Investissement d’impact et ESG

Publié le 03/10/2023 à 11:11

Investissement d’impact et ESG

Publié le 03/10/2023 à 11:11

L’investissement d’impact ne doit pas être confondu avec la philanthropie. (Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉE. Lorsque je discute des facteurs ESG (environnement, société, gouvernance), je constate souvent une certaine confusion entre l’approche ESG et l’approche de l’investissement d’impact. Qu’est-ce qui distingue ces deux approches ?

Qu’est-ce que l’investissement d’impact ?

Le terme «investissement d’impact» est apparu pour la première fois en 2007 lors de la crise financière engendrée par le gonflement et l’éclatement de la bulle des subprimes qui s’est rapidement propagée dans plusieurs pays. La spéculation et la prise de risque excessive furent jugées fort négativement par la population dans son ensemble.

C’est dans ce contexte qu’a émergé la notion d’une nouvelle approche associée à la finance et à l’investissement. Lors d’une rencontre initiée par la Fondation Rockefeller, l’idée fut émise d’une finance capable de générer des impacts sociaux et environnementaux positifs, tout en visant à préserver le capital et à obtenir un rendement sur celui-ci.

L’investissement d’impact est donc un capital patient qui recherche la valeur à long terme dans le respect des principes de développement durable énoncés par les Nations Unies, dans le but de parvenir à un avenir plus favorable pour tous. Il répond aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, notamment ceux liés à la pauvreté, aux inégalités, aux changements climatiques, à la dégradation de l’environnement, à la prospérité, à la paix et à la justice. Les objectifs sont interconnectés. Pour ne laisser personne en plan, il importe d’atteindre chacun d’entre eux, et chacune de leurs cibles, d’ici 2030.

La différence entre les deux

Définissons les deux approches. L’investissement ESG concerne l’injection de fonds dans des entreprises qui répondent à des normes éthiques en matière environnementale, sociale et de gouvernance. L’investissement d’impact, quant à lui, fait référence aux fonds alloués aux entreprises qui visent des changements environnementaux ou sociaux. Ayant cela à l’esprit, nous pouvons avancer que les investissements ESG sont généralement basés sur les performances passées d’une entreprise, tandis que les investissements d’impact s’appuient sur les projets d’une entreprise pouvant générer un impact dans le futur, dans lesquels l’investisseur peut décider ou non d’aller de l’avant.

À titre d’exemple, une institution financière pourrait privilégier des pratiques pour accroître le recyclage à l’interne comme réalisation ESG. Elle pourrait compléter son engagement en finançant prioritairement des entreprises ayant comme modèle d’affaires le recyclage. Précisons toutefois que l’investissement d’impact ne doit pas être confondu avec la philanthropie qui vise à créer un mieux-être dans notre société d’une manière désintéressée, sans exiger de retour sur l’investissement.

 

Redonner un sens à la finance

Alors, que doit-on retenir de l’investissement d’impact et des facteurs ESG ?

Probablement que les deux approches sont essentielles à l’évolution de notre société, c’est-à-dire que les organisations doivent tout autant travailler sur leurs externalités à titre de citoyen responsable que s’engager à transformer la société et aider à construire une nouvelle économie dans une perspective de développement durable.

Avec la combinaison de l’orientation ESG et de l’investissement d’impact, nos entreprises deviennent des acteurs de changements sociétaux où le rendement à court terme et la prise de risque excessive s’estompent au profit d’une finance axée sur l’impact positif qu’elle peut avoir dans notre société.

Certes, l’investissement d’impact peut signifier un rendement moins élevé que celui d’investissement plus classique. Ce rendement réduit est accepté en échange d’un impact environnemental ou social positif que l’organisation réalise avec le capital de l’investisseur.

 

À propos de ce blogue

Économiste, titulaire d’une maîtrise en administration des affaires, ainsi que d’une certification en gouvernance, Louise Champoux-Paillé se distingue par une carrière de pionnière dans le domaine des services financiers et professionnels, sa participation à plusieurs conseils d’administration et son engagement à la promotion de la saine gouvernance et de la représentation des femmes au sein des instances organisationnelles. Louise Champoux-Paillé a été présidente fondatrice du Bureau des services financiers, l’ancêtre de l’Autorité des marchés financiers. Elle enseigne la gouvernance et la gestion des risques à l’UQAM et a été nommée récemment co-directrice du Centre Lorenzetti (Université Concordia) dont l’objectif est de créer un carrefour d’expertise et de recherche durablement consacré aux femmes entrepreneuses et dirigeantes. À la recherche constante des nouvelles tendances en matière de gouvernance depuis quinze ans, Louise Champoux-Paillé parcourt quotidiennement différentes publications et études en accordant une attention particulière aux stratégies utilisées par les organisations pour intégrer les facteurs ESG dans leur vision, leur fonctionnement et leur plan de développement et ainsi répondre aux attentes des investisseurs, des actionnaires et de l’ensemble de leurs parties prenantes Louise Champoux-Paillé est membre de l’Ordre du Canada, chevalière de l’Ordre national du Québec, Fellow de l’ordre des administrateurs agréés du Québec et récipiendaire de prix de distinction de l’UQAM et de l’Université Laval. Elle a été admise au Cercle d’excellence de l’Université du Québec. Récemment, la médaille de l’Assemblée nationale du Québec lui était décernée pour l’ensemble de sa carrière.

Louise Champoux-Paillé
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