Le marché haussier ratisse plus large, qui en profite?

Publié le 07/10/2016 à 16:44, mis à jour le 10/10/2016 à 10:01

Le marché haussier ratisse plus large, qui en profite?

Publié le 07/10/2016 à 16:44, mis à jour le 10/10/2016 à 10:01

Plus un marché haussier gagne en âge, plus il finit par attraper de secteurs et de titres dans son filet, même si en surface l'indice S&P 500 s'apprécie peu.

Les analystes techniques voient ce phénomène d’un bon œil, car il indique que le mouvement haussier a plus de «profondeur»–market breadth dans leur jargon–.

La pression est aussi intense sur les pros pour qu’ils surpassent les indices et justifient leurs honoraires face à l’explosion des produits indiciels.

Les fonds négociés en Bourse s’approprient 10% de la répartition en actions des investisseurs, plus de deux fois leur part de marché de 4% en 2011, tandis que celle des fonds communs gérés activement a fondu de 30% à 25%, rapporte Bank of America Merrill Lynch.

Puisque la performance des hedge funds et des fonds d’actions américaines est l’une des pires depuis longtemps, leurs gestionnaires changent fiévreusement leur approche dans une course incessante pour rattraper leur retard sur les indices. À ce sujet, lisez la chronique de Yannick Clérouin: Un vrai test pour les investisseurs à long terme

En 2015, l’achat de secteurs déjà populaires (tels que les industries qui profitaient le plus de la chute des taux ou encore les titres de biotechnologie et de l’Internet à la mode) a été fort rentable.

Cette année, c’est l’achat de titres retardataires qui avaient moins profité du marché haussier jusqu’ici qui rapporte le plus, depuis neuf mois. Il s’agit de leur meilleure période de performance supérieure, depuis 1996.

Depuis le début de 2016, l’achat des titres les moins performants des trois derniers mois a surpassé le marché de 33%, calcule FBN Securities, qui a comparé deux paniers de 50 titres chacun en fonction de leurs caractéristiques «momentum» ou «retardataires».

On peut aussi voir dans ce jeu de chaises musicales le retour des titres sous-évalués au moment où le multiple cours-bénéfices de 18 fois du S&P 500 est le plus élevé depuis 2002.

Si la performance des titres «retardataires» se poursuivait d’ici la fin de l’année, ce serait leur meilleure année, depuis 2009, selon Bloomberg.

Rotation classique de fin de cycle économique

D’autres diront qu’on assiste tout simplement à la rotation classique vers les titres «cycliques» qui survient lorsque la détente monétaire maximum est derrière nous.

Le prolongement historique des faibles taux étire comme jamais le cycle économique et boursier, mais ça n’empêche pas les stratèges de suivre leur bible et de dire à leurs clients que le temps est venu de préférer les titres plus sensibles à la croissance économique.

Il faut dire que les stratèges sont plus nombreux à prévoir une vague de dépenses de la part de gouvernements plus populistes qui voudront apaiser la colère des électeurs.

Les virages sont si nombreux et si rapides que les pros ont du mal à suivre.

Aux États-Unis, le secteur de l’énergie, le pire de 2015, est revenu en force cette année, avec un bond de 11% au seul deuxième trimestre.

Les fournisseurs de technologie ont ensuite mené la charge, avec un gain de 12% au troisième trimestre, soit quatre fois celui de 3,3% du S&P 500.

Les renversements sont spectaculaires. Le fonds négocié en Bourse des fabricants de puces iShares PHLX Semiconductor (SOXX,113,28$US) a grimpé de 51% depuis la mi-février. Le fabricant de microprocesseurs graphiques Nvidia(NVDA, 66,90$US) a rien de moins que doublé depuis le début de l’année.

Les prochains bénéficiaires?

Le prochain secteur à profiter de cette rotation pourrait être celui de la finance, avance FBN Securities. Leurs titres s’échangent à un multiple de 1,1 fois leur valeur comptable, un plancher en trois ans.

Déjà en septembre ces titres ont montré signe de vie malgré la succession de scandales et d’amendes qui subsistent toujours huit ans après la crise financière.

Une remontée des taux améliorerait évidemment la marge d’intérêt sur leurs prêts. L'indice S&P finance a avancé 4% en septembre.

Au Canada, après l’énergie (+23,5% en 2016), les métaux de base (+81,5% en 2016), les transporteurs (+14,7% au 3e trimestre), les fabricants des pièces d’autos (+23% au 3e trimestre) les producteurs de bois d’œuvre pourraient connaître leur moment de gloire l’an prochain, avance Martin Roberge, de Canaccord Genuity.

«À ce moment-là, on saura à quoi s’en tenir concernant l’Accord sur le bois d’œuvre résineux entre le Canada et les États-Unis. Déjà, la demande de la Chine et des États-Unis s’améliore et les stocks de gros diminuent», dit-il.

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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