Après Sotheby’s, présente dans le marché de la métropole depuis déjà deux ans, une autre vénérable maison d’encans, fondée en 1766, débarque donc à Montréal. « Ça faisait un an et demi que les gens de Christie’s à New York cherchaient assidûment quelqu’un pour les représenter », dit Louise Rémillard, présidente de Profusion Immobilier, basée à Westmount.

Spécialisée dans les maisons de 500 000 $ et plus, les courtiers de propriétés de luxe comme Christie’s évoluent dans un monde à part. « Je viens de conclure une vente de 4,25 millions de dollars », dit Mme Rémillard.

Une autre dimension
Dans un tel marché, les règles du jeu sont différentes. « Il y a beaucoup de dépenses, dit la courtière. Nous imprimons des brochures en couleur pour chacune des propriétés mises en vente. Et ce samedi, nous avons acheté deux pleines pages dans La Presse et The Gazette. »

Marie-Anne Hébert, directrice du bureau québécois de Sotheby’s International Realty Québec, insiste sur l’importance du Web dans la stratégie de mise en marché. « Plus les propriétés sont chères, plus il faut trouver les acheteurs à l’étranger, dit-elle. Le site Internet est donc très important. Nous sommes bien équipés avec celui de Sotheby’s, dont le marketing est fait à partir de New York.

Oubliez les visites libres : n’entre pas qui veut dans une maison de quatre millions de dollars. « Les visites sont faites seulement sur invitation, dit Mme Hébert. Les éventuels acheteurs doivent se qualifier avant de venir. »

Un nouveau marché
Comment les encanteurs de tableaux et de sculptures en sont venus à vendre des maisons ? « C’est venu d’une clientèle qui vendait de l’art. Souvent, en liquidant des successions, elles disaient “On voudrait pouvoir vendre le contenu [les œuvres], mais aussi le contenant [la propriété]” », explique Mme Rémillard, affiliée de Christie’s.

L’approche est cependant plus populaire chez les Anglo-Saxons. L’affiliée de Christie’s est basée à Westmount. Sotheby’s International Realty Québec a été fondée par deux anglophones, Robert MacDougall et Liza Kaufmann.

« Ils m’ont choisie parce qu’ils veulent faire connaître davantage Sotheby’s auprès des francophones, dit Mme Hébert, en poste depuis novembre. Au Québec, les bannières les plus répandues sont beaucoup plus populaires dans ce marché. Mais il y en a, des francophones avec des grosses maisons. On veut les attirer chez nous, s’ils veulent de meilleurs outils pour vendre leur propriété. »

Du chemin à faire
Ce n’est pas chose faite. Les deux maisons les plus chères en vente au Québec en ce moment, les 119-121, chemin Fischer, à Austin, en Estrie (12,5 millions de dollars), et le 30, chemin de Sennevile, à Senneville, en banlieue de Montréal (11 millions), ont été confiées Century 21 Altitude et Royal Lepage Cavagnal, selon le site répertoriant les maisons mises en vente, MLS.

Pour trouver une propriété représentée par un courtier de prestige, il faut descendre au troisième rang : le 170, chemin de Senneville, mis en vente pour la bagatelle de 8,8 millions par Profusion Immobilier, affiliée à Christie’s.

Les courtiers « de prestige » ont cependant la particularité de ne mettre qu’une partie des propriétés qu’ils vendent sur le site MLS. Sotheby’s a une liste de neuf propriétés de six millions et plus à vendre qui ne figurent que sur son propre site Internet.

« Nous venons de faire une vente de 9,5 millions dans les Cantons-de-l’Est », signale d’ailleurs Robert MacDougall, cofondateur de Sotheby’s International Realty Québec.

Pour Paul Legault, fondateur du Groupe La Capitale, l’arrivée sur le marché québécois n’est pas une menace pour les courtiers traditionnels. « Ça représente une toute petite fraction du marché, dit-il. Mais pour eux, c’est intéressant, parce qu’au Québec, il y a plus d’argent et plus de grosses maisons qu’avant. »

Vérification faite, la part de marché des maisons de 500 000 $ et plus est de 9,5% dans la province, selon la Fédération des chambres immobilières du Québec.