Quatre menaces financières de 2012

Publié le 19/01/2012 à 09:30, mis à jour le 11/10/2013 à 07:36

Quatre menaces financières de 2012

Publié le 19/01/2012 à 09:30, mis à jour le 11/10/2013 à 07:36

L'Europe, un nouveau faux départ américain, l’endettement des Canadiens et l’essoufflement des pays émergents sont des menaces qui planent sur l'économie mondiale en 2012.

L'Europe

L'aggravement des problèmes inhérents aux dettes souveraines internationales, dont celles d'Europe, constituent la principale menace au système financier canadien, selon la Banque du Canada. La crise de confiance envers les finances publiques a fragilisé le bilan des banques, créant ainsi une crise de liquidité. Résultat : ces institutions financières se tournent davantage vers la Banque centrale européenne afin d'obtenir des liquidités, vendent des actifs et prêtent moins.

En 2011, la crise des dettes souveraines a contaminé l'économie européenne. « La récession semble désormais inévitable en raison de politiques budgétaires restrictives synchronisées », écrit la Financière Banque Nationale, dans un récent rapport.

Cette récession risque d'entraîner l'Europe dans un dangereux tourbillon, prévient le Mouvement Desjardins dans un récent document : « L'atteinte des cibles de réduction du déficit sera d'autant plus ardue que la récession aura un effet de vent contraire et que les mesures d'austérité contribueront à aggraver la contraction. Il s'agit encore là d'un cercle vicieux malsain qui pourrait pousser l'euro à sa perte, provoquant potentiellement une récession mondiale. »

Alors que plusieurs pays entrent en récession, la FNB souligne que les secteurs immobiliers des nations de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) présentent des risques supplémentaires, notamment pour les banques.

« Nous sommes particulièrement surpris de constater que 72 % des pays de l'OCDE, pour lesquels les données sont disponibles, affichent déjà une croissance négative des prix des maisons en termes réels au dernier trimestre de données disponibles. Ainsi, la stabilisation des prix des maisons continue de se faire attendre dans plusieurs cas. Plusieurs pays européens, notamment l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie, présentent un profil démographique défavorable au secteur immobilier à savoir une forte diminution de la cohorte des acheteurs d'une première maison », lit-on dans le document.

Bien que les banques canadiennes soient peu exposées aux dettes souveraines européennes, cette crise peut nuire au système financier canadien. « Il est fort possible qu'une nouvelle intensification de ces pressions compromette la stabilité financière au Canada, notamment par le truchement de la perte d'appétit généralisée pour les actifs risqués, des difficultés de financement et du fléchissement de la confiance qui en découleraient », indique la Banque du Canada.

Bien qu'il soit possible que certains pays périphériques quittent la zone euro, les Européens ont avantage à résoudre leurs difficultés. « Si l'euro éclatait et l'Allemagne regagnait sa monnaie, celle-ci s'apprécierait et cela aurait un impact négatif sur ses exportateurs » qui ont un poids économique important dans ce pays, indiquait, lundi, Peter Gibson, directeur général de Marchés mondiaux CIBC, au cours d'un déjeuner-causerie organisé par le National Post.

La solution passe inévitablement par une union budgétaire, estime Jane Lesslie, vice-présidente, gestionnaire de portefeuille principale pour les Portefeuilles Méritage : « Soit la zone euro crée une union budgétaire, soit elle vole en éclats. »

Un autre faux départ américain

La possibilité d'une faible reprise aux États-Unis pourrait nuire aux marchés financiers canadiens. Bien que l'automne ait été ponctué d'indicateurs porteurs d'optimisme au sud de la frontière, « la réalité d'une confiance toujours très faible, d'un rythme lent de création d'emplois et de gains anémiques du revenu risque de rattraper les dépenses de consommation », écrit le Mouvement Desjardins.

La Banque du Canada prévoit d'ailleurs que la reprise américaine se poursuivra à un rythme modeste, en raison de la réduction du levier d'endettement des ménages qui est en cours, de l'assainissement budgétaire et des répercussions de la récession en Europe.

En 2012, le retrait prévu des stimulations économiques pourrait miner l'économie américaine, dont les sources de croissance sont limitées, estiment les économistes de Desjardins: « Si ces mesures ne sont pas prolongées, on estime que l'effet immédiat sur le revenu personnel disponible et la consommation sera somme toute assez modeste. Toutefois, c'est l'impact sur la confiance et sur la volatilité des marchés financiers qui pourrait s'avérer plus dommageable. »

En outre, le fardeau du service de la dette des États-Unis et du Japon se situe actuellement à leurs sommets historiques et continue d'augmenter. Contenu en raison des conditions de financement favorables, ce poids pourrait toutefois s'alourdir si les investisseurs perdaient confiance dans la capacité de ces pays à assainir leurs finances. La Banque du Canada qualifie ce risque de « faible, mais non négligeable ».

L'endettement des Canadiens

En 2012, l'endettement des ménages et la faible hausse de leur revenu pourraient freiner la croissance des dépenses de consommation, d'après le Mouvement Desjardins. Déjà soumises à des mesures hausses de taxes et d'impôt, plusieurs familles pourraient ressortir perdantes des compressions budgétaires prévues par le gouvernement fédéral, dans son prochain budget.

De plus, une économie vacillante aux États-Unis ainsi que la récession attendue en Europe peuvent continuer de nuire aux exportateurs canadiens, ce qui peut entraîner des pertes d'emploi. L'endettement des ménages les rend vulnérables à une baisse de l'emploi au pays, qui pourrait provenir d'un repli hypothétique des prix de l'immobilier.

« Les arriérés de paiement sur les prêts aux ménages pourraient plus ou moins doubler selon une simulation de crise faisant intervenir un choc hypothétique sur le marché du travail », note la Banque du Canada.

L'essoufflement des pays émergents

Principaux consommateurs des ressources naturelles canadiennes, l'appétit des pays émergents pourrait diminuer. « Les risques sont étroitement liés à ceux concernant l'Europe étant donné l'importance de sa demande pour les produits manufacturés en provenance de Chine, notamment. Les tensions qui sévissent sur les marchés financiers en Europe ont d'ailleurs des conséquences majeures sur le financement des entreprises exportatrices à l'échelle mondiale : certaines enquêtes indiquent même que les difficultés de financement seraient plus importantes à l'heure actuelle qu'à tout moment durant la crise financière de 2008-2009 », écrit le Mouvement Desjardins.

Par ailleurs, plusieurs déséquilibres mondiaux, causés notamment par le maintien de taux de change artificiellement bas, présentent des risques pour le système financier canadien. « Ils consistent en une accumulation insoutenable de dette par certains pays avancés, contrebalancée par une accumulation insoutenable d'actifs par certains pays émergents. À l'échelle mondiale, l'asymétrie des correctifs visant à résorber ces déséquilibres contribue à une insuffisance de la demande. De fait, le monde est aux prises avec les ramifications économiques d'un système monétaire international dépourvu d'un ensemble cohérent de politiques de change », lit-on dans un rapport de la Banque du Canada.

L'escalade des tensions en Iran pouvant mener à une autre flambée des prix de l'énergie, qui heurterait davantage les consommateurs dans les pays développés constitue une autre menace, selon le Mouvement Desjardins.

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