Récompenser l'échec

Publié le 03/10/2011 à 09:44

Récompenser l'échec

Publié le 03/10/2011 à 09:44

Blogue. Leo Apotheker, président de Hewlett-Packard (HP), recevra 13 millions de dollars US comme allocation de départ. Appelons cela plutôt une allocation pour échec.

Il n’a eu que 11 mois pour faire ses preuves et c’est le conseil d’administration qui a décidé de le mettre à la porte. Juste pour cela, M. Apotheker mérite un beau chèque. Mais 13 M$US?*

Ce dernier n’est le seul, ni le rare à recevoir un montant astronomique après avoir reçu un coup de pied aux fesses de la part de ses patrons. Ce qui est ridicule, dans le cas de l’ancien président de H-P, c’est que son contrat de travail prévoyait une plus importante récompense en cas d’échec et de renvoi qu’en cas de succès.

La question : comment peut-on approuver une telle entente? Dans le cas de H-P, le conseil venait de mettre à la porte les deux présidents avant M. Apotheker, avec également de gros chèques et pourtant il a tout de même offert le même genre de contrat vicié.

Les experts vous diront que si vous voulez attirer «un gros frappeur» vous devez lui offrir une certaine sécurité au cas où cela ne fonctionnerait pas. C’est la seule façon de faire en sorte qu’un dirigeant quitte un emploi chez une société pour une autre.

Cela fait bien du sens, quoique cela ne s’applique pas vraiment à M. Apotheker qui venait de se faire mettre à la porte de SAP après sept mois. De plus, cela ne justifie pas à mes yeux de le payer davantage en cas de renvoi.

Je n’ai vraiment aucun problème avec l’idée de récompenser généreusement un président à coup de millions pour le succès, soit lorsqu’il crée de la richesse. Par exemple, au Québec, j’ai défendu les millions bien gagnés par Pierre Lessard de Metro.

Toutefois, cette idée de donner un pont d’or à un dirigeant parce qu’il quitte m’agace. Elle est contraire au bon sens.

Mais il ne faut pas s’attendre à ce que les conseils d’administration y changent quelque chose. C’est un club d’amis bedonnants qui se tiennent et se croient au-dessus des gens ordinaires. C’est aux actionnaires de s’imposer et de faire des changements dans cette orgie rémunérative. Et quand je dis «actionnaires» je pense surtout aux investisseurs institutionnels qui au lieu de spéculer devraient prendre leur responsabilité d’actionnaires au sérieux et agir pour améliorer la régie d’entreprise.

Ce sont eux qui ont le pouvoir, pas moi, ni vous avec nos 100 actions!.

Bernard Mooney

*Pour 11 mois de travail, il a reçu un total de 23M$US. Le titre a perdu 50% (soit une valeur de 40 milliards de dollars) pendant ce 11 mois.

 

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