Des titres trop populaires

Publié le 08/04/2014 à 08:30

Des titres trop populaires

Publié le 08/04/2014 à 08:30

Si les principaux indices boursiers comme le Dow Jones et le S&P 500 sont encore prêts de leur sommet récent, plusieurs titres fort populaires subissent des raclées. Et c’est une bonne chose.

Lorsqu’un marché haussier se poursuit sur une longue période, il est inévitable de voir l’enthousiasme augmenter, voire exploser. Cela se reflète le plus souvent dans le comportement des titres de moindre qualité qui deviennent en grande demande. Et, évidemment, plus ils s’apprécient, plus ils attirent les spéculateurs. Jusqu’à ce que la tendance s’arrête, souvent d’une journée à une autre, sans avertissement.

Je ne suis pas vraiment la vaste étendue de titres de piètre qualité. Le même phénomène s’applique toutefois à ces sociétés œuvrant dans des industries qui font rêver les investisseurs. Et ces titres sont également en forte baisse depuis quelques jours. Voici quelques exemples : le fabricant d’automobiles Tesla a vu son titre flancher, passant d’un sommet de 265$US atteint à la fin de février à moins de 208$US. C’est une baisse rapide de 21%, mais il reste que le titre a tout de même presque sextuplé depuis le début de 2013.

Twitter a perdu 43% de son côté par rapport à son sommet établi à la fin de 2013. Le titre est revenu pratiquement à son prix lors de son premier jour en Bourse le 7 novembre.

Facebook a perdu 20%, Amazon.com 22% et Groupon 37%.

A mon avis, tous ces titres devront dégringoler encore beaucoup avant d’arriver à des évaluations pouvant les rendre intéressants. Il y a beaucoup d’optimisme incorporé dans leur valeur boursière, même après leur repli.

Les deux exemples les plus flagrants sont Twitter et Groupon. Twitter a une valeur boursière de 23 milliards de dollars (G$) US en date de lundi. Ce qui se compare à des revenus prévus de 1,24G$US pour cette année. On paie 18 fois les revenus prévus pour une société dont le modèle d’affaires reste flou ou du moins qui n’a pas fait ses preuves (j’utilise les revenus car les bénéfices prévus – 0,01$US par action en 2014- ne sont pas encore significatifs).

La marge de sécurité, comme dirait Benjamin Graham, est inexistante.

Groupon se vend 68 fois les bénéfices prévus en 2014 et près de 28 fois ceux de l’an prochain. Dois-je en dire davantage?

Par ailleurs, je dois avouer que j’aime bien la société Tesla qui a une bonne chance de vraiment révolutionner le secteur de l’automobile dans les prochaines années. Mais malheureusement (ou heureusement!), je n’investis pas avec mon cœur. Le titre, à 115 fois les bénéfices de 2014 et 53 fois ceux de l’an prochain, est trop cher, beaucoup trop cher.

Amazon, société exceptionnelle, demeure un titre dont l’évaluation est un mystère pour moi. Pourquoi les investisseurs acceptent-ils de payer 160 fois les bénéfices de 2014 et 75 fois ceux de 2015? Le titre est au moins deux fois trop cher, selon moi.

En terminant, il y a une différence majeure entre acheter un Amazon.com et un Twitter. Dans le premier cas, le modèle d’affaires ayant fait ses preuves, c’est l’évaluation qui est le principal risque. Par contre, dans l’autre situation, ouf, évaluation et modèle d’affaires sont des risques majeurs.

Tout cela pour dire que la dégringolade de ces titres, si elle fait baisser le niveau de spéculation, est une très bonne nouvelle pour les marchés boursiers.

Bernard Mooney

 

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