Pourquoi l’euro survivra

Publié le 07/12/2011 à 13:14, mis à jour le 16/10/2013 à 20:35

Pourquoi l’euro survivra

Publié le 07/12/2011 à 13:14, mis à jour le 16/10/2013 à 20:35

Par François Normand

Analyse – Pas une journée ne passe ou presque sans que l’on prédise la fin de l’euro, la monnaie utilisée par 17 des 27 pays de l’Union européenne. L’euro peut-il survivre à la crise de la dette souveraine?

Les «eurosceptiques» sont plus nombreux que jamais ces jours-ci. La crise qui ébranle la zone euro – la pire crise européenne depuis la Deuxième Guerre mondiale selon la chancelière allemande Angela Merkel - a en effet de quoi inquiéter.

L’euro peut-il survivre? À cette question, 14 des 20 économistes récemment interrogés à ce sujet par l’agence de presse Reuters ont déclaré que la monnaie unique ne pouvait pas survivre dans sa forme actuelle. Des entreprises et des banques se préparent même au démantèlement de la zone euro, ce qui les forcerait à transiger dans les anciennes monnaies nationales comme le franc français ou le mark allemand.

Le cas échéant, la vie des citoyens, des entreprises et des gouvernements serait chambardée. Pour Joschka Fischer, ancien ministre allemand des Affaires étrangères du gouvernement Schröder (1998-2005), aujourd’hui retiré de la vie politique, ce scénario serait tout simplement catastrophique.

«Si l’euro échoue, le coup porté à tout ce qui a été construit, au marché commun, à la politique agricole commune, sera très lourd», confiait-il récemment au journal Mediapart. Selon lui, si on renationalise par exemple les politiques européennes, les contradictions entre les différentes économies referont surfacent, ce qui pourrait mener à du protectionnisme.

 

Quand la Pologne exhorte l'Allemagne à exercer son leadership 

L’euro a aussi d’ardents partisans. Selon le Financial Times, c’est sans doute le ministre polonais des affaires étrangères, Radoslaw Sirorski, qui a livré le plus vibrant plaidoyer en faveur de la monnaie unique et de la poursuite de la construction européenne.

Dans un discours prononcé à Berlin le 28 novembre, il a exhorté l’Allemagne – qu’il a qualifié de la «nation indispensable» de l’Europe – à exercer un plus grand leadership politique pour sauver la zone euro et l’Union européenne. Ce n’est pas banal pour le représentant d’un pays, la Pologne, qui a été au cours de son histoire envahi par son puissant voisin allemand.

Et c’est davantage au leadership politique qu’économique auquel faisait allusion le ministre polonais des affaires étrangères. Car, comme le soulignait en juillet François Hollande (aujourd’hui candidat socialiste à la présidence française de 2012), la crise de l’euro est avant tout une crise politique, découlant d’une «Europe impuissante». Impuissante parce qu’elle est divisée sur les mesures à mettre en place pour sortir de cette crise

Par exemple, l’Allemagne refuse d’accorder plus de pouvoirs à la Banque centrale européenne (BCE), pour que cette dernière devienne un véritable prêteur de dernier ressort, comme le sont la Réserve fédérale américaine (fed), aux États-Unis, et la Banque du Canada, au pays.

Concrètement, cela signifierait que la BCE pourrait acheter sur une base régulière des obligations gouvernementales boudées par les marchés financiers, ce qui permettrait de réduire les coûts d’emprunt des gouvernements, en premier lieu ceux de l’Italie.

La France est en faveur de cette approche, qui est vue d’ailleurs par plusieurs observateurs comme la seule mesure vraiment efficace pour calmer la crise qui menace la survie même de l’euro.

Les Européens peuvent-ils mettre de l’eau dans leur vin et trouver un terrain d’entente ? Nous le saurons bien assez tôt, lors de l’important conseil européen, qui se tient à Bruxelles, les 8 et 9 décembre.

 

L'euro et l'Europe sont avant tout des projets politiques

Ce n’est du reste pas la première crise existentielle que traverse l’Europe. Aussi, les Européens sont bien capables de surprendre le monde entier et de passer à travers celle-ci car les enjeux sont trop importants pour le Vieux continent. «Si l’euro implose, l’Union européenne implosera aussi», a déclaré récemment le président français Nicolas Sarkozy.

On l’oublie parfois, mais la construction européenne – la création de l’Union européenne et la création de l’euro – est avant tout un projet politique et non pas économique. C’est ce qui fait dire à plusieurs spécialistes que les Européens n’accepteront pas du jour au lendemain de laisser mourir la monnaie unique.

Après la Seconde Guerre mondiale, en 1950, les Européens ont mis sur pied la Communauté européenne du charbon et de l'acier, qui regroupait la Belgique, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas. Cette communauté a permis d’unir graduellement les pays européens sur le plan économique et politique.

Le but ultime n’était pas de faire du commerce, mais bien de garantir une paix durable entre les pays européens, qui se sont affrontés lors de deux guerres au XXe siècle.

L’intégration européenne dans les décennies suivantes - ponctuée de la mise en circulation de l’euro en 2002 - n’a été que la poursuite de cet idéal de paix. L’union douanière, le libre-échange, le marché commun, l’euro n’ont été que des outils pour asseoir et garantir cette paix. Les Européens en sont conscients. C’est pourquoi la zone euro a sans doute encore de bonnes chances de survivre.

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