Malgré ses à peine cinq ans d’existence, la plateforme de services de ressources humaines Flow semble tout droit sortie d’une autre époque. « Lorsqu’on a fondé Flow en 2017, la coutume dans les grandes entreprises était de faire un don de cinq dollars à une œuvre de charité pour pouvoir porter des jeans le vendredi », explique Geneviève Provencher, fondatrice de Flow et utilisatrice de la plateforme Espaces et cie de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Flow se distingue des cabinets RH par sa spécialisation en emplois flexibles, un modèle rendu courant la pandémie mais qui ne l’était pas en 2017. La société dote par exemple ses clients d’outils facilitant la gestion du travail flexible, puis les appuie dans leurs processus de recrutement.
Qui dit emplois « flexibles » dit très souvent « à distance ». Aussi tombait-il dans le sens que Flow offre d’emblée à son équipe, composée d’une quinzaine de spécialistes en talent, de travailler d’où bon lui semble.
Mais alors que des milliers d’entreprises ont appris à composer avec l’organisation virtuelle du travail pour cause de pandémie, Flow a décidé de créer son propre mode hybride. « Nous croyons fermement que la flexibilité doit être au cœur de la façon dont nous organisons notre prestation de services, mais notre équipe a exprimé le souhait d’avoir un lieu où se déposer, se rencontrer et échanger, résume la fondatrice de Flow. Pas un lieu emprunté, comme un café ou un espace de travail partagé, mais un lieu à nous, un véritable bureau. »
Consciente des coûts élevés de la location d’un bureau qui ne sera utilisé qu’une fraction du temps, Flow a proposé à deux autres entreprises de taille semblable une formule de partage de bureau. Des espaces seraient assignés à chacune des équipes, alors que d’autres seraient partagés.
« Nous avons alors lancé les recherches pour trouver le bureau idéal. Nous avons par exemple étudié chacune des annonces du site Web Espaces et cie, qui vise précisément à faciliter les démarches comme la nôtre, avant de choisir un bureau dans le Vieux-Montréal. Grâce à un courtier, nous avons trouvé un local dont l’accessibilité en transport en commun et la richesse du patrimoine correspondent à ce que nous cherchions », précise Geneviève Provencher. Le projet verra le jour au début de l’automne.
Ce modèle d’«entreprises colocataires» offre la flexibilité des espaces de travail partagés mais y ajoute une synergie, puisque les joueurs qui partagent un espace se choisissent les uns les autres. Certains décident d’ailleurs de nommer ce qui les lie aux fins de promotion.
Par exemple, à la frontière du centre-ville, dans le Mile-End, l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) a sciemment loué un espace qui dépasse ses besoins pour y loger d’autres organismes partageant sa vision du concept de santé durable.
« Le projet de Maison de la santé durable est né de notre désir d’avoir accès à des bureaux de qualité, au-delà de notre capacité à payer, et de nous rapprocher en même temps d’organisations qui œuvrent en santé publique ou qui cherchent plus généralement à améliorer la qualité de vie des citoyennes et des citoyens», explique Thomas Bastien, directeur général de l’ASPQ.
Aujourd’hui, la quinzaine d’employés de l’ASPQ côtoient, au quotidien, les équipes de neuf organisations, dont le Conseil québécois sur le tabac et la santé, Cantine pour tous et Montréal – Métropole en santé, organisme qui fait la promotion de saines habitudes de vie.
« Ce modèle d’organisation des bureaux a plusieurs avantages. D’abord, nos bureaux sont magnifiques, ce qui donne envie à tout le monde de venir y travailler, donc de tirer profit des avantages du travail en présentiel. Ensuite, tous les organismes qui partagent l’espace font des économies d’échelle significatives, puisqu’ils profitent d’espaces de qualité qui seraient autrement inabordables. Enfin, puisque nous partageons des espaces comme la cuisine et le salon, nous avons régulièrement des échanges sur le grand thème de la santé durable, ce qui favorise partage et transfert d’informations, et nous motive à accomplir notre mission », conclut Thomas Bastien.
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