PDG de l'année, grande entreprise : L'épicier métronome


Édition du 05 Décembre 2015

PDG de l'année, grande entreprise : L'épicier métronome


Édition du 05 Décembre 2015

Par Pierre Théroux

Eric R. La Flèche. [Photo : Christian Blais]

RETOUR AU DOSSIER LES PDG DE L'ANNÉE 2015

Eric R. La Flèche a grandi à Ville Mont-Royal, où il habite toujours. Diplômé d'Harvard, il est entré chez Metro en 1991. Il y a grimpé les échelons et repris avec brio le flambeau des mains de Pierre Lessard, en 2008. Depuis, l'épicier québécois continue d'afficher des profits records, qui ont atteint 519,3 M$ en 2015. Le titre boursier a pratiquement doublé de valeur en trois ans et s'échange maintenant autour de 40 $.

«Je ne suis pas un fervent des honneurs individuels. J'aurais préféré que ce soit l'entreprise de l'année, plutôt que le PDG de l'année», lance d'entrée de jeu Eric R. La Flèche, qui préfère nettement que l'attention porte sur l'entreprise et ses quelque 65 000 employés.

Le président et chef de la direction de Metro est en effet une personne «très discrète qui n'aime pas être sous les feux de la rampe. Mais il est très efficace et accomplit le travail», constate Nicolas Chevalier, gestionnaire de portefeuille chez Pembroke et membre du jury

Détenteur d'une maîtrise en administration des affaires de la Harvard Business School, Eric La Flèche préfère d'ailleurs laisser parler les chiffres. Et ils sont éloquents. En 2015, Metro a affiché un bénéfice net de 519,3 millions de dollars, par rapport aux 456,2 M$ enregistrés durant l'exercice précédent, soit un bond de 13,8 % ; à son arrivée en poste, il y a sept ans, les profits s'élevaient à 292,2 M$. Les revenus ont pour leur part augmenté de 5,5 % depuis un an, passant de 11,6 à 12,2 milliards de dollars.

«Malgré le contexte d'un secteur hyperconcurrentiel, qui laisse peu de place à la croissance, Metro réussit encore à bien performer et à prendre des parts de marché», commente Philippe Le Blanc, président et gestionnaire de portefeuille chez COTE 100.

Eric La Flèche a bon espoir de poursuivre sur cette lancée. «Plus on atteint de nouveaux sommets, plus il est difficile d'aller encore plus haut. Mais l'expérience démontre que nous sommes capables de soutenir la croissance, même si ce ne sera peut-être pas au même rythme que la dernière année.» Les cibles restent toutefois toujours les mêmes : une croissance annuelle des ventes de 2 à 4 %, une majoration du bénéfice d'exploitation de 4 à 6 % et une progression du bénéfice par action de 8 à 10 %.

Pour y arriver, Metro misera sur une croissance organique et des investissements records de quelque 350 M$ en 2016. Elle ouvrira ainsi 10 nouveaux magasins, et accélérera la modernisation d'une trentaine d'autres, ce qui lui permettra notamment de bonifier l'offre de produits frais, dont les marges sont plus élevées.

Eric La Flèche souhaite aussi réaliser des acquisitions, entre autres dans l'Ouest canadien. «On est toujours à l'affût, en ciblant des entreprises qui s'harmonisent avec notre stratégie», dit-il en citant le partenariat conclu l'an dernier avec les boulangeries Première Moisson. En 2011, Metro avait acquis 55 % du détaillant spécialisé dans les produits méditerranéens Adonis. «Des acquisitions qui paraissent mineures dans le portrait d'ensemble de Metro, mais qui nous permettent d'offrir de nouveaux produits et d'accroître nos ventes.»

Eric La Flèche est à l'image de l'entreprise qu'il dirige, observe Marc DeSerres, président de la chaîne de matériel artistique DeSerres et administrateur de Metro depuis 2002. «C'est un véritable métronome qui a le souci de l'exécution.»

Exécution ! Voilà un mot que ne cesse d'ailleurs de marteler Eric La Flèche, tant en entrevue qu'auprès des membres de son équipe. «Le plan de match est simple. On ne cherche pas à réinventer la roue, mais seulement à bien exécuter la stratégie», indique Christian Bourbonnière, vice-président principal, division Québec de Metro.

«Écrire une stratégie sur papier, ce n'est pas compliqué, c'est 5 % du travail à réaliser. La clé, c'est son exécution, sa mise en application, qui représente 95 %», affirme M. La Flèche. Concrètement, cela signifie s'assurer de la qualité, de la fraîcheur et de la disponibilité des produits offerts, et ce, à des prix concurrentiels. Les consommateurs doivent aussi avoir une expérience agréable et efficace auprès d'employés professionnels et accueillants.

Il s'agit là des cinq promesses clients faites par Metro, affichées bien en vue dans le bureau du centre-ville de Montréal d'Eric La Flèche, avec vue sur le Mont-Royal, où il aime bien aller courir pour garder la forme. «On n'est pas parfait, mais dans l'ensemble on réussit assez bien à tenir nos engagements», fait-il valoir. «Le secret, dans le commerce de détail, comme le nom le dit, c'est justement le détail. Et Metro s'y applique très bien», constate Marc DeSerres.

L'entreprise a d'ailleurs multiplié les initiatives ces dernières années pour mieux comprendre les besoins et les habitudes d'achat de sa clientèle. En commençant par le lancement en 2010 du programme de fidélisation metro&moi et le développement depuis 2013 d'un écosystème numérique qui comprend une application mobile. Puis, l'an dernier, l'épicier s'est doté d'une nouvelle vice-présidence Expérience client. L'Indice Wow de l'expérience client 2015, dévoilé récemment par la firme Léger, témoigne des efforts de Metro, qui continue d'en gravir les échelons pour se trouver à quasi-égalité avec IGA, loin devant Loblaws et Provigo.

Eric La Flèche, qui possède aussi une licence en droit civil de l'Université d'Ottawa, s'est joint à Metro en 1991, un an après Pierre Lessard, alors que l'entreprise traversait des moments très difficiles. Les pertes s'élevaient à 9 M$ pour la deuxième année consécutive, malgré des ventes de 2,2 G$.

Embauché pour s'occuper du secteur immobilier, Eric La Flèche est devenu chef de l'exploitation en 2005, puis pdg en 2008 lorsque Pierre Lessard a pris sa retraite. «Il avait de grosses pointures à chausser, mais il a repris le flambeau avec succès», constate Nicolas Chevalier. «Eric est chez Metro depuis plus de 20 ans. Il a eu comme mentor Pierre Lessard et il est imprégné de la même culture d'entreprise», dit Marc DeSerres, qui a été aux premières loges pendant cette transition.

Christian Bourbonnière, qui le côtoie depuis près de 20 ans, parle d'un homme «d'une grande discipline qui sait mobiliser les équipes et laisse beaucoup de liberté à ses gestionnaires». Eric La Flèche souligne qu'il a su bien s'entourer et reconnaît qu'il n'y a pas eu de grand virage à son arrivée. «Je faisais partie de l'équipe de Pierre Lessard et on a simplement suivi la même trajectoire», dit-il avec humilité, en précisant que son successeur éventuel empruntera assurément le même chemin de la croissance.

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