Du transport en commun à la demande grâce à Blaise Transit


Édition du 14 Juin 2023

Du transport en commun à la demande grâce à Blaise Transit


Édition du 14 Juin 2023

Par Emmanuel Martinez

Justin Hunt et Bun Hudson ont fondé Blaise Transit, une start-up longueuilloise, en 2018. (Photo: courtoisie)

FOCUS RÉGIONAL MONTÉRÉGIE. Plus de 360 ans après avoir lancé à Paris le premier service de transport en commun urbain de l’histoire, le célèbre philosophe et mathématicien français Blaise Pascal inspire une start-up de Longueuil à révolutionner à son tour ce domaine.

Blaise Transit a mis au point une application qui permet aux sociétés de transport collectif d’offrir un service sur demande. Attendre l’autobus qui n’arrive pas à l’heure prévue ou qui ne se pointe tout simplement pas, le cofondateur de cette jeune pousse a vécu ce calvaire en grandissant dans l’arrondissement de Saint-Hubert, d’où l’idée derrière son entreprise.

« Notre famille utilisait toujours le transport en commun, mais c’était compliqué et frustrant en banlieue, confie Justin Hunt en entrevue. J’ai passé beaucoup de temps dans les autobus. Lorsque j’étudiais en génie à McGill, cela me prenait 1 h 30 au lieu de 25 minutes en auto. »

Son vécu l’a donc poussé à créer une application qui permet non seulement d’améliorer l’expérience des usagers du transport collectif, mais aussi d’optimiser les services pour les sociétés qui les gèrent.

Le concept est simple : il suffit au client d’inscrire son point de départ et d’arrivée, ainsi que l’heure souhaitée. Avec ces données, le logiciel développé par Blaise Transit lui propose un trajet, tout en concevant pour le transporteur un itinéraire en fonction de toutes les demandes faites dans un même secteur.

« Cela marche bien dans de petites municipalités, en banlieue ainsi que dans des zones périphériques de grandes villes lors de périodes hors pointes, explique Justin Hunt. Au lieu d’avoir deux autobus presque vides qui roulent en parallèle sur des lignes fixes, on peut en utiliser un seul. L’avantage, c’est qu’on réduit les coûts en optimisant la flotte tout en offrant un service plus rapide et personnalisé. »

 

Meilleure flexibilité

L’usager n’a rien à payer pour ce service qui se base sur le réseau d’arrêts déjà en place. Les chauffeurs n’ont besoin que d’une simple tablette pour suivre leur itinéraire.

« Les paramètres du logiciel peuvent être modifiés selon les envies du transporteur, mentionne-t-il. Certains permettent des réservations une semaine à l’avance, tandis que d’autres en suggèrent 15 minutes avant votre départ. »

Le patron de Blaise Transit soutient que sa solution résout un problème important : arrimer l’offre à la demande. « Avec une demande plus basse ou inconstante, durant la pandémie, les autorités étaient incapables de moduler le service en fonction de l’achalandage », note-t-il.

L’entrepreneur de 29 ans fait valoir que son outil permet aux sociétés de transport de s’adapter rapidement, puisqu’elles connaissent ainsi les préférences de leur clientèle en temps réel. Ces données constituent un atout précieux. « On sait où est la demande, quels sont les points chauds et ce que désirent les usagers qui peuvent envoyer des commentaires, soutient le président de Blaise Transit. Notre solution peut même favoriser la création d’une ligne fixe si on observe des besoins réguliers. »

Il vante aussi l’utilité de son application pour l’efficience opérationnelle. « Le logiciel réévalue constamment le trajet en fonction des nouvelles informations en direct, comme des embouteillages, explique-t-il. La beauté de notre système, c’est que tu peux envoyer des notifications à la clientèle en cas de retard, de panne ou de tempête de neige. »

 

Avenir prometteur

Fondée en 2018, cette PME d’une vingtaine d’employés a déjà décroché plusieurs contrats. Le plus important concerne 23 municipalités de Nouvelle-Écosse qui commenceront à utiliser son logiciel cet automne. Son président est particulièrement fier d’une entente de trois ans, remportée par appel d’offres à Leamington, dans le sud de l’Ontario. « L’achalandage a doublé, explique Justin Hunt. En plus de surpasser leurs attentes, notre outil a complètement modifié leur transport en commun. »

Au Québec, un projet pilote a eu lieu à Trois-Rivières en soirée et cette application sera notamment déployée à Saguenay cet été, à Sherbrooke en automne.

L’algorithme d’optimisation a été breveté au Canada et est en cours d’approbation aux États-Unis. La start-up s’affaire déjà à l’améliorer avec une intelligence artificielle plus poussée qui permettrait de prédire la demande.

Outre ce brio technologique, Justin Hunt se réjouit de la mission de son entreprise. « On voulait se dévouer à un problème social et environnemental, dit-il. Notre solution aide des personnes vulnérables qui ont besoin du transport en commun pour accéder à des ressources, comme l’école ou le travail. »

Nul doute qu’un penseur de la trempe de Blaise Pascal serait impressionné par un tel maillage entre la science et des visées humanistes.

Sur le même sujet

Vandalisme au site de Northvolt: des «barbares» qu'il faut «chasser», dit Fitzgibbon

«Quand on joue avec la sécurité des gens, ce sont des barbares et il faut les chasser» a dit Pierre Fitzgibbon.

Des «objets incendiaires» sous de la machinerie sur le site de Northvolt

Mis à jour le 06/05/2024 | La Presse Canadienne

Le chantier de Northvolt «est sur pause», mais il pourrait reprendre d'ici quelques «heures», selon un dirigeant.

À la une

Filière batterie: le beau (gros) risque

Avec l’arrivée des géants de la batterie, Bécancour est au cœur du plus grand projet économique au Québec.

Pierre Fitzgibbon: «Dans la filière batterie, on est rendu trop loin pour reculer»

00:00 | Les Affaires

Le superministre a rencontré «Les Affaires» en table éditoriale afin de préciser sa vision de la filière batterie.

Table éditoriale avec le PDG de Northvolt: des batteries «made in Québec» avec du contenu d'ailleurs

En table éditoriale avec «Les Affaires», Paolo Cerruti affirme qu'il faudra être patient.