Le discours inquiétant de la Caisse

Publié le 06/06/2012 à 13:42, mis à jour le 06/06/2012 à 16:18

Le discours inquiétant de la Caisse

Publié le 06/06/2012 à 13:42, mis à jour le 06/06/2012 à 16:18

BLOGUE. Le lundi 4 juin, devant le Cercle canadien, le président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia, a fait part des grandes orientations de la Caisse pour les prochaines années.

Je n’ai pas assisté à cette présentation. C’est un reportage dans les médias qui a attiré mon attention et qui m’a poussé à aller lire directement sur le site de la Caisse l’allocution de M. Sabia.

Lorsque le dirigeant parle de la future stratégie de la Caisse, c’est de la belle musique à mes oreilles. Ainsi, il mentionne sa volonté d’investir «dans des actifs que nous comprenons en profondeur, des actifs concrets, qui ont une valeur intrinsèque, plus résiliente». Et il donne en exemple, investir dans des compagnies qui offrent des services ou fabriquent des objets de tous les jours et des infrastructures que les gens utilisent au quotidien.

C’est de la musique à mes oreilles parce que c’est exactement ce que tente de faire un bon investisseur en Bourse.

Ce qui m’inquiète profondément, c’est lorsque je prends du recul face à ce discours et que je me demande: «Si c’est une nouvelle orientation pour la Caisse, bon Dieu, comment cette institution investissait avant???»

Et Michael Sabia donne des pistes de réponse dans son discours. Il commence par dire que la Caisse doit continuer d’évoluer et que pour naviguer dans un monde turbulent, la direction a amorcé une seconde vague de changements.

Sa réponse : en misant sur des investissements concrets, des actifs qui ont une valeur en soi. «Et non sur des produits abstraits, dont la valeur dépend de seulement de calculs de mathématiciens.»

Hum, ce qui signifie concrètement qu’auparavant la Caisse misait sur ces produits abstraits qui n’ont aucune valeur en soi! Quelle révélation!

Plus tard, il lance : «nous laisserons à d’autres le choix de miser sur les rumeurs, ou les modes passagères», laissant penser que c’était auparavant une partie du mode d’opération de la Caisse.

Par la suite, M. Sabia explique que notre monde a changé, que l’instantanéité amplifie la volatilité, que les marchés ont changé, les économies aussi. Et que c’est pour cela qu’acheter des «produits abstraits» ne fonctionne plus…

Concernant les marchés, il explique que les fluctuations sont de plus en plus fortes et qu’ils souffrent de «court-termite» aigue. «Les marchés et les indices ne sont plus un gage de succès, ne sont plus une indication de valeur, mais davantage un facteur de volatilité.»

J’ai relu plusieurs fois cette phrase que je n’arrive pas à comprendre, surtout de la bouche d’un dirigeant d’une institution financière comme la Caisse de dépôt.

Car, si tu te fies aux indices et aux marchés pour déterminer la valeur, tu es un piètre investisseur (ou un débutant). De plus, que veut dire le président lorsqu’il dit que les marchés sont un facteur de volatilité???

Enfin, il mentionne qu’il ne faut pas espérer que le monde cessera de changer. «Opérer dans un environnement prévisible, stable, tranquille, est donc chose du passé. » Mais à quel monde fait-il référence? Je suis un investisseur depuis près de 30 ans et je peux vous confirmer que le monde de 1985 n’était pas vraiment, ni prévisible, ni stable, ni tranquille….

Bernard Mooney

 

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