L'appétit des pays émergents pour les matières premières durera encore longtemps, mais l'engouement des investisseurs pour les matières premières inquiète Marc St-Pierre, de Dundee Valeurs mobilières.
" La demande artificielle de la part des financiers provoquée par les nouvelles liquidités injectées par la Réserve fédérale amplifie le mouvement haussier à court terme. Or, on a tous vu en 2008 ce qui peut se produire quand les investisseurs vendent tous en même temps ", dit-il.
Une bulle se forme lentement, mais sûrement. " Elle se dégonflera le jour où les taux d'intérêt monteront de nouveau, en raison du retour de l'inflation. Cela nous semble beaucoup plus probable en 2012-2013 qu'en 2011 ", précise Luc Lapointe vice-président, de Sigma Alpha Capital.
Les cours des denrées dépendent aussi de la trajectoire de l'inflation en Chine. Si le marché immobilier chinois s'emballe encore et que les prix des aliments grimpent trop, la Chine devra relever ses taux plus que prévu. Cela aurait pour conséquence de ralentir son économie et de baisser les cours des denrées, dit Stephen Gauthier, stratège et gestionnaire principal de Fin-XO Valeurs mobilières.
" Si l'inflation est surtout confinée aux aliments, le gouvernement chinois n'aura pas à prendre de mesures musclées, et l'économie voguera à un rythme annuel de croisière de 8 à 9 %. Cette cadence est toutefois nettement inférieure à celle de 10 à 14 % qui prévalait entre 2004 et 2007 lorsque le prix des denrées explosait ", indique Julian Jessop, économiste en chef, de Capital Economics.
Dans sa stratégie de portefeuille élaborée pour 2011, Stéfane Marion, de Financière Banque Nationale, continue de privilégier les producteurs de métaux, dont les prévisions de bénéfices augmentent.
" La hausse des taux en Chine et ailleurs en Asie pourrait faire reculer momentanément les cours des denrées l'an prochain, mais elle ne fera pas dérailler leurs économies. La hausse du yuan chinois et d'autres monnaies amélioreront le pouvoir d'achat de leurs consommateurs ", dit-il.
