Les investisseurs qui tentent de prévoir quand surviendra le creux boursier pour recommencer à acheter des actions devront porter attention à la prochaine mise à jour de l'indice ISM manufacturier, dit Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux.
L'indice ISM manufacturier pour le mois d'octobre sera connu le 3 novembre.
L'Institute for Supply Management publie au début de chaque mois cet indice issu d'un sondage auprès des directeurs d'achat; il offre un aperçu de l'état de l'industrie manufacturière américaine le mois précédent.
Le secteur manufacturier est en expansion quand l'indice est supérieur à 50.
M. Delisle s'attend à ce que l'indice ISM pour octobre plonge sous 40, ce qui signifierait une forte contraction de l'activité manufacturière aux États-Unis et que l'économie se dirige vers une récession.
Selon Scotia Capitaux, les investisseurs pourraient interpréter un tel résultat comme un signal d'achat en Bourse.
En effet, depuis 1951, l'indice américain S&P 500 a toujours remonté de façon importante chaque fois que la valeur de l'ISM manufacturier est tombée sous 40. " Par exemple, l'une des plus graves crises économiques depuis la Seconde Guerre mondiale est survenue en 1982. L'indice ISM manufacturier est demeuré inférieur à 40 pendant 13 mois, à partir de novembre 1981 à novembre 1982, et le S&P 500 a touché un creux en août 1982 ", rappelle M. Delisle.
Lorsque l'indice ISM tombe sous 40, la probabilité d'un rendement positif est de 100 % au cours des 12 mois qui suivent, note l'expert.
En moyenne, le S&P 500 s'est apprécié de 27 % au cours de ces périodes.
Pas un signal d'achat clair
Selon BMO Marchés des capitaux, ce n'est qu'une question de temps avant que l'indice ISM manufacturier tombe sous ce seuil psychologique.
Mais l'économiste principal de BMO, Michael Gregory, ne croit pas que cela constitue pas pour autant un signal d'achat. " L'indice était de 43,5 en septembre. Comme l'économie américaine est dans un état lamentable, il devrait baisser sous 40 dans un proche avenir et se maintenir à ce niveau pendant quelques mois. "
M. Gregory prévient que la crise financière brouille les cartes : " Il est difficile de prévoir une remontée des indices boursiers, car la crise a été créée par des entreprises privées de crédit ", dit-il.
Ce n'est pas parce que l'indice ISM passe sous 40 que le pire est passé, juge pour sa part Martin Lefebvre, économiste principal au Mouvement Desjardins. " Il est encore permis d'être patient ", dit-il.
" Nous vivons une période de turbulences intenses et nous ignorons quels seront les effets des politiques gouvernementales sur les conditions du crédit. "
M. Lefebvre croit que la durée de la récession à venir sera le premier facteur qui déterminera une reprise boursière : " La Bourse devance habituellement de six mois le cycle économique. Donc, plus la récession sera longue, plus la remontée des marchés boursiers se fera attendre. "
M. Lefebvre précise qu'au cours des 50 dernières années, les corrections boursières ont duré en moyenne un an.
Michael Gregory ajoute qu'il est toujours impossible de mesurer l'ampleur des dégâts causés par la crise du crédit. Il recommande donc de prendre " avec un grain de sel " les signaux d'achat habituels en temps de crise boursière.
M. Gregory croit qu'il faudra plusieurs mois, voire plusieurs trimestres avant que les signes d'une reprise durable de la croissance économique se fassent sentir, même si la Réserve fédérale vient en aide au secteur manufacturier.
Toutefois, certains investisseurs aguerris comme Warren Buffett ont affirmé récemment que le moment était propice pour acheter des actions.
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