S’enrichir une page à la fois


Édition du 20 Septembre 2023

S’enrichir une page à la fois


Édition du 20 Septembre 2023

Dans ce livre chronologique, on suit le parcours de François Rochon de son adolescence dans les années 1980 jusqu’à la fin de 2022.

Pendant mes vacances estivales, j’ai choisi de me détendre un peu en lisant deux ouvrages sur la Bourse.

L’un d’eux, sous la plume d’André Gosselin, est intitulé François Rochon. Le parcours singulier d’un investisseur d’exception. Dans cet ouvrage, l’auteur écrit au «je» un livre sur la Bourse en se référant fréquemment aux opinions de François Rochon, collaborateur de longue date du journal Les Affaires et participant régulier au balado Gestionnaires en action.

Dans ce livre chronologique, on suit le parcours de François Rochon de son adolescence dans les années 1980 jusqu’à la fin de 2022. Les passages les plus intéressants du livre, pour tout investisseur boursier, se retrouvent évidemment dans les chapitres qui relatent ses années à la tête de Giverny Capital, dont le nom est inspiré des jardins de Giverny, immortalisés par le peintre Claude Monet. Est-ce cela qu’on appelle l’«art d’investir»?

Pour celles et ceux qui ont suivi son cheminement, le livre contient peu de surprises quant à la vision de François Rochon sur la Bourse. Selon lui, tout investisseur, lorsqu’il acquiert des actions d’une société, doit se comporter comme s’il en devenait l’un des propriétaires. Lorsqu’il sélectionne un titre, c’est qu’il croit en son potentiel de croissance à long terme et en la pérennité de son ou ses avantages concurrentiels.

Du nombre, André Gosselin revient constamment sur le concept de ce qu’il appelle les entreprises «autodéterminées», soit celles qui arrivent à contrôler en grande partie les conditions de leur développement et de leur croissance. Il les compare à celles qui les contrôlent peu ou pas, qu’il qualifie d’entreprises «hétérodéterminées».

L’investisseur avisé, écrit l’auteur, devra avant tout miser sur des entreprises autodéterminées pour augmenter ses chances de succès en Bourse. Vous vous demandez comment les reconnaître ? Il vous donne trois trucs:

1. Elles financent leur croissance avec leurs fonds propres plutôt que par endettement;

2. Elles jouissent dans leur industrie d’un avantage concurrentiel qui fait qu’elles sont plus rentables et ont une croissance plus élevée que la moyenne;

3. Elles profitent de mégatendances sociologique, démographique ou économique.

Lorsque François Rochon détecte une entreprise qui répond à ces trois critères, il regarde par la suite si son titre est surévalué, bien évalué ou sous-évalué et mise sur cette dernière catégorie, car selon lui, la valeur d’un titre finit toujours par refléter la valeur intrinsèque de l’entreprise.

Parfois, le président de Giverny Capital a attendu qu’un titre convoité recule pour l’acheter… avant de le voir s’envoler. En d’autres occasions, il a réussi à acheter une entreprise de bonne valeur lorsque le titre se négociait près de sa valeur comptable, comme ce fut le cas en 2000, alors que les sociétés de la vieille économie étaient en disgrâce en pleine bulle techno. Il a alors acquis des actions de Berkshire Hathaway (BRK.B, 368,27 $US), conglomérat dirigé par les déjà légendaires Warren Buffett et Charlie Munger.

Les passages les plus instructifs portent sur l’humilité de l’investisseur, qui n’hésite pas à parler de ses erreurs autant que de ses meilleurs coups, ainsi que du mariage entre l’intelligence cognitive et l’intelligence émotionnelle.

François Rochon conserve la même philosophie depuis ses débuts en Bourse. Il mise avant tout sur des entreprises dont les activités sont pour lui faciles à comprendre. Il refuse de suivre les modes et de tenter de synchroniser ses achats et ses ventes avec les fluctuations des marchés boursiers, ce qui est selon lui la meilleure stratégie pour s’appauvrir.

Cela ne signifie pas qu’il faille conserver tous ses titres éternellement. Il évoque quatre raisons qui l’incitent à vendre un titre, et je cite:

1. Quand l’investisseur fait une erreur d’analyse;

2. Quand les fondamentaux d’une entreprise se détériorent ou quand une décision de la haute direction est susceptible de provoquer une telle détérioration;

3. Quand la valeur d’un titre semble nettement surévaluée;

4. Quand il trouve une meilleure occasion de placement et qu’il est raisonnable de vendre le titre A pour acheter le titre B.

S’il y a une leçon à retenir de ce livre, c’est que pour réussir en Bourse, il faut bien sûr posséder des connaissances théoriques et pratiques, mais que la part la plus importante du succès repose sur l’attitude qui accompagne les décisions d’investissement qui permettra de garder la tête froide lorsque les secousses se feront inévitablement sentir. Le livre parle aussi de l’importance de rester présent en Bourse, quoiqu’il advienne, si on veut espérer s’enrichir à long terme, car ne devient pas millionnaire qui veut du jour au lendemain. Il faut une bonne capacité d’épargne et miser sur des entreprises de qualité qui sauront générer de bons rendements sur plusieurs décennies.

 

Alerte au divulgâcheur

À la toute fin du livre, André Gosselin a répondu à une question que je me suis posée maintes fois, à savoir pourquoi personne n’avait jamais tenté de reproduire la formule qui a fait le succès de Warren Buffett à la Bourse. Le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, a pu poser la question à l’Oracle d’Omaha, qui lui a répondu:«Parce que personne ne veut être riche lentement.»

En lisant le livre, on mesure tout le chemin parcouru depuis les débuts de François Rochon dans le monde de l’investissement. Cela n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. C’est un cheminement qui force le respect.

 

 

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Denis Lalonde
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