Le Centre RCA de Saint-Henri sera restauré

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Le Centre RCA de Saint-Henri sera restauré

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Georges Coulombe continue de sauver le patrimoine architectural montréalais de la décrépitude. Le promoteur immobilier vient d'acquérir le Centre RCA, de la rue Lenoir, dans le quartier Saint-Henri, à Montréal, pour 18,5 millions de dollars, avec trois autres investisseurs. C'est un autre bâtiment historique à l'actif de M. Coulombe, qui a déjà acheté et restauré une bonne trentaine d'édifices dans la métropole.

À la fin de la Première Guerre mondiale, les bâtiments du Centre RCA abritaient une des usines les plus modernes de Montréal. L'inventeur germano-américain du gramophone et des disques, Emile Berliner, y a installé son usine en 1908. Au fil des ans, au gré de multiples fusions et acquisitions, l'entreprise de M. Berliner est passée aux mains de l'américaine RCA. L'usine de Saint-Henri a produit des gramophones, des disques, puis des tourne- disques, des radios et des téléviseurs jusqu'en 1972.

Les premiers satellites canadiens y ont même été construits, dans les années 1960.

Mais le bâtiment a perdu son lustre depuis la glorieuse époque où la Berliner Gram-o-Phone Company y concentrait sa production. "Le Centre RCA est intéressant d'un point de vue architectural, mais il faudra donner un coup de barre, dit Georges Coulombe. On veut améliorer le sort des locataires actuels."

Accueilli à bras ouverts

Les projets de M. Coulombe sont bien accueillis dans le quartier. "C'est une bonne nouvelle, dit Guy Giasson, président de la Société historique de Saint-Henri. On est assuré que la réhabilitation du bâtiment sera bien faite. Ses réalisations passées le prouvent."

Le promoteur a gagné en septembre le Prix d'excellence SITQ du patrimoine architectural 2008 pour sa contribution à la conservation d'édifices historiques. Il a notamment restauré les anciens sièges sociaux de la Banque Royale, de la Banque Molson et de l'Insurance Exchange.

M. Giasson, qui organise des visites d'anciennes manufactures de Saint-Henri, dont le Centre RCA, est bien placé pour constater l'état de délabrement de certaines parties du Centre RCA.

"Le bâtiment est aujourd'hui divisé en plusieurs petites unités, dit-il. Certains coins ne sont pas aménagés du tout. Le toit coule, le vieux système de chauffage n'est pas très performant et les fenêtres n'ont pas toutes été remplacées."

Gaétan Pilon, propriétaire du studio Victor adjacent à la grande salle acoustique construite par RCAVictor, en 1942, est impatient de voir se réaliser les investissements envisagés par M. Coulombe et ses associés. "Si rien n'est fait, le bâtiment s'en va à l'abandon, dit-il. L'hiver, il fait presque aussi froid à l'intérieur qu'à l'extérieur."

Le petit Musée des ondes Emile-Berliner accueille aussi avec enthousiasme la nouvelle du changement de propriétaire. La petite institution qui loge dans le Centre RCA a un projet d'agrandissement de 8 à 10 millions de dollars.

M. Coulombe ne sait pas encore combien d'argent il devra investir dans le Centre RCA, mais des dépenses importantes sont à prévoir. "Dans un immeuble de 400 000 pieds carrés, ça va aller vite", dit-il.

Le promoteur tient mordicus à ce que les locataires actuels y trouvent leur compte. "On va travailler pour que chacun puisse rester dans les lieux", dit M. Coulombe.

Un nouveau dans le quartier

Pour le promoteur, l'achat du Centre RCA dans Saint-Henri est une rare incursion hors du Vieux-Montréal. "C'est un coin que je devrai apprendre à connaître", dit-il.

M. Coulombe possède aussi quatre immeubles dans Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, et à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Le Saguenéen d'origine a commencé ses activités, en 1976, en rachetant le 296, rue Saint-Paul Ouest. Après l'avoir rénové à temps perdu, il y installe son siège social.

"Georges Coulombe est une personne assez remarquable, dit Dinu Bumbaru, président d'Héritage Montréal. Il est déterminé et fonceur. Il a fait beaucoup de bien dans le Vieux-Montréal avec son esprit d'entreprise."

Cependant, certains édifices sont tout simplement trop chers pour M. Coulombe. Par exemple, le 507, côte de la Place-d'Armes, dans le Vieux-Montréal, vient de lui échapper. Le beau gratte-ciel art déco, inauguré en 1931, a été acquis par le Californien Georges Marciano, un autre amoureux du Vieux -Montréal. "J'aurais aimé l'acheter, mais c'était beaucoup trop cher pour les revenus que ça pouvait produire", dit-il.

Au fait, pourquoi M. Coulombe se casse-t-il la tête à sauver de vieux immeubles négligés, au lieu de construire des bâtiments ordinaires, moins beaux mais tout aussi rentables ? "Ça ne me fait pas vibrer de construire des choses ordinaires, dit-il. Le patrimoine, c'est ce que je connais."

Passionnant, mais payant aussi, précise-t-il. "Je suis persuadé que ce que j'ai choisi la meilleure niche à long terme, dit-il. À Montréal, c'est encore possible d'acheter, de rénover et de louer à bon prix. Construire des immeubles intéressants, ça coûte 250 ou 300 $ le pied carré. Moi, rénover me coûte moitié moins."

D'après ses calculs, la métropole a un énorme potentiel à cet égard. "Je pense qu'il y a de 15 à 20 millions de pieds carrés qui pourraient être rénovés et mis en location à Montréal", dit-il.

M. Coulombe caresse néanmoins un premier projet de construction neuve, sur le chemin de la Côte-des-Neiges. "Ce serait un complexe résidentiel important, avec une architecture moderne", dit-il.

Le promoteur n'en dit pas plus pour l'instant. Il faudra donc attendre pour vérifier s'il fera preuve du même bon goût que dans la restauration des immeubles anciens qu'il rachète.

hugo.joncas@transcontinental.ca

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