la Paix des Braves.
"On craint de devoir composer avec une baisse de 50 %", dit M. Verreault. Pour l'instant, l'entreprise n'a accès qu'à 587 000 mètres cubes. "Idéalement, nous en avons besoin de 780 000 pour fonctionner, à raison de trois quarts de travail."
M. Levac n'a pas voulu accorder d'entrevue à ce sujet. "La validation des calculs de la possibilité forestière des deux unités d'aménagement forestier concernées dans la région Nord-du-Québec devrait être complétée au cours des prochaines semaines", écrit son attachée de presse, Lise Guérin, dans un courriel acheminé au journal Les Affaires.
Le Forestier en chef a constaté qu'il avait un problème de cartographie pour cette zone sensible et il a dû reprendre ses calculs avec de meilleurs logiciels.
Huit mois plus tard, les travaux ne sont toujours pas terminés. En attendant d'en savoir plus, Chantiers Chibougamau s'est débrouillée en achetant 125 000 mètres cubes aux Cris, qui ont obtenu des droits de coupe dans la région.
